Peuple en action contre la fraude électorale(Deuxième partie)
(Par Thierry NlanduMayamba. Professeur Ordinaire à la Faculté des Lettres/ Université de Kinshasa, Consultant en développement organisationnel. E-mail : thierrynlandu@yahoo.fr- tél. 0818823337)
Stratégie 5 : Actions des mouvements des femmes contre les listes non genrées
Il est question de faire jouer les électeurs et électrices pour apporter des corrections lors de certaines étapes avant les élections. Personnellement, je n’ai pas encore parcouru cette loi électorale. Mais s’il est vrai qu’une des dispositions de cette loi marchande la question de la représentation égalitaire des femmes sur les listes des partis politiques ; qu’est-ce qui empêche les organisations féminines et les hommes genrés de lancer une campagne.
Elections 2023 : « pas ma voix de femme pour ta liste sans femmes »
Je m’imagine déjà toutes ces banderoles, ces calicots, ces T-shirts, ces affiches, ces gadgets sur nos sacs, voitures et autres supports, en français et langues vernaculaires, à travers nos villes et milieux ruraux ! Le recours aux réseaux sera vivement conseillé. Fort du nombre de l’électorat féminin et de l’appui des hommes qui comprennent les enjeux de cette question, une campagne rondement menée par tous à travers le pays fera certainement réfléchir certains partis politiques si pas tous avant d’aller déposer leurs listes à la CENI.
Profil des candidats du peuple
Le but poursuivi est de rapprocher les candidats du peuple qui devra les élire. La population doit s’organiser pour mieux connaitre ses candidats. C’est notre seule chance de mettre à la tête de l’Etat des personnes crédibles au-delà de leurs partis d’origines. Pour ce faire, il faut faire connaitre les critères d’un bon candidat. La commission de l’Ethique à la Conférence Nationale Souveraine ainsi qu’au Dialogue inter-congolais en avait déterminé le profil.
Stratégie 6 : Enquêtes sur les candidats
Des animateurs de rue, de quartier, de cellule, de CVB et autres structures à la base et pourquoi pas au sein des partis politiques partageant ce souci éthique organiseront ces enquêtes avec des relais à l’intérieur, si la piste d’un candidat mène à l’intérieur.
Mais pour faciliter les choses, ceux des Congolais et Congolaises installés à doivent se refuser d’aller briguer des postes dans des régions qu’ils ont abandonnées depuis belle lurette. Des candidats du terroir seront plus faciles à pister lors des enquêtes. Ceux qui viennent de loin comme de Kinshasa, quand bien même ils seraient de la région, ne sont pas souvent sincères. Sinon, pourquoi n’osent-ils pas se présenter à Kinshasa où ils ont décidé de s’installer et où on les connaît mieux.
Pareils candidats, sauf exception, ressemblent trop souvent aux nombreux fidèles des nouvelles Eglises Indépendantes qui habitent Lemba et qui prient le dimanche à Malweka, loin des regards curieux de tous ceux qui les connaissent.
Les Congolais sont invités à faire le choix des résidents de leurs régions et non nécessairement des originaires opportunistes qui reviennent pour le pouvoir ! A ce stade, il faudra sans doute faire preuve de beaucoup de discernement pour ne pas rejeter d’emblée nos frères et sœurs, originaires ou non, provenant des milieux urbains et qui dans leurs actions, sont restés très attachés à leurs terres d’origine.
Nos enquêtes doivent être sévères pour surtout décourager tous ces aventuriers qui ont compris que l’espace du pouvoir politique est le milieu approprié pour s’enrichir vite et sans scrupule. Tout celui qui sera candidat doit savoir que sa vie sera objectivement exposée sur la place publique. Il ne s’agira pas de le calomnier.
C’est ainsi que, par exemple, les frères et sœurs de la presse auront une grande responsabilité lors de ces enquêtes. De leur objectivité dépendra l’information et sans doute le choix de beaucoup de Congolais. Mais, la presse seule ne suffit pas dans un pays comme le Congo, où certains de nos journalistes confondent mensonge et vérité et où les médias dans leurs diversités ne sont pas toujours accessibles à tous.
