
Aucune convention illicite, ni entente occulte, ne prévaudra sur l’Etat Congolais, autorité régulatrice des initiatives publiques et privées, régis par la Constitution et les Lois de la République. Raisonné par cette vérité imposable à tous, puis conscient de ses responsabilités en tant que Ministre d’Etat à l’Urbanisme et Habitat ainsi qu’en sa qualité de «Patron des villes congolaises», Pius Muabilu Mbayu Mukala a annoncé une série de mesures drastiques prises à l’endroit de quelques constructions anarchiques de Kinshasa la Capitale. Plus précisément, ces décisions seront en premier lieu appliquées, très incessamment, d’abord sur l’ensemble des constructions anarchiques longeant la rivière Makelele, en-dessous du pont portant le même nom. Ensuite, sur les constructions en cours localisées à quelques encablures de l’Hôpital Général de Référence de Kintambo, en diagonal de la station d’essence Engen. Et enfin, sur un immeuble en construction violant les règles du plan urbanistique de sa localisation, repéré dans la commune de Bandal/Sinkin.
L’Etat Congolais ne meurt pas !

Ces mesures sont consécutives à une visite d’inspection sur ces différents sites, effectuée par le Ministre d’Etat à l’Urbanisme et Habitat, ce mardi 23 août 2022, sur instruction du Président de la République et du Gouvernement. Face à la presse, à qu’il a fait le point de sa descente sur terrain, à son Cabinet de travail, Pius Muabilu s’est dit écœuré par ce constat qui, en cas d’intempéries diluviennes et incontrôlables, pourraient de nouveau reproduire les faits dramatiques de 1990 et 2018 ayant enregistré la perte en vies humaines de nombreux Kinois.
Prenant le cas de constructions anarchiques longeant la rivière Makelele, il a rappelé lors du drame de 1990, le Gouvernement de la République avait indemnisé les familles victimes et les avait installés respectivement, aux quartiers Mpasa 1 et 2. Mais, face à la persistance de la population à s’obstiner à résider sur cette zone périlleuse et la complicité des services régaliens de l’autorité urbaine de la Ville-province de Kinshasa, Pius Muabilu a déclaré, à haute et intelligible voix, que les propriétaires de ces constructions, une fois leurs habitations démolies, «ne seront plus indemnisés».
Ne cessant de clamer le principe selon lequel «L’Etat ne meurt pas», le Ministre d’Etat a réaffirmé que les décisions prises contre ces constructions anarchiques vont permettre d’éviter de nouveaux drames humains, environnementaux et sociaux de la population de Kinshasa.
«La météo qu’on annonce sur Kinshasa avec le changement climatique dans le monde peuvent nous endeuiller. Quand le Chef de l’Etat, dans sa vision prudente et futuriste, m’envoie sur terrain, il sait donc que tout peut arriver», a-t-il déclaré.
Mesures en respect des lois de la République
Renchérissant ses propos, Pius Muabilu a appuyé l’annonce de ces mesures sur base de l’Arrêté Interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 portant application de la réglementation sur les servitudes.
Spécifiquement, il a fait la lecture d’un volet de l’article 1er qui stipule : « Aux termes du présent arrêté, il faut entendre par servitudes : les espaces verts, les emprises des routes d’intérêt public conformément aux plans d’urbanisme et plans cadastraux…».
Puis de l’intégralité de l’article 3 du même arrêté qui impose : «Sans préjudice des poursuites judiciaires prévues par la loi à charge des contrevenants, toutes constructions érigées en violation des dispositions du présent arrêté ainsi que d’autres dispositions légales ou réglementaires en la matière seront démolies aux frais de leurs constructeurs ou propriétaires sans aucune indemnité».
Annonce d’une énième campagne de sensibilisation
Par ailleurs, Pius Muabilu a laissé entendre qu’il soumettra sur la table du Premier Ministre et Chef du Gouvernement, Jean Michel Sama Lukonde Kyenge, une proposition devant actionner la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation aux populations environnantes devant durer, selon ses dires, «4 à 5 mois».
Quid sur le Guichet Unique de l’obtention du Permis de construire ?
«Il faut réformer le secteur de l’Urbanisme et c’est bien ce que poursuit le Chef de l’Etat. Bientôt là, nous aurons un Guichet Unique pour l’obtention du Permis de Construire. Nous sommes en train de terminer les structures qui vont nous permettre d’officialiser cet établissement public où le Président de la République nommera un Conseil d’Administration. Désormais, nous n’aurons qu’un seul portail où tous les services seront représentés», a dit le Ministre d’Etat Muabilu.
Constats sur les sites
Après descente sur terrain, il est constaté en-dessous du Pont Makelele l’accroissement des immondices ainsi que l’envahissement total du lit majeur de la rivière portant le même nom. Des conclusions des experts du Ministère de l’Urbanisme et Habitat, le niveau du remblayage se trouve à environ six mètres du lit majeur de la rivière et qu’actuellement, même le lit mineur est menacé avec pour risques de remonter, une nouvelle fois, le niveau du pont Makelele. A ce lieu précis, seules trois habitations ont présenté des pièces de permis de construire, signés illégalement par les services urbains de Kinshasa.
Au niveau de Kintambo Hôpital, il est observé l’avancée des travaux anarchiques sur une vaste étendue de terre qui, autrefois, abritait le cours de la rivière Makelele qui s’étend jusqu’à cet endroit. Désormais réduit, le lit de la rivière n’est resté que mineur en prétendant construire une centaine de parcelles. Là, les services de l’Urbanisme et Habitat n’ont pas été exposés à des documents autorisant le début des travaux. Chose grave, le drainage des eaux de l’entière commune de Kintambo se trouve handicapé en raison du collecteur qui est bouché.
Enfin, sur le site de Bandal/Sinkin, un immeuble construit à 4 niveaux est érigé en violation du plan urbanistique local. Selon les services attitrés par l’Urbanisme et Habitat, cette construction ne devait se faire qu’à deux niveaux. Sur place, l’architecte rencontré peu avant la descente du Ministre d’Etat avait brandi une note de perception, document ainsi limité, signé toujours par les services urbains de Kinshasa.
John Ngoyi