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Homélie à l’occasion de mes quarante-quatre ans de vie sacerdotale (Quinzième dimanche de l’année ordinaire)/Par l’Abbé José Mpundu, Prêtre de l’Archidiocèse de Kinshasa

Par La Prospérité
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Chers frères et sœurs,

Il y a quarante-quatre ans, presque jour pour jour, dans cette église paroissiale Saint Michel, j’avais entendu l’appel du Seigneur qui me disait, comme aux deux disciples de Jean-Baptiste, qui voulait savoir où il demeurait : «Viens et vois » (Jn 1,39).

Oui, il m’a choisi et m’a appelé pour être son compagnon (Mc 3,14), pour être son ami (Jn 15, 14-15).

Oui, il m’a appelé pour m’envoyer comme son Père l’a envoyé (Jn 20, 21).

Oui, il y a quarante-quatre ans, j’ai entendu ces paroles du prophète Isaïe : « L’Esprit de Dieu est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).

Il y a quarante-quatre ans, à l’appel du Seigneur par la bouche du Cardinal Joseph Albert Malula, notre vénéré Père, je me suis levé du milieu de vous mes frères et sœurs, et j’ai répondu oui et me suis approché de lui en chantant : « Namipesi na Nzambe mobimba, mobimba na motema mobimba ».

Ce que personne n’a jamais su et ne pouvait savoir ce qu’on fond de moi, il y a eu un combat. Je me battais avec Dieu.

En effet, comme Moïse et bien d’autres personnes ayant reçu l’appel du Seigneur, je disais au Seigneur : « j’ai peur, non pas moi, prends-en un autre, moi je ne peux pas, moi je ne suis pas digne, moi je ne n’ose pas, moi j’ai un autre projet pour ma vie, moi je voudrais devenir médecin, moi je voudrais me marier et fonder une famille ».

Mais,  la réponse du Seigneur à tout ce que je lui disais, était claire et nette : « je t’ai choisi toi et je t’envoie toi et n’aie pas peur car je serais avec toi jusqu’à la fin des temps » (cfr. Mt 28, 20). C’est alors qu’il m’a vaincu et convaincu, il a eu raison de ma peur et m’a donné la force de lui dire, comme Marie et comme Jésus : « Me voici pour faire ta volonté ! Me voici, envoie-moi ! » (Lc 1, 38 ; He 10, 7-9).

Aujourd’hui, je reviens dans cette église où j’ai pris l’engagement de suivre Jésus-Christ, d’être son ami et de poursuivre sa mission de libération pour faire trois choses :

· la première, rendre grâce,

· la deuxième rendre compte

· et la troisième recevoir de nouveau ses instructions, écouter de nouveau sa voix. Comme l’unique lépreux parmi les dix guéris, qui plus est un Samaritain, était rentré vers le Seigneur pour rendre grâce (Lc 17, 15-16), moi aussi je suis revenu dans cette église pour rendre grâce.

Ensemble avec vous je dis : « Totondo Nzambe aleki bolamu, alleluia alleluia ». Je rends grâce à Dieu pour sa fidélité et sa constance. Il ne m’a jamais abandonné. Il ne m’a jamais laissé tomber. Et lorsque je suis tombé, et lui seul sait que de chutes j’ai connues dans mon parcours, il était là avec sa main tendue pour me 2 relever, me disant : « Lève-toi et marche » (Mt 9, 5).

Et je suis convaincu qu’il sera toujours là pour me relever et me soutenir pour continuer la route pleine d’embûches.

Je suis revenu pour rendre compte comme les apôtres de retour de leur mission (Lc 9, 10).

Je reviens faire rapport comme les serviteurs l’ont fait au retour de leur maître (Mt 25, 19ss). Je viens lui dire tout simplement que j’ai essayé de faire ce que j’ai pu. Je ne suis qu’un serviteur inutile.

A lui seul, il appartient d’apprécier ce que j’ai pu réaliser avec la force de son Esprit. Je n’ai rien à ne me glorifier.

Sinon,  à lui demander pardon pour tout ce qui n’a pas été conforme à sa volonté ! Plutôt que de me tourner vers le passé, je suis ici pour voir le présent et surtout l’avenir. Comme le docteur de la loi du passage de l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre, je viens avec vous exprimer ma demande au Seigneur : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » (Lc 10, 25).

