Mbuji-Mayi
De là où je suis, je pense à toi et à ta fertilité.
Je pense à la maison de mon enfance
Qui avait derrière elle, un champ fécond
Entouré des divins palmiers aux noix sucrés.
Un champ aux divers légumes et divers fruits
Que je récoltais à cœur chantant sans payer.
Mbuji-Mayi
Je pense à la saison de semence où
Dans les mains des femmes, toutes les graines
Se languissaient d’être plantées afin de renaître
Sous d’autres formes, d’autres grandeurs.
Je pense à la saison de récolte où différents
Fruits envahissaient ma tendre maison.
Mbuji-Mayi
Je pense à cette culture d’inventer
Son propre pré, produire ses propres bananes,
Ses propres maïs, ses propres tomates,
Ses propres piments… autour de sa demeure.
Je pense à la houe sous un sol souple
Et malléable à tous les coups des cultivateurs.
Mbuji-Mayi
Je pense à tes avenues sans bruit des machettes,
Sans guerre violente entre les pauvres jeunes,
Le jour ou la nuit. Tu as certes tes obscurités,
Mais ici c’est plus sauvage, plus pathétique
Dans cette ville qui n’est pas toi, une ville étrange.
Ô mon beau Kasaï, Kasaï orientale, que tu es unique !
Mbuji-Mayi
D’ici, je cherche même un trait de ton visage,
Mais hélas ! Je n’en trouve pas dans cette contrée.
Et j’aimerais te dire, que je n’ai pas de champ
Autour de moi que des maisons à la place.
Je ne sème plus de ma propre main,
Je ne récolte plus mes propres fruits.
Je dépense pour tout, je paye tout .
Malgré que ce « tout » manque du naturel et de pureté.
Mbuji-Mayi
Je pense à ce peu d’innocence qui te perle
Encore, qu’importe l’existence du mal.
Je pense à toi ma bien aimée, au clair
De ma plume. Au-delà de tes défauts,
Je brandis ta coupe des valeurs exhibées
Au cœur des mots cueillis de toi.
Florence Meta