(Une réflexion du Père Matthieu Yezu Ngongo)
Troisième dimanche après la résurrection du Christ
Bien chers frères et sœurs bonjour !
En ce troisième dimanche de Pâques, dimanche dit des apparitions du Seigneur, une question mérite d’être posée : « Jésus est-il un fantôme ou un vrai ressuscité » ?
Frères et sœurs !
Nous voici encore en ce dimanche dans la joie de Pâques et cette joie se manifeste dans ce que Jésus nous donne à manger, et mange sous nos yeux et nous après lui. Quelle joie de manger au repas dont Jésus, notre Seigneur est le cuisinier ou le maître-cuisinier ? Que cela ne tienne !
A la lecture de l’évangile de ce dimanche, et après d’autres passages sur les apparitions de Jésus à ses disciples, comment douter que Jésus aime le poisson ! et qu’il semble même apprécier le poisson grillé ?
Quand il en mange avec ses disciples, on pourrait se demander si c’est pour augmenter leurs capacités intellectuelles, car, comme le disaient nos grands-mères : « manger du poisson, ça rend intelligent ». Mais, en ce domaine, il faut toute raison garder, même si des études récentes ont prouvé que la consommation du poisson agit réellement sur nos facultés intellectuelles. Quoiqu’il en soit, Jésus, au soir de Pâques, mange non pas avec ses disciples mais devant eux (Cf. Lc 24, 43).
Qu’est-ce à dire ? Pourquoi ?
Imaginons la scène tel que nous décrit l’évangile de ce jour (Lc 24, 35-48) : voyons tous ces hommes, des orientaux, volubiles et démonstratifs, parlant peut-être tous en même temps, échangeant avec animation sur ce qui leur est arrivé et voilà qu’au milieu de la discussion, quelqu’un, qui n’était pas annoncé, se trouve présent au milieu d’eux (Lc 24, 14 -16) et ce nouvel arrivant que les disciples découvrent, stupéfaits, était bien et bien mort depuis peu, et le voilà bien vivant… rêvent-ils ? Sont-ils victimes d’une illusion, d’une supercherie ? Bien chers frères et sœurs, Pour soutenir notre méditation de ce jour, je nous propose dans ce partage trois preuves de la résurrection du Seigneur partant des lectures de ce jour plus spécialement l’Evangile.
1. La preuve du manger ou du poisson grillé Jésus va d’abord essayer de leur parler, puis va leur proposer de toucher son corps… mais voyant qu’ils ne sont pas convaincus, Il use d’un dernier argument : Il mange sous leurs yeux, car si un esprit peut abuser les sens, il (cet esprit) ne saurait manger… donc, grâce au poisson grillé, Il arrive finalement à les convaincre que c’est bien Lui, Jésus, en chair et en os, qui se tient devant eux. (Cf. Lc 24, 42-43) Voilà pourquoi Jésus mange : il faut que ses disciples sachent que cet Homme réel, corporel, bien vivant, c’est bien celui qu’ils ont connu, et qui est donc vraiment ressuscité. Plus tard, ils comprendront qu’il faudra témoigner de cette résurrection et que pour prouver qu’ils croient réellement à Jésus ressuscité, il leur faudra manger à leur tour : manger pour croire et peut être pour être sauvé : moment que nous vivrons en cette eucharistie pendant la sainte communion. Mais alors, à ce moment-là, ce ne sera plus Jésus qui mange une nourriture terrestre pour prouver qu’il est vivant et ressuscité (Cf. Lc 24, 43), ce sera Jésus qui sera consommé, ce sera Jésus que ses disciples, (que nous-mêmes) devront manger comme nourriture céleste pour qu’il leur donne (pour qu’il nous donne) déjà la vie éternelle et que nous soyons sauvés. Et aujourd’hui encore, nous allons consommer Jésus qui s’immole quotidiennement pour nous. Et on le sait que le signe de reconnaissance des premiers chrétiens, était le poisson, dont le mot grec Ichtus, constituait l’acrostiche de Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur.