Ces enquêtes seront aussi l’occasion de décourager tous ceux dont les noms ont été mentionnés dans les dossiers des biens mal acquis ; des assassinats, des récents pillages, des crimes contre l’humanité, de divers trafics illicites et de blanchissement d’argent. Le peuple se doit d’exiger d’eux qu’ils en terminent avant tout avec la justice. Le peuple ne les condamne pas. Mais, ils doivent comprendre que des hommes et femmes sur qui pèsent de lourdes présomptions ont intérêt à ce que la justice les lave de tout soupçon avant de briguer un poste de responsabilité.
A cet effet, les comités de quartier, les cellules, CVB, la presse et diverses organisations doivent, dès maintenant, reprendre la publication de ces listes avec les griefs reprochés aux uns et aux autres. Les élections n’ayant pas encore commencé, ces frères et sœurs ont largement le temps de se donner ainsi une chance pour les prochaines échéances électorales.
Ces enquêtes seront aussi l’occasion indiquée de contrer les candidats ayant comme suppléants des membres de leurs familles. La stratégie 4 peut être ré-dupliquée à ce niveau cette fois pour une campagne :
Elections 2023 : non aux candidats avec des membres de familles pour suppléants
Les enquêtes à la base s’attèleront à mener des enquêtes objectifs sur les liens de parenté existant entre les candidats et leurs suppléants.
Il sera question d’élaborer et de rendre publiques des listes reprenant les liens de parenté qui lient les uns aux autres. Il faut tout faire pour que notre jeune démocratie ne soit prisonnière de quelques familles qui s’érigent en castes de quelques privilégiés, qui finissent par contrôler tous les espaces de prises de décisions et nous transforment en marionnettes ou mieux en brebis à tondre à chaque cycles électoral.
A ce stade, tous les outils de communication seront mis à profit pour faire circuler ces listes. Je m’imagine déjà toutes ces banderoles, ces calicots, ces T-shirts, ces affiches, ces gadgets sur nos sacs, voitures et autres supports, en Français et langues vernaculaires, à travers nos villes et milieux ruraux, la circulation des listes dans les réseaux, etc. !
Fort de notre engagement à tous, une campagne rondement menée par tous à travers le pays fera certainement réfléchir certains candidats et autres partis politiques avant d’aller déposer leurs listes à la CENI.
Stratégie 7 : Création d’une Commission Electorale Indépendante Parallèle.
Bien organisée, cette structure alternative sera une tour citoyenne de contrôle des élections. Les membres de cette commission seront des bénévoles à probité morale avérée, provenant de nos différentes structures de la société civile, avec pour socles nos églises à travers les cellules de base et autres cellules selon les confessions religieuses.
C’est ici que seront conçus :
Le plan et les activités de pression à exercer sur les gouvernements, la CENI et les opposants
Le programme d’éducation civique et électorale
Les stratégies concrètes et appropriées de lutte contre la fraude électorale avant, pendant et après les élections
Le calendrier des différentes actions citoyennes pour des élections transparentes
Le profil des acteurs et actrices de cette commission
Le profil des candidats et candidates que nous comptons porter au pouvoir sans tenir compte de leurs partis, car les partis ne sont que fictions au service de leurs autorités morales
Le recrutement des membres de cette commission en privilégiant ceux et celles qui sont réellement influents et actifs au niveau de nos cellules de base, paroisses, quartiers, villages, chefferies et autres collectivités
Le succès de cet engagement dépendra de son caractère bénévole et non violent
Nos frères et sœurs de Beni et Butembo peuvent nous inspirer, eux qui, lors des élections passées, ont réalisé des élections sans la CENI par défi et sans doute aussi par dépit.
