(Un poème de John TSONGO)
Mon cœur saigne…
Toutes mes veines sont en rupture,…
Et c’est mon sang qui coule…
Mon sang coule et parle…
Asséché, mon corps a rejoint le royaume des cadavres…
Par moment, mon cadavre résiste à sa putréfaction mais chante…
Mon sang qui coule et déborde les falaises, les berges en quittant son lit, dépose sur son passage, les limons fertilisants d’où germeront les grains qui nourriront mes fils et petits-fils, pour venger mes co-martyrs fauchés innocemment par les glaives impitoyables des économies de sang…
Mon sang coule,
Il déferle,
Et chante…
Il chante l’hymne de la mémoire de la souffrance des massacres de l’Est de mon pays la RDC: Ituri, Béni, Kiwanja, Kishishe et Makobola…
Il chante l’hymne de l’espoir d’un Congo libre, pierre angulaire d’une Afrique pacifiée, émergente et d’où part le salut du monde…
Mes chairs, cherchent la chaire, pour réexpliquer au monde l’innocence de leur mort précipitée…
Mes ossements, sont en quête des cat-guts, pour entonner la mélodie de la fin de l’esclavage de l’Afrique…
Même les termites, ont refusé de ronger mes chairs, car ma mort a été précipitée, par ces pillards- tueurs, architectes des économies des sangs…
Même les planches des cercueils ont refusé de contenir mon corps huilé, teintant d’une beauté exaltante, rimant avec la prospérité du berceau de l’humanité…
Oh, Congo!
Ta terre si douce, est forcée de boire le sang de tes fils et filles, te contraignant au cannibalisme …
Ta terre si rassasiée, est contrainte de se nourrir de tes chairs si tendres, même avant leur âge mortel…
Mais, un jour, le grain germera sur ta bonne terre, pour alimenter le héros libérateur d’un pays devenue charcuterie humaine, où chaque imbécile place sa barbecue, à la grillade des chairs humaines d’un peuple privé brusquement de son destin et contraint de trouver refuge dans les aires des fosses communes sans dignité ni honneur; mais sous horreur…!
John Tsongo/CP
