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Adolphe Muzito : le courage dans la politique d’un leader qui sort de l’ordinaire

Par La Prospérité
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*J’interviens ici en tant que citoyen  et intellectuel congolais, loin des clivages politiques. Je me suis senti interpellé. Ce devoir d’hommages et reconnaissance à Adolphe Muzito s’est imposé à moi après ses actes de bravoure. Une date, le 12 septembre 2022 ! Un homme a pris le risque de descendre  dans  l’enfer de Kwamouth, là où personne avant lui n’avait osé fouler le moindre pied depuis que le sang coule dans ce territoire du Grand Bandundu. Pareil risque ne peut être pris que par  un patriote digne de ce nom. Il n’avait que trois gardes armées pour sillonner un territoire où on a massacré un peloton de policiers venu de Bandundu-ville,  quelques jours plus tôt, une contrée où on a décapité chefs coutumiers, gardiens des terres et des âmes,  un coin où des centaines de personnes ont été exécutées, des villages entiers brûlés, des centaines des milliers des déplacés dont des enfants et des femmes enceintes qui se retrouvent en pleine forêt. Une scène simplement apocalyptique. Cet  homme si brave, c’est Adolphe Muzito  dit  Mfumu Mpa.

Muzito, accompagné d’une poignée de journalistes, s’est lancé sur la nationale numéro 1, objectif : Mongata, cette agglomération située à la bifurcation de la nationale 1 et RN 17 qui conduit à Bandundu-ville. Les journalistes enthousiasmés n’imaginent pas l’objectif que s’est fixé le Premier ministre honoraire, un secret qu’il a gardé pour lui-même. Une fois à Mongata, le commandant intrépide pointe du doigt la route qui mène littéralement en enfer.

Depuis près d’un mois,  personne n’a osé l’emprunter, ni ministre, ni gouverneur, personne. Opérateurs économiques s’etaient réfugiés sur la voie fluviale, la société GTT, l’unique qui dessert la ligne avec des bus d’un autre âge qui ont rendu  de  bons et  loyaux services sous d’autres cieux était introuvable. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette situation trouble a été du pain béni pour l’unique compagnie aérienne qui est présente dans le grand Bandundu : Deux rotations par jour, cela a été une première.

Pendant qu’acteurs politiques de tous bords, de toutes tendances, majorité et oppositions se sont tus dans toutes les langues des humains et des anges, un seul homme a risqué sa vie.

Ce père de famille christique à la manière de Goriot d’Honoré de Balzac, cet adorable grand-père pour ses mignons petits-enfants, ce mari attentionné, a tout oublié pour aller réconforter les abandonnés  et oubliés de Kwamouth. Muzito est vraiment l’archétype de bon samaritain dont parle Jésus. Il n’est pas le plus pieux de ses compatriotes, il ne se dit pas  né de nouveau, il n’a pas le zélé de nouveaux convertis.

Son seul prosélytisme,  c’est son attachement à son pays et son altruisme qui transcende des calculs politiciens d’une pseudo-élite apparemment brillante mais,  en réalité,  très toxique et égoïste. Là où personne n’a voulu se rendre pour préserver sa vie, le Mfumu Mpa a tout bravé.

Quatre jours durant,  il a passé la nuit à la belle étoile avec les sinistrés de Kwamouth,  ici il n’y a ni villa, ni école, ni hôpital, voilà qui donne une indication sur la témérité de cet homme qui est a  priori timide à la première rencontre. Une fausse apparence. Dès qu’il ouvre la bouche, l’on est accroché, on l’écoute sans se lasser.

A Masiambio comme dans les autres villages du plateau, le fils de Mayumbu s’est nourri de la cueillette, exactement à l’image de ses frères de cette contrée du grand Bandundu en cette période où personne ne s’est rendu au champ.

Je ne sais pas quelle expression utiliser : bravoure, témérité, courage ? Peut-être tout cela à la fois. Pendant que le Bon Samaritain apportait sa consolation aux sinistrés de Kwamouth, à Kinshasa, retranchés dans leurs salons huppés, les politiciens, toutes tendances confondues, parlaient sexe des anges.   

