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Université congolaise : un vrai goulot d’étranglement au développement de la Nation Par Mapenzi Manyebwa, Chercheur en sciences humaines et expert en développement communautaire

Par La Prospérité
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L’université congolaise s’est fourrée dans un mimétisme scientifique et culturelle chronique, dans une politisation des postes de gestion des institutions universitaires. Voilà aujourd’hui cette université est devenue un cadre qui sert à perpétuer la pauvreté de l’esprit, l’aliénation intellectuelle et scientifique de l’homme congolais de génération en génération. Le système universitaire congolais, 62 ans après l’indépendance, est incapable de former une élite congolaise honnête, inventive et patriote pour servir loyalement la société congolaise. Ce système universitaire continue à produire de plus en plus des perroquets, des jeunes de courses, des ânes, des distraits politiques et des aveugles sociaux.

Cette université servile de copier-coller n’a aucun sens pour les congolais. Par conséquent, elle propose que des calmants illusoires aux problèmes de la RDC.

Elle fabrique des femmes et hommes au service des entreprises politiques et économiques néolibérales, sans tenir compte des priorités du peuple. En se référant à la pédagogie de l’université congolaise, rien n’est étonnant car les théories et approches scientifiques occidentales sont enseignées avec beaucoup plus de rigueur pour fabriquer des gladiateurs congolais en faveur des puissants.

Les recherches académiques et les travaux de fin d’études universitaires prouvent à suffisance que l’université au Congo n’existe que pour une finalité néocoloniale. Il est urgent que le peuple congolais se rend compte que l’université dite congolaise ironiquement plus chère que celle d’avant, a été vide de sa substance, et elle est devenue qu’un simple espace pour apprendre à faire un CV, à répéter aveuglément ce que l’enseignant a dit, un lieu de refus total de nous-même, un lieu où l’on apprend à vaincre sans péril, et à la fin l’institution universitaire vous accordez la mauvaise chance d’avoir un diplôme de zombification mentale et culturelle.

Nous connaissons tous les qualités d’un bon étudiant dans nos universités dites classiques en Afrique francophone, à qui le système universitaire a appris durant 3 à 5 ans, comment : réviser ses cours et faire les travaux pratiques, rédiger son mémoire de fin d’études universitaires et le rapport de stage, savoir écrire un demande d’emploi et une lettre de motivation.

Dans une Nation comme la nôtre où les postes vacants dans l’administration publique et dans les organisations non gouvernementales sont obtenu par recommandation de tel Ministre, Gouverneur de province ou un leader de grande taille, les jeunes universitaires se retrouvent dans une prison sans porte après leurs études, car le système d’embauche en RDC les échappe totalement.

Quelle voie convient-il d’ouvrir aujourd’hui pour un renouveau universitaire en RDC ? La voie d’un changement anthropologique et scientifique, la voie d’une nouvelle politique éducative et universitaire au Congo Kinshasa.

Il est opportun de penser à des nouveaux champs épistémologiques et pédagogiques pour assurer l’avenir de ce grand pays, et imposer notre vision du monde, travailler sur notre propre paradigme en vue de donner sens à notre humanité et assumer notre dignité en tant que peuple historique, culturel et social.

Le travail de la réorganisation et du renouveau universitaire n’est pas seulement pour les Professeurs d’université, qui semblent aussi être compilés de la médiocrité de l’enseignement universitaire en RDC, au vu du théâtre livré dans plusieurs cas auxquels nous assistons dans la gestion des universités en RDC.

Le renouveau universitaire est une initiative politique, culturelle, économique et sociale dont toute les couches de la population congolaise (les enseignants de l’université, les parents, les étudiants, les hommes d’Etat, les femmes et hommes d’affaires, les Organisations Non-Gouvernementales, les citoyens ordinaires) doivent participer pour apporter une lumière.

La crise congolaise elle d’abord socioculturelle avant de devenir politique et économique. D’où,  l’éducation nationale de créativité, de cohésion sociale et de la renaissance africaine devrait être une priorité pour relever les défis gigantesques. C’est à travers un cadre (école, université) qu’une société pense et imagine son avenir, apprend son histoire dans toute la vérité et analyse profondément les stratégies nécessaires pour se tenir debout dans le présent.