Selon une pratique qui lui est habituelle et particulière, Jésus nous répond par une question : « Dans la Loi, dans le catéchisme catholique, dans tes livres de théologie et de spiritualité, qu’y a-t-il d’écrit ? Qu’y lis-tu ? » (Lc 10, 26). Jésus est convaincu d’une chose : lorsqu’on pose une question, généralement on a déjà une réponse en vue, une réponse dont on attend la confirmation. Jésus se présente non pas comme celui qui donne des réponses mais,  comme celui qui pose des questions, qui interroge nos vies.

Effectivement, comme le docteur de la loi, nous avons une réponse, nous savons ce que nous devons faire pour avoir la vie éternelle : AIMER DIEU et AIMER NOTRE PROCHAIN. Nous n’avons donc pas besoin qu’il nous le dise car nous le savons depuis toujours.

Ce qui importe pour Jésus ce n’est pas le fait de lui donner une bonne réponse théorique, ce n’est pas le fait de faire de belles déclarations, de belles homélies, de belles exhortations, de connaître la théologie, la doctrine sociale de l’Eglise, mais de « faire ce que nous disons » : « Ce n’est pas en me disant Seigneur, Seigneur qu’on entrera dans le Royaume des Cieux mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7, 21). Aussi nous dit-il comme à ce docteur de la loi : « Fais cela et tu auras la vie » (Lc 10, 28).

En d’autres termes, aime et tu auras la vie car vivre éternellement n’est possible que dans l’amour. Vivre c’est aimer et aimer c’est vivre.

Comme le docteur de la loi, nous aussi aujourd’hui nous voulons engager des polémiques pour éviter de nous engager dans l’action concrète. Et reconnaissons que nous, les Congolais, nous sommes passés champions en discours et en débats polémiques.

Alors, comme ce docteur de la loi, ce théologien, ce spécialiste en droit canon, nous voulons entraîner Jésus dans un débat stérile en lui posant la question : « Qui est notre prochain ? » (Lc 10, 29). Jésus évite de donner une réponse académique, scolaire, de faire un discours théorique coupé de la vie. Il nous ramène à la vie réelle, à la vie comme elle va.

D’où,  l’histoire qu’il nous raconte aujourd’hui, histoire connue sous le titre de la Parabole du Bon Samaritain. 3 Première chose qui me frappe dans cette histoire, c’est la situation de cet homme qui est dépouillé (pauvre qui n’a rien), roué de coups (victime de la violence des hommes, des bandits, des kuluna même en cravate) et à moitié mort (presque sans vie).

N’est-ce pas la situation de la plupart des congolais aujourd’hui ? N’est-ce pas la situation non seulement d’un homme mais aussi d’une société, de notre société en RDC et dans bien d’autres pays du continent africain ?

En effet, nous nous trouvons aujourd’hui en présence des hommes et des pays dépouillés de tout, pillés, victimes de la violence, de la guerre de prédation, guerre de spoliation, et presque sans vie, des hommes et des sociétés en train de mourir.

Deuxième chose qui retient mon attention,  c’est la réaction des hommes face à la misère des autres, hommes et sociétés.

Deux types de réaction incarnés par deux catégories de personnes. D’une part, nous voyons des hommes de Dieu, prêtre et lévite, des hommes censés être des champions de l’amour du prochain, des hommes qui prêchent cet amour du prochain à temps et à contretemps, des hommes qui prétendent être des serviteurs de Dieu.

Que font-ils ?

Le prêtre et le lévite, membres du clergé, des consacrés, tous les deux ont vu cet homme dans sa situation de souffrance, de misère. Ils ont vu ce moribond au bord de la route, dans la périphérie de la vie. Mais, pour multiples raisons que nous pouvons comprendre sinon deviner, ils se détournent de lui et continuent leur chemin.

Des raisons ? Ils en ont. Chez les Juifs, à cette époque, les prêtres qui allaient officier au temple, devaient être purs ; et toucher le sang rendait impur. Et donc voilà, pour conserver sa pureté en vue du culte divin, le prêtre se détourne de l’homme souffrant qu’il a vu et continue son chemin. Peut-être était-il tout simplement pressé de se rendre à une réunion de Caritas où on allait parler des stratégies pour soulager la misère des pauvres ? Ou encore était-il pressé d’aller donner une conférence sur la doctrine sociale de l’Eglise ? Bref, des raisons il n’en manque pas.

Mais,  peut-être que la raison ultime ne serait-elle pas la peur de subir le même sort que cet homme agressé par les bandits ? En effet, et le prêtre et le lévite se sont posés la même question : que m’arriverait-il si je m’arrête pour m’occuper de cet homme ? C’est leur propre sort qui leur importait et qui dictait leur réaction en face de la souffrance de l’autre.

