La Haute Cour militaire a mis un point final, le jeudi 21 août 2025, à l’une des affaires judiciaires les plus sensibles du premier quinquennat de Félix Tshisekedi. François Beya Kasonga, ancien et puissant Conseiller spécial en matière de sécurité du Président de la République, a été acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui notamment, celle de complot contre la personne du Chef de l’Etat. Ce verdict spectaculaire met fin à plus de trois ans d’une saga qui a tenu en haleine l’opinion publique congolaise et soulevé de nombreuses questions sur les luttes de pouvoir au sommet de l’Etat.
L’affaire avait éclaté le 5 février 2022, lorsque François Beya, alors considéré comme un pilier du dispositif sécuritaire et un homme de confiance du président, fut arrêté par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Son interpellation avait provoqué une onde de choc, la Présidence évoquant des « indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale ». Surnommé « Fantômas » pour sa discrétion et son efficacité légendaires, François Beya, qui a servi sous tous les régimes depuis Mobutu, était une figure centrale du renseignement congolais.
Transféré à la prison centrale de Makala, son procès s’était ouvert en juin 2022 devant la Haute Cour militaire. Les chefs d’accusation étaient d’une extrême gravité : « complot contre la vie ou la personne du Chef de l’Etat, offense au Chef de l’Etat, violation de consigne et incitation de militaires à commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline ».
Un exil médical et un procès à distance
Cependant, le cours du procès a été bouleversé en août 2022. En raison de la dégradation de son état de santé, la Haute Cour militaire lui avait accordé une liberté provisoire pour raisons médicales. François Beya avait alors été évacué vers la France à bord d’un avion médicalisé pour y recevoir des soins appropriés, et y réside depuis. Son procès s’est donc poursuivi en son absence, tandis que ses avocats n’ont eu de cesse de clamer son innocence, affirmant qu’il était lui-même victime d’une cabale orchestrée par des rivaux au sein de l’appareil sécuritaire.
Un verdict qui va au-delà des réquisitions
La décision de la Cour d’acquitter purement et simplement François Beya a surpris de nombreux observateurs, y compris par sa portée. En effet, lors de son réquisitoire le 28 juillet dernier, le ministère public avait déjà fait preuve d’une surprenante clémence en ne requérant qu’une peine d’un an de prison ferme, dont six mois avec sursis, invoquant des circonstances atténuantes comme l’âge et l’état de santé du prévenu. Les juges ont estimé que les faits n’étaient pas établis, allant ainsi plus loin que les demandes du Procureur et suivant la plaidoirie de la défense qui réclamait l’acquittement.
La Cour a également acquitté deux de ses co-accusés, Guy Vanda Nowa Biama et le colonel Pierre Kalenga Kalenga. En revanche, la Commissaire supérieure principale Lily Tambwe Mauwa et le Colonel Cikapa Tite Mokili ont été condamnés pour violation de consignes, une peine qu’ils ont déjà couverte par leur détention préventive.
L’acquittement de François Beya ferme un dossier emblématique des tensions qui ont marqué la consolidation du pouvoir par Félix Tshisekedi. Pour les soutiens de l’ex-conseiller, ce verdict lave son honneur et prouve que les accusations étaient montées de toutes pièces. Pour certains analystes, il témoigne d’une certaine indépendance de la justice militaire face à un dossier politique sensible.
La Pros.