Dans le grand territoire de Kwamouth, Adolphe Muzito a écouté les uns et les autres. Et sans chercher à remuer le couteau dans la plaie, il a  proposé ce qui lui parait comme  une solution durable à cette sempiternelle question  des terres qui concerne,  en réalité,  tout le Congo.

Son évangile à lui est simple: la titrisation des terres, ces domaines ravis à ses propriétaires par Léopold II et ses  » descendants » que sont les différentes administrations qui se sont succédé avant et après l’indépendance.

C’est une question délicate tant les oligarques actuels et même des multinationales occupent le gros des terres. 

Après Kwamouth, Adolphe Muzito s’est rendu à Kenge,  dans le Kwango,  où il a été accueilli en Messie du grand Bandundu. Toute la ville s’est vidée,  le 24 septembre,  pour l’accompagner jusqu’à la tribune officielle au centre-ville. C’est à Kenge et s’exprimant aussi bien en lingala qu’en kikongo que ce dialecticien a lancé l’idée d’un référendum sur la titrisation des terres.

A Kenge, le deuxième face-à-face avec les forces vives du Kwango, sa base naturelle, a été l’occasion,  pour le Mfumu Mpa,  de se rendre compte qu’ici comme ailleurs,  le drame de Kwamouth est une préoccupation majeure.

Il a réalisé aussi que les Congolais sont très éveillés pour ce qui touche à l’intégrité territoriale de leur pays.

Kinshasa n’a,  à ce sujet,  aucune leçon de patriotisme à donner au citoyen de l’intérieur du pays. Toujours à la recherche d’une réconciliation entre fils de Bandundu,  en général, Teke  et Yaka,  en particulier, Adolphe Muzito a pris part active aux différentes réunions entre des représentants des chefs teke et leur collègues Yaka autour de l’Evêque de Kenge.

Pendant trois jours, le Premier Ministre honoraire a dressé sa tente parmi ses frères et sœurs du Kwango. 

De retour à Kinshasa, le défenseur national des chefs de terres a reçu une centaine de chefs coutumiers venus de  26  provinces que compte le Congo.

Il convient de noter que le leader du grand Bandundu n’est pas à son premier acte de bravoure lorsque le pays est en danger.

C’est lui et lui seul qui, il y a trois ans, a  défié Kagame, au grand dam de ceux qui avaient condamné sa prise de position selon laquelle il fallait faire la guerre au Rwanda et au besoin,  l’annexer,  au regard de toutes les misères que nous fait vivre l’ogre de Kigali. L’Histoire lui a donné raison: Kagame est l’instigateur en chef de la crise que vit l’Est du pays depuis plus de 20 ans. 

Il y a 5 ans, Muzito était le seul homme, muni juste de son courage et de son discours qui est descendu au Kwango à la rencontre des Congolais en danger face aux bouviers et bétail venus d’ailleurs. Sa seule présence était porteuse d’un soulagement pour la population, en même temps que c’était un message très fort aux fameux Mbororo : « Nous vous tenons à l’œil », pouvait-on interpréter cette descente.

Il faut remonter très loin dans l’histoire de notre pays pour voir un homme d’État aussi courageux qu’Adolphe Muzito. A qui comparer ce courage ? A Lumumba ? Peut-être, lui qui a tenté d’aller à Elisabethville en pleine sécession alors que s’y trouvaient ses pires  ennemis. Mobutu ? Peut-être, lui qui sautait sur le premier avion, arme à la main pour secourir la nation en danger ? Laurent-Désiré Kabila ?  Peut-être, ce Président qui a déclaré que la guère serait longue et populaire alors que Kinshasa était quasiment tombée.

L’intellectuel congolais que je suis salue le courage de Monsieur Muzito.  Les héros ne se retrouvent pas que dans nos tombes. Il y en a qui sont parmi nous. La nation leur doit reconnaissance.

Professeur Gabriel Kwambamba Mampem

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