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Prédatocratie conduisant à la violence et à la misère des Congolais

Par La Prospérité
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(Par le Prof. Patience Kabamba)

Après vingt ans de vie aux Etats Unis d’Amérique, d’abord comme étudiant (10 ans), puis, comme professeur (10 ans), (de 2002 à 2022), je suis revenu vivre et travailler à Kinshasa dans le but de donner à nos jeunes ce que j’ai donné pendant dix ans aux étudiants américains.  Les études d’anthropologie que j’ai faites en Amérique sont généralement très subversives parce qu’elles ramènent au cœur de l’Amérique d’autres types de vie et d’être au-monde.

Se considérant comme le meilleur peuple du monde, les Américains s’agaçaient toujours quand les anthropologues leur présentaient des styles de vie dans d’autres cieux. L’anthropologie est subversive dans ce sens qu’elle montre aux américains qu’il existe des peoples plus heureux, plus démocratiques, et mieux organisés qu’eux.

En revenant au Congo avec cet œil d’anthropologue, quelle n’était ma surprise de constater que la société Congolaise fonctionnait exactement de la même manière que la société américaine.

Aux Etats Unies d’Amérique le 1% le plus riche du pays possède autant des ressources que les derniers vingt pourcents de la population. Ce pourcentage des plus riches au sommet de la pyramide d’accumulation aux USA est constitué des businessmen, des propriétaires privés des grands biens, des descendants des propriétaires d’esclaves, des inventeurs comme Bill Gates ou Zuckerberg, ou encore des vendeurs en ligne comme le propriétaire d’Amazone, etc…

Au Congo, j’ai retrouvé exactement la même configuration qu’aux USA : moins d’1% des Congolais s’accapare des biens appartenant à la population entière. Tout l’État congolais est organisé autour d’un petit groupe qui siphonne le trésor public aux détriments de la population entière. 

Les différences entre les USA et le Congo sur le plan social, c’est le fait que le malgré le 1% d’Américains qui s’accapare de la part du lion, l’État s’organise de sorte que la classe moyenne puisse vivre, se nourrir et envoyer ses enfants dans des bonnes écoles. L’État américain en général investie dans la paix interne. Il organise une société qui reste encore attractive pour beaucoup de gens dans le monde.

Au Congo, le 1% qui s’accapare de la plus grande partie des ressources du pays le font par la corruption, l’opacité et l’impunité. Au Congo, lorsqu’on a payé les agents de la présidence de la république, les membres du gouvernement, les parlementaires et les mandataires des régis financier (0,001 % de la population), il ne reste quasiment plus rien pour les autres fonctionnaires et pour la population congolaise dans son ensemble. De ce régime de prédation résultent la kleptocratie, la violence dans la population de l’Est et la misère dans la population de l’Ouest. 

A mon retour au pays, le constat amer que j’ai fait est que le régime de prédation qui prédomine dans le pays a pour fondement une corruption endémique. Cette corruption a évidemment une très longue histoire, de la zaïrianisation de 1973 aux discours de Mobutu (moyiba, kasi  mingi te), et les accords de Sun City. 

Aujourd’hui, le véritable problème du Congo, c’est la corruption institutionnalisée sous forme des gros salaires pour les gouvernants. La petite corruption concerne les employés qui demandent la corruption parce qu’ils ne sont pas bien payés. Les intellectuels qui ne sont pas cooptés par le gouvernement et qui vivent de la corruption surtout dans le domaine de l’enseignement remplissent la case de la petite corruption. Les autres intellectuels qui se débattent pour survivre plus ou moins honnêtement se taisent sur ce grand fléau de la corruption qui ruine le pays tout entier. Ils préfèrent discuter de la loi Tshiani, de la colonisation, ou du Rwanda, mais jamais de la corruption qui déstructure leur vie. C’est paradoxal pour moi. Des collègues professeurs s’attaquent même à ceux qui osent dénoncer l’opacité des salaires ou des primes au sein de leur institution ou dans pays, en général. 

Le point de vue du MDW est que la corruption interne au Congo a pour conséquence le désastre sécuritaire, humanitaire et écologique que nous vivons aujourd’hui. 

Il y a d’une part la violence visible, abjecte et inadmissible à l’Est du Congo causée par les groupes armés dont le M23 soutenu par le Rwanda à cause des terres imaginables que le Congo aurait prises à un Rwanda qui n’existait pas encore à la création de l’État Independent du Congo. Le Rwanda a été créé en prenant des terres appartenant à l’EIC.

Et d’autre part une violence invisible vécue dans le silence à l’Ouest du Congo et qui se décline par la misère de la population, la malnutrition, le matraquage politique, la destruction des bonnes écoles, et tout cela rivalise avec les salaires exorbitants des mandataires politiques, la complaisance de la Banque Mondiale et de la nébuleuse communauté internationale.

La population congolaise est la victime donnée en sacrifice pour que l’élite prédatrice vive et survive.

Il est possible de s’en sortir et pour cela je reprends les paroles du chercheur Belge Vlassenroot:

“Tant que l’Etat congolais n’est pas en mesure

– d’organiser la vie publique, 

– d’offrir une protection à la population,

– de garantir l’accès à un système de justice équitable 

– de mettre en place un processus de développement,

Il y a peu d’espoir que l’est du Congo puisse échapper à la spirale de la violence’’.

Il est donc possible de s’en sortir. Cependant, en face de la corruption qui est devenue une seconde nature dans notre pays, ce n’est pas par des incantations que l’État Congolais s’en sortira. Le Congo ne deviendra pas du jour au lendemain un état avec un système de justice équitable, capable d’organiser sa vie publique. 

Bâti sur une gouvernance prédatrice, le Congo est incapable de donner même le minimum que l’on attend d’un état, la sécurité physique de ses habitants. Comme le mal est structurel et non contingent (pas particulièrement lié au président actuel), une seule solution s’impose, la tabula rasa. Nous pensons qu’une révolution qui produirait ses propres leaderships pourrait faire renaître le Congo de ses cendres comme le phœnix !

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