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Claudel Lubaya : «Préserver la Nation, faire baisser les tensions»

Par La Prospérité
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Ainsi que je l’ai dit dans l’une de mes précédentes tribunes, le pays ne va pas bien. Il va mal et ce mal persiste. Les dernières nominations dans la territoriale ont fini par achever le peu de cohésion qui nous restait ; de même qu’elles ont contribué à fracturer davantage la Nation. Plutôt que de résoudre un problème précis, elles ont par contre fait mal à un pays qui va déjà très mal.

Preuve ? Les protestations n’en finissent pas. Elles fusent de partout pour dénoncer le caractère inique de ces nominations et exiger que les ordonnances y relatives soient rapportées. Pire, elles ont même ébranlé l’Union Sacrée, pourtant censée les avoir initiées. Au final, c’est l’autorité de l’État qui s’en trouve contestée et mise à mal.

Comme si cela ne suffisait pas, alors qu’on s’approche du démarrage annoncé des opérations pré électorales, il s’observe d’Est à l’Ouest, en passant par le Centre du pays, la montée des peurs et des violences à caractère tantôt ethnique, tantôt politique. L’ancien Katanga semble au bord de l’implosion. Les tensions communautaires Katanga – Kasaï y ont refait surface. L’Etat est absent, parfois complaisant quand il y est, et souvent dépassé. A haute voix, l’archevêque de Lubumbashi a tiré la sonnette d’alarme. Il y a péril en la demeure et la situation risque de dégénérer si l’on n’y prend garde. Au Kasaï Central, l’intolérance politique y a élu domicile. Aucune voix dissidente n’est autorisée à s’exprimer. Des milices partisanes, à la solde des pouvoirs publics usent d’une brutalité inouïe à l’endroit de toute opinion contraire. On s’en vante. On banalise. On se tait. Ce n’est pas un dérapage. C’est une dérive inacceptable, inexcusable, intolérable dans une province aux équilibres fragiles.

A l’Ouest, à Kwamouth, à proximité de Kinshasa, la situation sécuritaire se détériore du jour au jour. Le Chef de l’État en attribue la paternité à une main noire que les services peinent à identifier avec tout ce que cela comporte comme conséquences. Pendant ce temps, à Kinshasa, les frustrations s’accumulent sous un silence bruissant. L’exécutif urbain a créé ce qu’il appelle «zone neutre», inaccessible à certains alors que d’autres y ont quartier libre. C’est de l’injustice, source de frustrations et de tensions. Entre-temps, les motards font ostensiblement la loi et jouissent d’une impunité absolue. Aucun service de l’État ne les inquiète. Ils incarnent l’anarchie et la vindicte. C’est dangereux.

Tout cela alimente le mal-être citoyen, les peurs, les angoisses que personne ne peut se permettre de laisser se développer en ce moment. C’est une épreuve pour les pouvoirs publics. A cette aune, la question de l’autorité de l’État et de l’efficacité de son action est clairement posée.

Dans un pays en guerre, en plus de foyers de tensions disséminés çà et là, le pôle régalien du Gouvernement reste inopérant, aphone, inaudible. Il donne l’impression d’être dépassé par les enjeux.

La République ne peut être sectaire. Elle se doit de rester impartiale, lucide et cohérente pour imposer l’autorité de l’État. Elle se doit d’être ferme et impitoyable à l’endroit de tous ceux qui, par leurs propos et actes, transgressent les lois du pays. L’autorité ne se décrète pas. Elle a besoin d’agir pour s’affirmer. Et la première, c’est de contrer la montée des peurs et la menace de la discorde en desserrant l’étau de l’intolérance pour assurer la concorde sociale dans un pays en conflit permanent.

Kinshasa, le 19 décembre 2022

Lubaya Claudel André

Député à l’assemblée nationale

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