Cartographie des sites électoraux
Dans chaque circonscription, les électeurs et électrices, grâce au concours de divers acteurs de la société civile, doivent revisiter la cartographie, une fois rendue publique, et révéler la distribution partisane de certains sites. En effet, c’est un secret de polichinelle. Bon nombre de politiciens au pouvoir comme dans l’opposition ont, à travers les cycles électoraux, réussi à installer de nombreux et accessibles bureaux d’enrôlement et de vote sur les sites qu’ils pensent leur être favorables. Par contre, dans les sites qu’ils jugent hostiles, ils se sont régulièrement organisés avec la CENI pour réduire le nombre des sites et si nécessaire, les placers à des endroits inaccessibles. Parmi les astuces, l’enrôlement et les élections se réalisant, comme par hasard, pendant la saison de pluie, la CENI veillera à placer certains bureaux d’enrôlement et de vote au-delà de cours d’eau que l’on traverse à pied pendant la saison sèche mais qui, en saison de pluie, se transforment en rivières torrentielles, de réelles barrières pour exclure de leur droit constitutionnel tous ceux et celles qui ne rassurent pas par leurs votes.
Stratégie 8 : Droit de regard sur la cartographie des sites électoraux
Aussi, dès la publication de la cartographie, soyons proactifs. Des équipes par CVB, cellules, quartier et autres partis politiques doivent rapidement se mettre à l’ouvrage pour rassembler les données démographiques ; dresser une cartographie parallèle qui, en toute objectivité, montrera à la CENI les congruités de sa cartographie. Si la CENI ne répond pas à nos désidératas, apportons-lui les preuves de l’importance démographique de ces sites et proposons-lui d’organiser des équipes électorales mobiles à même d’atteindre les sites non répertoriés sur sa cartographie. Dans ce cas, la logistique pourrait être prise en charge par les populations de ces différents sites avec l’aide des fonds rassemblés par les fidèles de nos églises et autres hommes et femmes de bonne volonté ! Les médecins se dotent bien de bateau hôpital pour atteindre des patients inaccessibles. Les cours et tribunaux déplacent bien les juges à travers les coins reculés de ce pays pour rendre leurs jugements. Forçons la CENI à démontrer sa bonne foi en acceptant la collaboration des populations de ces sites qui n’ont qu’une seule envie : celle de participer aux élections de 2023.
Listes électorales par bureau d’affichage
L’enrôlement des électeurs et électrices est un moment crucial qui va permettre, sur base de données démographiques souvent fantaisistes et selon les besoins, de gonfler ou réduire les électeurs et électrices dans les zones favorables ou défavorables aux candidats du pouvoir en place. C’est ici que la CENI s’attèle d’habitude à enregistrer les enfants en deçà de l’âge requis pour le vote, sans oublier les agents de l’ordre, les personnes décédées, disparues et les étrangers, dont on aura au préalable favorisé le séjour en terre congolaise lors des périodes d’infiltrations que sont censées favoriser les sales guerres, des conflits coûteux en vies humaines dans certaines parties du pays.
Stratégie 9 : Vérification des listes électorales par bureau d’affichage
Pour faire correct, la CENI invitera la population à vérifier les listes au moment de l’affichage hâtif de celles-ci devant les bureaux de vote. Activons-nous pour que cette opération purement formelle et fantaisiste ne se réalise plus dans la précipitation et le cafouillage avec la certitude que les électeurs et électrices qui, en milieux urbains ou ruraux, vivent au jour le jour, ne se donneront pas la peine de venir vérifier ces listes ni de les remettre en question. Organisons-nous pour ne plus être distraits : relever les anomalies t interpeller la CENI à temps afin qu’elle ne puisse pas prétendre ne pas disposer de suffisamment de temps matériel pour revisiter ces listes. Il faut aider la CENI à ne pas avancer le respect strict du calendrier électoral comme prétexte pour ne plus revisiter les listes remises en question.
L’importance de cette étape nécessite une grande mobilisation de la part du peuple. Et notre peule est capable de contrecarrer toute manœuvre à ce niveau grâce à un engagement citoyen des équipes de rues, de quartiers ; de cellules, CVB, organisations de la société civile et des partis politiques œuvrant dans les milieux où sont affichés les différentes listes. Dans chaque circonscription, autour de nos différentes structures à la base, nos équipes s’attèlent à actualiser ces listes et à les rendre public en signalant à la CENI, aux missions d’observation électorale, et au peuple congolais les correctifs proposés avec insistance par le peuple en action.
(Par Thierry Nlandu Mayamba. Professeur Ordinaire à la Faculté des Lettres/ Université de Kinshasa, Consultant en développement organisationnel. E-mail : thierrynlandu@yahoo.fr- tél. 0818823337)