Son apostolat à soigner les femmes victimes de violences sexuelles l’a rendu assez sensible au malheur des compatriotes qui meurent de massacres orchestrées par des rebelles dont ceux du M23, au Nord-Kivu et à travers la partie Est de la République Démocratique du Congo. Pour le Docteur Dénis Mukwege, la solution efficace face à ce fléau est la mise en place d’une stratégie nationale de Justice transitionnelle, qu’il trouve adaptée pour notamment, neutraliser les pays qui soutiennent ces actes de barbaries, à l’instar du Rwanda. Cette stratégie devra inclure les mécanismes judiciaires en tenant compte de la dimension régionale dans les conflits, a soulevé le responsable de l’hôpital Panzi, dimanche dernier, devant le couple royal belge venu visiter son centre hospitalier.
«Les crimes commis dans ce pays ont un nom. Ils ont été répertoriés depuis plus de 11 ans dans le Rapport Maping des Nations Unies comme des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire des crimes de génocide. Malgré leur extrême gravité à ce jour, ils restent impunis. C’est bien cette impunité garantie aux auteurs étatiques et non étatiques, congolais et étrangers, véritable tragédie, qui nourrit le cycle de violence dans cette région et les multiples agressions dont est victime notre pays. La plus récente, qui se déroule encore sous nos yeux, qui fauche nos enfants, qui fauche nos femmes, nos sœurs et celle du groupe M23 dont le soutien du Rwanda est connu de tous depuis des décennies. Telle est la raison pour laquelle nous plaidons sans relâche pour l’adoption et la mise en œuvre d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle incluant les mécanismes judiciaires qui sont d’ailleurs complémentaires et tenant compte de la dimension régionale dans les conflits qui ont ravagé notre région et l’implication de pays voisins qui continuent d’agresser et de déstabiliser les provinces de l’Est de notre pays pour les piller», a souligné le Prix Nobel congolais.
Visite du Roi Philippe, un ouf de soulagement pour les victimes
«Je suis très heureux de vous accueillir ici à Panzi après l’honneur que vous m’aviez fait en me recevant…A l’occasion, vous m’aviez permis de visiter les survivantes des violences sexuelles que nous prenons en charge à l’hôpital de Panzi et ici à la Fondation Panzi. C’est désormais chose faite. Elles me chargent de vous transmettre leurs profonds remerciements. Leurs Majestés le Roi et la Reine, votre visite emplit les cœurs des femmes victimes de violences sexuelles d’un sentiment d’espoir, d’affermissement de leur marche vers la conquête des nouvelles libertés et de l’admiration inestimable de vivre en paix. Notre histoire commune donne à la Belgique l’avantage d’une fine et profonde connaissance des réalités de la République Démocratique du Congo et de la Région des Grands Lacs. C’est une véritable expertise. Cette relation qui est riche et singulière engendre de ce fait, dans le chef de la Belgique, une responsabilité dans nos relations stratégiques. C’est dans ce contexte que votre visite à l’Est de la République Démocratique du Congo envoie un message fort. Vous n’avez pas seulement voulu visiter Kinshasa, le siège de nos institutions politiques, et Lubumbashi qui est notre capitale économique, mais vous avez aussi souhaité venir à Bukavu, dans la région de Kivu, meurtri par presque trois décennies des conflits à répétition aux conséquences humanitaires désastreuses. Des millions des morts, des déplacés et des femmes violées… Aux côtés de notre personnel et de nos patients, je tiens à vous remercier sincèrement de nous rendre visite. Cette visite témoigne de votre humanisme et de votre empathie envers celles et ceux qui ont le plus souffert des guerres, notamment les victimes de violences sexuelles. Elle envoie un message très apprécié de solidarité avec les femmes, les survivantes et les communautés affectées par la barbarie humaine», a poursuivi Mukwege, peu avant de finir par dire que ceci : Majesté, ces femmes portent au plus profond de leur intimité le stigmate des guerres atroces, l’insupportable souffrance endurée par notre population depuis trois décennies.
La Pros.
