Tout le pays s’est insurgé contre l’inaction de la force des pays de l’Afrique de l’Est face au M23. A Goma hier, lundi 13 février, les étudiants des instituts supérieurs et universitaires du Nord-Kivu ont investi la rue, calicots en mains, scandant des slogans hostiles à ces troupes de l’EAC. C’est alors que cette force de l’ EAC tentant de sortir de sa torpeur, a fixé un chronogramme actualisé du retrait du M23 axé sur trois phases. Ce, après s’être rendu compte du non-respect des précédentes échéances décidées lors d’un sommet des chefs d’État organisé en novembre 2022: à savoir le cessez-le-feu et le retrait des rebelles du M23 des zones occupées.
Dans un document relayé par plusieurs médias, les chefs d’état-major de l’EAC prévoit ainsi le retrait, du 28 février au 10 mars, il concerne Kibumba et Rumangabo, des zones que le M23 est d’ailleurs censé avoir déjà rendues à l’EAC, mais aussi les localités récemment conquises sur l’axe Sake-Butembo.
Du 13 au 20 mars, ils doivent se retirer des zones centrales du Nord-Kivu, celles autour du parc des Virunga et du 23 au 30 mars des positions conquises au mois d’octobre : Rutshuru et Kiwanja, mais aussi de Bunagana, première localité dont le M23 a pris le contrôle en juin.
Les chefs d’état-major des armées de l’EAC recommandent, par ailleurs, dans un nouveau déploiement des effectifs militaires que les troupes kényanes ne soient plus les seuls à occuper les zones libérées. Des troupes burundaises doivent prendre place côté Masisi, les Sud-Soudanais doivent renforcer les Kényans sur l’axe central entre Goma et le Nord du Rutshuru et les Ougandais doivent se positionner dans la partie est du territoire.
Cependant, pour appliquer cette nouvelle feuille de route, un nouveau déploiement doit accompagner le retrait du M23. Une échéance qui pose la question du renfort des troupes, puisqu’à ce jour seul le contingent kényan est à Goma. Il va donc falloir acheminer rapidement des militaires burundais, ougandais et sud-soudanais.
Il sied de préciser que cette nouvelle feuille de route prévoit aussi une intervention plus large des troupes de l’EAC même de zones non-occupées actuellement par les rebelles du M23. En revanche, le document met clairement le dialogue entre les parties au cœur de la résolution du conflit et n’évoque pas une éventuelle offensive contre le M23.
Des affrontements FARDC-M23 hier lundi
Sur le théâtre des opérations, la pression militaire s’est poursuivie hier lundi. Les combats entre les FARDC et le M23 ont repris dans le secteur de Makombo près de Kingi, à environ 10 kilomètres du nord-est de la cité de Saké, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu.
Des sources sur place parlent des avancées décisives de l’armée sur les positions des rebelles dans les zones des combats de la chefferie des Bahunde. Aussi, renseignent-elles, dans le secteur de Kingi, les soldats des FARDC ont récupéré depuis dimanche 12 février, deux positions stratégiques jadis occupées par les rebelles à Makombo, à environ 1 km de Kingi. Ce qui permet aux FARDC d’aller vers le village de Kasura pour atteindre la localité de Kabati toujours au nord-est de Saké, ajoutent les mêmes sources.
Sur le front Est, les rebelles du M23 maintiennent leurs positions à Kisharo, Kiseguru et Katwigueru, sauf à Nyamilima où les groupes armés des Nyatura rodent tout autour de la cité, rapportent des sources locales. Par contre au nord de Kiwanja vers le pont Mabenga, la situation reste relativement calme. Dans les groupements de Kibumba et Buhumba au territoire de Nyiragongo au nord de Goma, la force régionale de l’EAC est visible autour de la localité de Kibumba.
Emma Muntu