Observons-nous vivre chacun de nous, en âme et conscience, ne sommes-nous pas tous comme ce prêtre et ce lévite ? Retenons que tous nous voyons la souffrance et la misère des autres et bien souvent comme ces hommes dits de Dieu, nous passons notre chemin et nous laissons les autres croupir dans leur misère.

D’autre part, nous avons le Samaritain, considéré par les Juifs comme un hérétique, un schismatique, un païen, ne connaissant pas Dieu. C’est ainsi qu’on traitait les Samaritains à l’époque.

Et comme dira la femme Samaritaine à Jésus, un juif, qui lui demande de l’eau, au bord du puits de Jacob : « Comment toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ? » (Les Juifs en effet n’ont pas de relations avec les Samaritains) (Jn 4, 9).

Notons que l’homme qui était là, gisant par terre, à l’article de la  mort victime de la violence des hommes, était un juif. Ces frères de race, de tribu, d’ethnie, deux juifs comme lui, le prêtre et le lévite, l’ont vu et se sont éloignés de lui, le laissant à son triste sort, sans lui venir en aide. Le samaritain qui, lui aussi, passait par là, comme les deux hommes de Dieu, vit cet homme en situation difficile.

A la différence des deux premiers, son cœur fut touché : il fut saisi de compassion, « il fut saisi de pitié » (Lc 10, 33). Compatissant à sa souffrance, faisant de la souffrance de l’autre sa propre souffrance, il s’approche de cet homme. Il panse ses plaies, le soigne avec les moyens dont il disposait et le prend sur sa monture pour l’amener au centre de santé le plus proche. Et là, il paye avec son argent les soins de santé. Il pouvait s’arrêter là. Il a fait l’essentiel n’est-ce pas !

Il l’a tiré d’affaire, n’est-ce pas ! Non, il ne s’arrête pas là, il va plus loin. Il va faire ce qu’on ne lui demande pas lorsqu’il dit au personnel soignant : prenez bien soin de lui et tout ce que vous aurez dépensé en plus, remettez- moi la facture à mon retour et je payerais tout (Lc 10, 35). Admirable cet homme qui, plutôt que de se préoccuper de lui-même, s’est posé la question de savoir : « qu’arriverait-il à cet homme si je le laisse dans cette situation ? ».

Il a pris le risque d’être attaqué lui-même par les mêmes bandits au cas où ils ne seraient pas loin du lieu de leur crime ou au cas où ils reviendraient au lieu du crime, comme c’est souvent le cas. Il n’a pas eu peur de se salir les mains. Il n’a pas fait de calcul pour voir ce qu’il dépensait comme argent en vue de sauver cet homme, un inconnu qui plus est un ennemi.

Bref, il s’est fait proche de l’homme en situation difficile. Il a fait preuve de cœur. Troisième chose qui me frappe c’est la conclusion de Jésus. Jésus se comporte en vrai révolutionnaire, celui qui vient opérer la révolution de l’amour. On a donné à Jésus beaucoup de titres christologiques : Christ, Sauveur, Messie, Maître, etc.

On a oublié un titre important : Jésus le révolutionnaire. Il inverse la question du docteur de la loi, notre question, à savoir qui est notre prochain, pour poser la question autrement : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ?» (Lc 10, 36).

C’est donc à toi et à moi que Jésus, le Dieu différent, différent du Dieu que nous créons à notre image et notre ressemblance, pose cette question.

Comme le docteur de la loi, notre réponse est claire : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui » (Lc 10, 37a). Il ne suffit pas encore une fois de donner la bonne réponse, de manière théorique. C’est ainsi que Jésus conclut en disant, comme une sorte d’injonction qu’il lui fait et nous fait : « Va, et toi aussi, fais de même » (Lc 10, 37b). « Va », c’est l’envoi en mission.

Oui, aujourd’hui, comme il y a quarante-quatre ans, Jésus m’envoie et nous envoie tous : « Va » nous dit-il. Il nous envoie pour aimer. Le 9 juillet 1978, le Cardinal Malula au cours de son homélie dira, en faisant le geste de l’imposition des mains : « Nous lui donnons un pouvoir ». Il a insisté plusieurs fois sur cette parole.

Et le 16 juillet de la même année, lors de la messe de prémices que j’ai célébrée à la paroisse Saint Joseph, j’ai précisé ce pouvoir reçu le jour de mon ordination : c’est le pouvoir d’aimer, de faire le bien.

