L’Organisation des Nations Unies (ONU) est inquiète de l’impact écologique “de plus en plus grave” de la numérisation. Les déchets numériques ont augmenté de 30% de 2010 à 2022. Cela ressort des estimations publiées ce mercredi par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) à Genève.
Il y a deux ans, ils atteignaient 10,5 millions de tonnes, selon ce rapport. La question des déchets numériques affecte de manière disproportionnée les pays en développement, estime-t-il. Seuls un quart d’entre eux ont été collectés dans les pays riches, trois fois moins encore dans les pays en développement.
“L’économie numérique porte la croissance économique mondiale, mais elle a aussi un impact environnemental”, a déclaré la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan. Si elle appelle à exploiter la numérisation pour un développement de tous les pays, elle appelle aussi à “une consommation et une production responsables” en ligne, “l’utilisation d’énergies renouvelables” et la prise en charge intégrale des déchets numériques.
Réguler l’essor de l’économie numérique
L’Afrique réunit la plupart des composantes “indispensables à un avenir énergétique durable”. Or, la demande pour ces moyens devrait augmenter de 500% d’ici 2050. Une opportunité importante pour les pays en développement.
L’essor de l’économie numérique a des répercussions de “plus en plus graves” sur l’environnement, entre la consommation d’eau et d’électricité des centres de données et l’épuisement des matières premières, avertit mercredi l’ONU. Alors que le développement de l’intelligence artificielle donne un coup d’accélérateur à l’économie numérique, la CNUCED a appelé à mettre en oeuvre “des politiques solides pour renforcer la durabilité de la croissance numérique”, soulignant que les pays en développement supportent une part “disproportionnée” des dommages environnementaux.
L’ONU appelle à davantage de réglementations et de collaboration internationale
“La numérisation continue d’avancer à la vitesse de l’éclair, transformant les vies et moyens de subsistances”. Mais un essor non régulé de l’économie numérique risque de laisser de côté une partie de la population et d’exacerber les défis environnementaux, a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à l’occasion de la publication de ce rapport.
Il a notamment cité les risques d’épuisement des matières premières utilisées pour les technologies numériques, l’augmentation de la consommation d’eau et d’énergie, la qualité de l’air et les déchets liés à la numérisation, ces risques étant “accentués par les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle”.
Outre l’optimisation des ressources et l’investissement dans les énergies renouvelables, l’agence onusienne appelle à davantage de réglementations et de collaboration internationale pour un accès équitable aux technologies numériques. Un Pacte mondial numérique doit être approuvé d’ici quelques mois à l’ONU.
Léon Mukoko (https://www.ecoverte.info/)