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Chronique de Jean-Baptiste Placca, RDC: l’intérêt général, cause orpheline

Par La Prospérité
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Deux poids lourds de la classe politique intègrent le gouvernement congolais. Difficile de ne pas y voir une esquisse des alliances et ralliements autour du président sortant, Félix Tshisekedi, à quelques mois de la prochaine présidentielle. C’est à qui vendra le plus cher son soutien… Ils étaient de possibles candidats à la présidentielle prévue pour le 20 décembre 2023 en République démocratique du Congo. Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe sont, désormais, deux des plus importants ministres du gouvernement. Doit-on, pour autant, présenter ce remaniement comme une manœuvre visant à faciliter la réélection de Félix Tshisekedi ? Peut-être faudrait-il commencer par présenter la donne en des termes plus conformes à la réalité. Par respect pour les électeurs, on pourrait remplacer la formulation « faciliter la réélection du président sortant » par quelque chose de plus réaliste. Par exemple « rendre sa réélection moins compliquée». Car, même si leurs choix ne sont pas toujours scrupuleusement respectés par les hommes politiques, les électeurs congolais ont fait la preuve de leur capacité à déjouer les préférences de leurs dirigeants. Bemba et Kamerhe auraient probablement été candidats si on ne leur avait pas trouvé, in extremis, ces places de choix au bord de la mangeoire. Et cela les engage. On imagine mal comment, si près de l’échéance présidentielle, ils seraient entrés au gouvernement pour, neuf mois plus tard, en sortir pour défier dans les urnes leur bienfaiteur, l’actuel président. Le fait de les soustraire à cette équation, et même de se les rallier, peut donc, en effet, simplifier un peu la tâche à Félix Tshisekedi. D’où, justement, la désagréable impression que la classe politique en RDC est en permanence dans un rapport mercantile et jouissif au pouvoir, presque au mépris des populations. Que dire de la forme et du poids du gouvernement ? Il a un côté bouffi, presque difforme ! Cinq vice-premiers ministres ! Neuf ministres d’Etat ! Vingt-huit ministres ! Douze vice-ministres ! Pour un pays de moins de 100 millions d’âmes, c’est d’autant plus attristant que ces gouvernements pléthoriques n’ont jamais fait que décevoir, acceptant même l’échec avec une inébranlable constance. Et nous ne reviendrons pas ici sur les polémiques récentes sur la rémunération de certains députés. Il y a, dans ce pays, une propension à considérer le pouvoir politique comme des privilèges à se partager, et c’est profondément déplaisant. La RDC n’est, certes, pas seule en cause. Mais, le désordre, l’insécurité, la guerre et tant de maux qui minent ce pays sont déjà la conséquence des irresponsabilités politiques passées, mal assumées. Tout homme d’État devrait être effrayé à l’idée de voir ces populations, de plus en plus excédées, en arriver à manifester plus vivement leur agacement. Dans les années 2000, un ministre belge s’est fait rabrouer par la classe politique congolaise pour avoir osé déclarer qu’il avait trouvé, à Kigali, davantage d’hommes politiques ayant le sens de l’Etat, qu’il n’en avait rencontré à Kinshasa. En même temps, Kinshasa accuse ouvertement Kigali de piller ses ressources et de massacrer sa population… La mobilisation contre le Rwanda est sans doute ce que les dirigeants actuels de la RDC ont le mieux réussi, par rapport à leur peuple. Ils s’agacent d’entendre que le Rwanda se développe. Car, pour eux, ce sont les richesses du Congo qui servent à développer ainsi le Rwanda. Mais, cette mobilisation n’a d’avenir que si les dirigeants congolais inspirent confiance à leurs concitoyens, par leur aptitude à œuvrer pour l’intérêt général, et non pour la jouissance de clans politiques et autres. Cela ne se règle pas par des gouvernements pléthoriques, mais par la capacité des dirigeants à assumer de manière franche et honnête leurs responsabilités. Sans quoi, la jeunesse continuera de se jeter dans les bras de marchands d’illusions et autres terroristes. Il est définitivement plus viable de mobiliser pour des réussites collectives, que contre un ennemi extérieur, forcément passager.

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