Un enfant de six ans que j’avais recueilli chez moi à la paroisse Kristu Molobeli, le sortant de la rue où il vivait parce que accusé de sorcellerie et rejeté par sa famille, m’a demandé de faire de lui un prêtre : « Papa, fais de moi un prêtre comme je suis encore enfant pour que je grandisse avec ça. Fais de moi prêtre pour que je fasse du bien aux gens.

Si tu fais de moi prêtre, en sortant moi aussi je ferais de tous ceux que je vais rencontrer des prêtres, pour que nous soyons nombreux à faire du bien aux gens ». Il avait tout dit sur la mission du prêtre : aimer et faire le bien. Ce samaritain que nous qualifions de « Bon », c’est Jésus lui-même qui avec son cœur compatissant est passé sur cette terre des hommes en faisant le bien, en soulageant toutes les souffrances corporelles, spirituelles et sociales.

C’est donc lui que je suis invité à imiter, à suivre. Aujourd’hui, je renouvelle donc mon engagement à mettre à l’école de Jésus qui est une école de l’amour, une école de la bienveillance et de la bienfaisance. Jésus nous invite à quitter la religion du culte extérieur et des rites pour pratiquer la religion du cœur, la religion de l’amour. Aujourd’hui, au moment où tout le monde parle des élections, il nous faut apprendre à faire la politique avec le cœur et non avec le ventre.

Seigneur, donne-moi, donne à nous tous ici réunis, puisque nous voulons être tes disciples, tes envoyés, la force de ton Esprit pour aimer, pour faire le bien sans frontières, sans exclusive !

Donne-nous ton cœur compatissant afin que nous nous fassions le prochain de tous ceux qui sont au bord de la route, à la périphérie de la société, victime de la méchanceté et de la violence des hommes !

Fais de nous les bâtisseurs d’un monde d’amour !

Amen

Paroisse Saint Michel, le 10 juillet 2022

Abbé José Mpundu

Prêtre de l’Archidiocèse de Kinshasa

Tél. : +243818133765/+243997030932/+243856467887

Adresse électronique : jpmpundu@gmail.com

Credo

Seigneur, je crois, je m’attache à toi, je suis sûr de ta parole.

Je crois en Dieu, Non pas un Dieu vengeur ou justicier ou bourreau, non pas un Dieu qui humilie et écrase, qui veut avoir le dernier mot, non pas un Dieu qui a besoin d’abaisser l’homme pour élever sa divinité.

Je crois en Dieu Père.

Je sais qu’il a créé le monde pour l’homme, pour tous les hommes, le monde et tout ce qui y vit, les astres et le ciel et le soleil et la mer, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Je sais qu’il a créé tout cela avec le même amour et le même émerveillement et qu’il a vu que c’était bon.

Je crois en Jésus Christ, le Seigneur, le fils de Dieu, celui qui donne un sens à ma vie. Il est venu chez nous il a vécu comme nous, il est venu pour nous.

Il est le fils de Dieu et fils de l’homme, né de l’Esprit saint et de Marie, une fille des hommes. Il est allé jusqu’au bout de la vérité, jusqu’au bout de l’amour, jusqu’au bout du don.

Il a été condamné à mort,  comme un malfaiteur, au milieu de deux brigands, lui qui n’a fait que du bien, parce que le monde a du mal à accepter la vérité, à accepter la contestation, à accepter la libération.

Il y a trop de choses à changer, il y a trop de compromission à soulever. Et on préfère les ténèbres à la lumière. Il vaut mieux qu’un homme meure plutôt que tout le peuple. Mais,  il est ressuscité des morts et il est maintenant le Seigneur : il partage la gloire du Père. Il reviendra pour rendre justice aux vivants et aux morts et nous serons toujours avec lui.

Je crois en l’Esprit de Dieu par qui le monde reçoit la vit, par qui le monde reçoit l’amour et qui rend possible toute justice et possible tout espoir. Je crois que nous ne sommes pas des individus isolés ; nous sommes un peuple, le peuple de Dieu, une famille, son Eglise, signe d’unité et d’amour, signe de la présence et de la tendresse de Dieu.

Je crois que le monde est déjà sauvé que la mal est déjà vaincu et que l’homme est déjà transfiguré, déjà ressuscité.

Mais,  je sais que cette résurrection doit se faire de jour en jour jusqu’à ce que nous devenions semblables à Dieu, en le voyant tel qu’il est.

J’attends un monde nouveau, je ne l’attends pas, je le construis,  je l’achève – avec les hommes, mes frères – car je sais que l’Esprit de Dieu plane sur le monde pour que naisse le Royaume de Dieu.