Si nous n’arrivons pas à donner une signification exacte à l’université congolaise, nous continuerons à être les victimes des théories scientifiques occidentales. « C’est grâce à un système universitaire de décolonisation totale et globale que nous allons se défaire de l’odeur du père », comme disait le Professeur Valentin Yves Mudimbe.

C’est à travers l’université congolaise de nos aspirations que nous allons réussir à former des nouveaux leaders qui vont travailler en notre faveur. Cependant, tous ces femmes et hommes en veste qui sont aujourd’hui Ministres, Sénateurs, Conseillers du Président de la République, Députés, Hauts fonctionnaires de l’Administration congolaise, sont tous des produits finis de l’université néocoloniale, peu importe le lieu où ils ont étudié. En Afrique comme en Occident, ils sont au service de leur ventre et de leur maître. Ils n’ont aucun sens du patriotisme et de dignité pour le peuple congolais.

Malgré les bons discours, en réalité ils n’ont aucun projet positif pour la RDC. Les preuves sont là. Evaluons le bilan de 62 ans après l’indépendance, depuis l’époque du Gouvernement des évolués dans les années 60 jusqu’au gouvernement des Professeurs des Universités dont aujourd’hui la médiocrité,  la corruption, le népotisme, la jouissance, les violences meurtrières, l’insécurité totale et généralisée sont leurs approches pour mettre tout un peuple en genoux.

Ils sont là pour nous paupériser à tous les niveaux et nous vilipender. Une fois qu’ils amasseront des fortunes, ils enverront leurs familles biologiques en Occident pour jouir avec excellence les ressources naturelles du pays. En même temps, ils sont des simples observateurs des meurtres chroniques et de l’insécurité aiguë dans les villes de Beni, à Butembo, à Bunagana, dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga ainsi que partout à l’Est de la RDC.

Ces hommes et femmes universitaires qui sont aujourd’hui dans les différents postes stratégiques dans le Gouvernement congolais, ce sont eux qui ont élaborés les approches et mécanismes du chaos dont leurs exécutants réaliser avec probité.

Pour se faire, nous devons remettre en question tous ces professeurs de l’université congolais pour comprendre à quel point ils sont complices de la crise sociopolitique, économique et sécuritaire de la RDC. Savoir leur rôle dans la mal gouvernance du Congo et connaître à quel niveau ces Professeurs des Universités nous ont emballés dans leur nasse pour juste sauvegarder leur poste au sein du gouvernement congolais.

Nous avons encore le temps de bosser pour changer positivement l’université congolaise à travers des luttes nobles. Il faut tout faire pour dépolitiser les universités congolaises et instituts supérieurs. C’est aux étudiants des universités d’être rigoureux et d’exiger une réforme profonde et une réorganisation de l’université congolaise. C’est aux parents des étudiants de s’informer de ceux que leur enfants apprennent comme connaissances à l’université et être au courant de leur l’utilité dans la vie quotidienne.

C’est au gouvernement congolais d’être conscient de leur faiblesse culturelle et scientifique et de leur hypocrisie, c’est à travers une nouvelle conscience que les bonnes initiatives verront les jours pour un renouveau universitaire congolais.

Nous sommes un peuple, mais sans notre propre paradigme, sans notre propre système scolaire et universitaire, sans notre propre compréhension du monde. Et dans cette configuration des sous-hommes, nous n’arrivons pas à apprendre conscience de notre infantilisation scientifique et culturelle ? Il est urgent de faire de la RDC une Nation des grandes ambitions scientifiques et universitaires, un pays de rayonnement culturel, artistique et intellectuel.

Cela est possible si nous arrivons à prendre conscience de notre historicité et de notre culturalité en tant qu’un peuple ayant des repères riches et variés.

Mapenzi Manyebwa

Chercheur en sciences humaines et expert en développement communautaire

Téléphone : +243 997 663 886

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