2. Après la preuve par le poisson, il y a la preuve par l’arbre : l’arbre de la Croix Jésus ouvre l’intelligence de ses disciples à la compréhension de ses souffrances. « Il fallait que le Messie souffrît pour entrer dans sa gloire » Lc 24, 45. Or, pour ses disciples, c’était le scandale qu’ils avaient du mal à accepter. Le Messie, ils pensaient tous qu’Il devait triompher comme un roi et le voilà qui avait fini lamentablement sur le bois de la croix. Eh bien, reconnaissons-le, leurs réactions scandalisées sont un peu les nôtres. Régulièrement, aujourd’hui encore, nous voudrions que l’Eglise s’impose dans le monde des affaires humaines, qu’elle réussite, qu’elle ait du succès : car tant de voix de la modernité et de la mondanité lui soufflent : adapte-toi, ne sois pas différente des autres, fais comme tout le monde… Régulièrement aussi, pour nous, nous voulons que notre cheminement personnel aille de réussite en réussite, comme si la sainteté était au terme d’une progression édifiante…
Autrement dit, comme les Apôtres, on veut faire l’économie du renoncement, de la souffrance, du mépris, de la croix et même de la mort. Autrement dit, comme les Apôtres, et malgré notre attachement à Jésus, malgré l’amour que nous lui témoignons, nous voulons faire trop souvent l’économie de la souffrance et de la croix. Or, le discours de Jésus est clair : le chemin vers Dieu n’est pas compatible avec l’éclat du succès, tel que le monde peut donner. Ce chemin est celui des béatitudes. Certes, Dieu permet-il à l’un ou l’autre, un succès auprès du monde, par ses paroles ou par son action en faveur du prochain. Or, ce succès n’est qu’apparent. Il n’est que pour le bien des autres… ce n’est jamais en lien direct, avec mon progrès personnel qui, lui, se réalise toujours selon une loi immuable : incarnée dans la personne même de Jésus, qui est l’obéissant parfait : c’est l’accueil de la souffrance et de la mort, sous ses multiples formes. C’est alors que la croix, preuve de Jésus pour nous, apparait à ses disciples comme un tournant nécessaire et décisif de leur existence, et non pas comme un obstacle ou encore comme une catastrophe. (Cf. Lc 24, 44) Voilà une grâce pascale à demander à Jésus ressuscité. Qu’il nous donne, et la grâce de nous réjouir d’être de ressuscités avec Lui, vainqueur du péché et de la mort, et en même temps, celle d’accepter comme Lui la souffrance et la mort comme nécessaires biens pour être glorifiés avec Lui dans la joie, la vie éternelle.
3. Enfin, il y a la preuve par l’intelligence Je veux dire par là que Jésus ne s’est pas seulement adressé aux sens, et surtout aux yeux de ses disciples qui ont vu quelqu’un manger, ou à leur foi pour qu’elle accepte la croix. Il s’est adressé aussi à leur intelligence, pour qu’elle comprenne, dans les Ecritures, tout ce qui Le concernait. (Cf. Lc 24, 45) Il l’a fait en faisant appel à leur mémoire et à leur savoir. Oh, les Apôtres n’étaient pas des docteurs, ils n’étaient pas des scribes ou des savants, mais ils avaient suffisamment de mémoire pour connaitre les Ecritures, et ils ont bien compris ce que Jésus leur révélait. Ils ont pu ainsi accéder au mystère de l’œuvre divine, du dessein de Dieu sur les hommes pour leur apporter le salut, par l’incarnation et la résurrection de son Fils Jésus (Ac 3, 13-19). Ainsi, la leçon pour nous, frères et sœurs, c’est Saint Jean qui nous la propose : « celui qui dit je le connais et qui ne garde pas ses commandements est un menteur » (1Jn 2, 4).
Autrement dit, il nous faut connaître toujours plus Jésus, par notre intelligence ; une intelligence ordonnée à la loi, bien sûr, mais qui ne doit jamais se satisfaire de ce qu’elle comprend et qui toujours doit se dire : je ne connais pas assez Jésus, au sens où il faut viser à 3 l’intelligence de la Parole, à toujours la scruter pour mieux la comprendre. Dieu attend de nous, une recherche inlassable de la vérité qu’est Jésus. Soyons donc assez humbles pour reconnaitre : je dois faire des progrès pour étudier, et mieux connaitre les vérités de ma foi afin de professer : « reste avec nous Seigneur car, il se fait tard » Lc 24, 29.
Ainsi, il faut aujourd’hui que les chrétiens s’engagent dans la société, comme on les y invite, il faudrait aussi qu’ils n’oublient pas de se laisser instruire et guider par les hommes et des femmes de bonne doctrine, qui ouvriront leur esprit à l’intelligence des Ecritures.
C’est une bonne crainte de n’est pas contenter d’une connaissance partielle des choses de Dieu. Ne restons pas statiques sur le chemin de la connaissance de Jésus, décidons-nous à mieux nourrir notre intelligence pour mieux connaitre et ainsi nous serons heureux de marcher dans la lumière de sa vérité et de son amour sans craindre l’obscurité de la nuit et comme les disciples, nous retournerons à Jérusalem pour nous réjouir avec tous nos frères et sœurs, les rachetés car, le Seigneur est vivant, il est vraiment ressuscité Alléluia, Alléluia.
Puisse Dieu bénir sa parole et nous ouvrir à l’intelligence afin de marcher dans la lumière de sa vérité, Amen !
Père Matthieu Yezu Ngongo