(Tiré du livre de Paul Grostefan, … car Dieu répond, Desclée, 1971, p.85-89) 

Prions pour la paix Seigneur, tu as dit à tes apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix».

Cette paix, la tienne, n’est pas comme celle du monde. Elle n’est pas dans l’ordre établi, lorsque cet ordre est celui des puissants et des grands qui écrasent les faibles et les petits.

Elle n’est pas dans le silence, lorsque le silence naît de la peur de la répression. Elle n’est pas dans la résignation, car la résignation est indigne de l’homme.

Ta paix, c’est l’amour pour tous ; un amour qui donne, qui se donne et qui pardonne ; ta paix, c’est la justice pour tous ; une justice-miséricorde qui détruit le mal et sauve le malfaiteur ; ta paix, c’est la vérité pour tous, cette vérité qui libère et qui aide à grandir.

Aussi, Seigneur, ne regarde pas notre péché, le péché qui divise et qui humilie et qui écrase. Mais,  regarde notre bonne volonté. Transforme notre cœur, fais germer l’amour. Nous croyons en toi, nous croyons en ta paix, puisque tu nous l’as promise. Donne-la-nous et nous la donnerons au monde.

(Tiré et adapté du livre de Paul Grostefan, … car Dieu répond, Desclée, 1971, p. 98-99)

Prière

Viens et vois Seigneur, j’ai regardé le monde, Seigneur, j’ai regardé les hommes. J’ai vu la misère des pauvres et j’ai entendu leur silence.

J’ai vu toutes ces filles laides qui ne comptent pour personne. J’ai vu ces enfants abandonnés par leurs parents et ces parents abandonnés par leurs enfants.

J’ai vu les hôpitaux qui sont devenus des mouroirs et les cimetières qui ne désemplissent pas. J’ai vu la masse des opprimés, ceux qu’on rejette, ceux qu’on méprise, tous ceux qui travaillent sans avoir un mot à dire, sans avoir une responsabilité à prendre.

J’ai vu tous ceux qui n’ont pas le bras assez long pour défendre leurs droits. J’ai vu ceux qui ont faim et soif de justice.

J’ai vu la foule des meurtris et des résignés.

J’ai vu aussi les guerres et le sang des guerres. Et j’ai entendu, comme une rumeur de grandes eaux. J’ai entendu le silence des pauvres et la colère des jeunes.

Et j’ai senti que c’était ton silence et ta colère. 

Car,  tu es Père et ce sont tes propres enfants qu’on meurtrit et qu’on humilie. C’est toi qu’on rejette et qu’on bafoue. Et j’ai perçu, dans le silence des petits et dans la colère des jeunes, j’ai perçu ton appel, discret et insistant : « Viens et vois ». Et j’ai peur. Il y en a d’autres, Seigneur, prends-en un autre. Moi, je ne sais pas. Moi, je ne peux pas.

Moi, je n’ose pas. Mais je connais ta réponse. Tu nous appelles tous, il n’y a pas d’autres.

Me voici, envoie-moi. Mais viens aussi. J’ai besoin de ton Esprit.

J’ai besoin de ta force. J’ai besoin de ton souffle de vie. J’ai besoin de ton dynamisme créateur. Donne-nous un cœur nouveau, un cœur de chair, un cœur qui bat.

Donne-nous des yeux nouveaux, des yeux qui voient et des oreilles qui entendent, des yeux qui voient dans la nuit et des oreilles qui entendent le silence. Le silence de ton appel.

Le silence de ton silence. Et ne me laisse pas seul.

Aide-moi à voir  qu’autour de moi d’autres hommes et femmes rêvent d’un monde nouveau, d’autres hommes et femmes essayent de faire du neuf et de préparer le paradis.

Je sais, Seigneur, qu’ils sont nombreux ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui ont faim et soif d’amour. Je sais, Seigneur, qu’ils sont nombreux à être levain et sel et lumière.

Aide-moi à les trouver et aide-nous à partir, la main dans la main pour lutter contre l’injustice, contre la mort et la faim et la guerre, contre l’oppression et la répression.

Donne-nous, Seigneur, de croire que déjà la mort est vaincue, que déjà l’amour est semé, que déjà les champs murissent pour la moisson.

Aide-nous à croire que tu es là au cœur de nos vies, avec nous, que tu inspires notre lutte, et que tu soutiens notre combat pour que l’homme renaisse et que le monde aboutisse.

(Tiré et adapté du livre de Paul GROSTEFAN, …car,  Dieu répond, Desclée, 1971, p.15-18)

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