(Par le Prof. Emérite Jean Kambayi Bwatshia, Ph. D. &Recteur de l’Ifasic)
*Il n’est l’ombre d’aucun doute que la RDC est aujourd’hui, un pays de plusieurs fléaux, de l’inversion des valeurs, des folies et de l’inconscience. Bref, un pays de la culture disloquée. Nous assistons en effet quotidiennement, à des scènes dramatiques qui laissent apparaître une conscience caractérisée par une dégradation psychologique, par la perte du contact avec la réalité, par la raideur et par les efforts apparents pour nier le changement et masquer le passé-présent. Nous vivons dans un monde qui ne nous est pas familier. Notre tragédie est à la fois nationale et individuelle. Les événements échappent réellement à notre volonté. Le désordre de tout genre s’est installé. Les valeurs fondamentales nécessaires à notre survie sont avilies et utilisées pour couvrir notre dépravation. C’est, il faut le dire, une complicité et une monstrueuse trahison de notre part face à notre société et à notre jeunesse.
Heureusement, plus en profondeur, au-delà du découragement et d’une attitude contemplative ou descriptive, et au-delà de l’inquiétude, les hommes courageux sortis de tous les milieux méditent déjà sur un présent-avenir. Ils ont bien raison car la méditation du futur c’est la connaissance du présent. Ils réfléchissent en termes de projet d’une « nouvelle renaissance » pour le Congolais en sa société.
Le terme crise est fort à la mode aujourd’hui. Du médecin à l’homme de la rue en passant par le psychologue, le moraliste, l’économiste, le pédagogue, le journaliste, tous parlent chacun dans son domaine, de la crise pour signifier ou désigner quelque chose d’anormal, d’insolite qui interrompt la vie normale et qui nécessite un choix et un changement pathétique, périlleux que traverse un individu ou une société. Ce moment peut être celui où s’opère le processus du changement heureux ou malheureux pour la personne ou la société en crise. Aussi, le changement heureux exige-t-il un réajustement du comportement.
La société congolaise d’aujourd’hui, au-delà de toutes les considérations cliniques, psychologiques, ou socio-politiques, vit à l’heure du changement entendu comme cet acte, cette action de modifier, de devenir différent. Changement aussi s’opérant en terme de rupture qui s’effectue brutalement en rompant ainsi l’équilibre de notre société et s’accompagnant de la décomposition de l’appareil institutionnel, support essentiel du pouvoir. Cette rupture est également explosive et est, pour nous, un test qui nous oblige de déterminer notre comportement. C’est enfin une rupture qui se manifeste visiblement, par la violation et par la terreur ébranlant à la fois l’ordre et la société. Cette trialectique de la rupture, tout le monde le sait et l’a dit, menace notre survie. Bien qu’en étant un condensé explosif d’une série de contradictions accumulées précipitamment qui, depuis longtemps, rongeait notre société, elle ne peut durer encore.
Notre situation nous exige une remise en bon état de choses dégradées, aussi une nouvelle rigueur que nous devons donner à nos fonctions spirituelles, intellectuelles et morales disparues ou anachroniques. C’est cela le sens de notre restauration, de notre renaissance politique car la politique c’est l’engagement des hommes dans la transformation et la création de leur société. Elle est donc au centre de l’histoire.
Par cet article notre souci est de mettre à la disposition du public congolais, un instrument modeste certes, pour l’amener à une réflexion sur le devenir de notre pays. Elle se veut une façon de démontrer que c’est le « Mal congolais » tel que défini par l’actuel Chef de l’Etat, Mr Felix Tshilombo, par les opposants, par l’Eglise et par la « classe » intellectuelle zaïroise, qui se trouve à la base du dérapage au Congo.
L’approche d’une telle problématique nous a contraint bénéfiquement à déterminer la nature du mal qui a plongé le Congo dans une crise sans précédent de son histoire ; à faire voir que ce mal est un cancer, et que, s’il n’est pas cautérisé fermement constituerait une menace sérieuse pour notre démocratie naissante ; enfin à lancer un appel aux hommes qui aiment encore notre n beau et cher pays.
L’Avenir n’est pas un destin aveugle ! Nous ne le dirons jamais assez. L’homme doit faire dans sa vie un choix : les actes qu’il pose doivent correspondre à sa dignité. Pourtant, il choisit souvent très mal ; il choisit le « vieil homme ». Par ce choix, il communique au monde son mal : il participe activement au péché dans le monde.
Depuis la deuxième république jusqu’à nos jours, le mal congolais est dénoncé au grand jour par le Président de la République, l’Eglise, les Intellectuels congolais toute tendance confondue. Tout le monde, parce que découvert par chacun, peut ainsi le contempler, le huer et le désapprouver mais jamais l’abandonner. En tout cas, jusqu’à ce stade, personne ne prend ferme résolution de quitter cet état de choses qui, comme on l’a constaté a causé beaucoup de tort à notre pays. Pour tout dire, le Congo mérite mieux.