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RDC, Rwanda et M23 : ce que contient le dernier rapport de l’ONU

Par La Prospérité
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Selon l’ONU, le M23 a étendu son emprise dans l’est de la RDC et accru son contrôle sur plusieurs territoires avec le soutien des Forces de défense du Rwanda. Une situation détaillée dans le dernier rapport du groupe d’experts, auquel Jeune Afrique a eu accès. Qu’importent la trêve et le cessez-le-feu, le M23 n’a pas dévié de son objectif principal : conquérir et administrer de plus en plus de territoires dans l’est de la RDC. L’espace occupé par les rebelles a augmenté de 30 % entre avril et novembre 2024, période d’étude du dernier rapport semestriel du Groupe d’experts des Nations Unies (ONU), auquel Jeune Afrique a eu accès. En progressant, le M23 a mis la main sur des villes stratégiques, des mines et des recrues. Une conquête soutenue par le Rwanda.

Les soldats des Forces de défense du Rwanda (RDF dans son acronyme anglais) sont entre 3 000 et 4 000 déployés dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru et de Masisi, selon les experts de l’ONU. « Sur la période étudiée, les RDF sont allées au front, ont utilisé des armes de haute technologie et ont directement pris part au combat », relèvent les auteurs du rapport.

Cette « force amie », comme elle est appelée par les soldats du M23, est composée de membres des forces spéciales, fortement équipés, qui aident et entraînent les rebelles. Sur des images vidéo consultées par les experts de l’ONU, les soldats apparaissent dans des camions de transport de troupes.

Fin octobre, les RDF ont soutenu le M23 dans son avancée à travers le territoire de Walilake, qui était auparavant sous le contrôle exclusif des Forces armées de la RDC (FARDC) et de leurs alliés Wazalendo (milices locales). « Chaque unité du M23 était supervisée et soutenue par les forces spéciales des RDF, affirme le rapport. Le M23 reste sous le commandement du “Général” Sultani Makenga qui continuait de recevoir des instructions et le soutien des RDF et des services de renseignement rwandais. »

Conquête des terres et des esprits

Selon le document, la conquête de nouveaux territoires par le M23 dépend du soutien des forces rwandaises, qui lui fournissent un équipement militaire de pointe en violation de l’embargo sur les armes. Des missiles ont notamment pu tuer des civils ou viser la force régionale de la SAMIDRC, comme le 10 juin à Mubambiro. Des systèmes de brouillage GPS affectent quant à eux la navigation des avions humanitaires, onusiens ou commerciaux. Le 29 octobre, c’est un drone de la Monusco qui s’est écrasé après avoir été parasité alors qu’il survolait une zone de combat. Ailleurs, c’est un système de défense sol-air SHORAD, géré par les RDF, qui a été repéré à Karuba, dans le Masisi, le 25 octobre.

Tous ces équipements offrent un avantage certain au M23. Le groupe s’est emparé de la ville stratégique de Kanyabayonga, au nord de Rutshuru, le 27 juin 2024. Elle a ouvert la voie aux rebelles vers le territoire de Lubero, où des localités ont été conquises. La comparaison des cartes figurant la conquête territoriale du M23 depuis novembre 2022 illustre l’effet tache d’huile de l’emprise du groupe rebelle qui s’étend sur la région.

En grignotant du terrain, le M23 en profite pour recruter, parfois de force, de nouveaux soldats, dont certains mineurs, et de nouveaux cadres pour administrer les territoires. Des milliers de combattants sortent des camps d’entraînement du M23, à Tchanzu (le plus gros centre) ou en Ouganda, pays qui sert parfois de base arrière aux groupes armés et d’où certains instructeurs sont originaires. Entre le 25 et le 30 septembre, au moins 3 000 recrues ont terminé leur entraînement. Ces nouveaux éléments sont formés pour endoctriner de nouvelles recrues.

Les combattants du M23 interrogés par les experts de l’ONU affirment ne pas avoir été payés et ne pas espérer être rétribués avant la « libération » de la RDC. Le M23 se tourne aussi vers d’autres groupes armés, comme le groupe Zaïre en Ituri. Par cette stratégie, les rebelles tentent de rallier d’autres combattants à sa cause en Ituri. Dans le Sud-Kivu, ce sont Twirwaneho, RED Tabara et les Forces armées Biloze Bishambuke (FABB) qui ont pactisé avec le M23. Des contacts ont également été pris entre le groupe islamiste ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) et le M23 pour nouer un pacte de non-agression et de libre circulation.

Recettes fiscales

Maîtriser les voies de communication est indispensable pour le M23, qui exporte les minerais extraits illégalement. Le groupe contrôle notamment les voies de transport qui partent de la ville minière de Rubaya, prise le 30 avril 2024. Le M23 tire des recettes fiscales de son exploitation par les mineurs locaux et, selon l’ONU, le coltan, la cassitérite et le manganèse qui sont extraits sont ensuite mélangés à la production rwandaise dans une stratégie de blanchiment profitant au M23 et à Kigali. À Rubaya, les rebelles contrôleraient le commerce et le transport mensuel de 120 tonnes de coltan pour un gain d’au moins 800 000 dollars par mois, selon l’ONU.

Les preuves d’un soutien militaire continu du Rwanda au M23 pourraient conforter le gouvernement congolais dans son idée que seul un dialogue avec Kigali est nécessaire. Le M23 est considéré par Kinshasa comme un groupe terroriste qui n’a pas sa place à la table des négociations. À l’inverse, le Rwanda ne reconnaît pas la présence de ses troupes sur le sol congolais et estime qu’une médiation doit se tenir entre la RDC et le M23.

Kigali fait aussi de la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) un préalable à la levée de ses « mesures défensives ». Et dans leur rapport, les experts de l’ONU affirment que « malgré les appels répétés au gouvernement congolais de cesser de soutenir les FDLR et malgré une brève opération à leur encontre, [Kinshasa] a continué de coopérer et de compter sur les Wazalendo et les FDLR ».

(Tiré de Jeune Afrique)

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