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IN MEMORIAM MAMAN MADELEINE NZOLANTIMA DIVAYIKA MANDA DERNIÈRE ICÔNE DU CLAN NZOLANTIMA

Par La Prospérité
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Mama Nzolantima que nous pleurons aujourd’hui laisse une élogieuse et longue histoire derrière elle et qui mérite bien d’être racontée. C’est cette histoire, pour nous qui l’avons connue, que nous présentons, pour la première fois, au public, à travers ces lignes. Si l’entourage extérieur fera toujours cette inévitable connexion avec celui qui avait été à ses côtés durant leur long mariage, le feu Adrien Nzolantima Kiakuzua, propriétaire de ce qu’a été hier, les Etablissements Nzolantima, dans les pages qui suivent nous présentons affectueusement ‘’Notre’’ maman, la mère d’une multitude d’enfants, la nourricière de tant des neveux des nièces de son mari, l’accueillante au sourire perpétuelle des visiteurs passagers qui se présentaient, plusieurs fois sans s’annoncer, sur sa résidence sur la rue Oshwe N0 53 dans la Commune de Dedanle (Kasavubu). C’est l’histoire d’une icône, la dernière, du clan Nzolantima, dont le nom reste gravé, à perpétuité dans nos mémoires; lequel nom vivra éternellement à travers les petits-fils et petites-filles ainsi que les derrière-petits-fils et derrières-petites-filles qui portent et qui porteront fièrement et pour toujours le nom Nzolantima. Une multitude de personnes en permanence dans la résidence. La résidence Nzolantima sur la rue Oshwe N0 53 ressemblait perpétuellement à un carrefour de rencontre d’une multitude des personnes. Maman se remarquait toujours par ce sourire planqué sur sa face, peu importe les circonstances et toujours prête à saluer, à servir et à mettre à l’aise tout visiteur ou toute visiteuse qui franchissait la porte d’entrée. Outre ses propres enfants, les neveux et nièces de son mari, d’interminables visiteurs attendus et inattendus, sans compter une marmaille des domestiques et des chauffeurs, il y avait toujours la présence des autres enfants, ceux qui venaient de Gemena N0 17 dans la même commune. Ce sont les enfants de son beau-frère, Papa Daniel Biantondo, le frère ainé de son mari. De ce groupe figure l’écrivain de ces lignes. Le nombre des personnes dans la parcelle, surtout pendant les grandes vacances, pouvait alors bien atteindre la vingtaine. L’on pouvait alors égorger une chèvre ou dépaqueter un carton des poulets qui feront les délices d’un grand repas pendant la journée pour se retrouver prendre du thé le soir, tellement que rien de consistant et à nourrir tout le monde ne restait du festin de la journée. Tout ceci se passait devant la face toujours souriante de l’icône, notre ‘’Maman.’’ Entre enfants, il s’était développé un jargon pour distinguer ceux qui résidaient en permanence à Oshwe et ceux qui visitaient. L’on appelait, ainsi, le groupe des enfants visiteurs comme ‘’Bana Gemena’’ en opposition aux ‘’Bana Oshwe.’’Chacun savait pertinemment bien de quel groupe il appartenait. Il va sans dire que les ‘’Bana Oshwe’’ affichaient continuellement un complexe de supériorité. Après tout, eux s’exprimaient en Français, signe de supériorité. Moi, personnellement, je n’avais aucun problème de m’imposer tellement mon bulletin scolaire exhibait toujours des 60 à 65%, exactement comme Papa Nzolantima l’exigeait. De même, nos mamans étaient aussi catégorisées. Nous avions ainsi ‘’Mama Oshwe’’ qui devenait plus tard, ‘’Mama Mbinza’’ (lorsque la famille Nzolantima, comme toute famille riche qui se respectait à l’époque) allait vivre dans la nouvelle résidence érigée et suspendue sur la colline Mbinza, en opposition à la ‘’Mama Gemena’’ lorsqu’il s’agissait de la femme de Papa Biantondo. Quelle que soit les circonstances, quelle que soit la période, Mama Nzolantima évoluait avec grâce, maturité et dignité. Si elle était la patronne de la famille Nzolantima, tous les enfants, ‘’Bana Gemena’’ tout comme ‘’Bana Oshwe’’ sans exception aucune, nous nous sentions aimés. En aucune foi cela pouvait être autrement. Nous nous trouvions à table, chacun gagnant sa place comme Maman le voulait. La seule distinction observée sur la table de repas était plat au côté du quel été ajouté un gros verre. Tout le monde savait alors que c’est la place de Papa. Ce gros verre m’avait personnellement très marqué que j’avais juré que moi grandi, je boirai toujours mon eau ou ma boisson dans ce genre de verre. Aujourd’hui, presque 50 ans après, je prends toujours ma boisson dans un gros verre, exactement comme c’était le cas de Papa Nzolantima durant notre enfance. Le réveillon du Nouvel-An Dans les années 63-70, les réveillons du Nouvel An étaient une affaire familiale lorsque les deux familles (Gemena et Oshwe) ainsi qu’une marmaille d’amis et connaissances se réunissaient à Oshwe dans l’attente de la nouvelle année. La radio-meuble vomissait ainsi de la musique, la nourriture servie à gogo et les boissons sucrées ou alcoolisées distribuées équitablement à tous les enfants et visiteurs sous la grande supervision de ‘’Mama Oshwe.’’Un ami de famille, Oncle Doko, attirait particulièrement l’attention de tout le monde. Il était le beau-frère de Papa Biantondo et Papa Nzolantima ; le frère ainé du mari de leur sœur. Vendeur ambulant des boudins, Papa Nzolantima l’avait surnommé ‘’Boudin.’’ Le soir du réveillon, il se présentait tôt. Maman lui servait sa nourriture tôt et il commençait à boire de la bière abondamment tôt. Aux environs de vingt-heures, il était déjà soul, s’étalant négligemment sur une chaise si bien qu’il ratait toute la fête et surtout ‘’Minuit’’ que tout le monde attendait impatiemment. Il reprenait conscience une ou deux heures après minuit lorsque tout le monde se sentait fatigué pour avoir dansé ou bu toute la nuit. – « ‘’Boudin’’ tu viens d’où ? » lui demandait alors Papa Nzolantima. – ‘’Feti e bandi ?’’ (La fête commence quand ?) voulait-il s’en quérir. Sous le cri de joie et les rires de tout le monde, on lui fit comprendre que ‘’Feti e sili. Olala ki… !) (La fête vient de prendre fin. Tu étais endormi. ‘’Maman Oshwe’’ lui servait, alors, une fois de plus, sa nourriture. Oncle Doko pouvait alors recommencer à boire. Seul. Fêtant seul. A sa manière ! La même scène se recommençait chaque année. Des domestiques avec tant d’autorité ! Maman avait sous ses ordres une poignée des domestiques et venaient et qui partaient. Deux parmi eux avaient survécu la pression familiale et qui avaient gagné la confiance de maman au point d’oublier, plus d’une fois, la raison principale de leur présence dans la résidence ; deux domestiques qui avaient également mérité la confiance des enfants au point de les appeler tous les deux ‘’Mbuta’’ (grand). Ce sont les domestiques les plus connus et les plus stables qui, maintes parfois, confondaient leur rôle. Il s’agit de: ‘’Mbuta’’ Tharcisse, le cuisinier et ‘’Mbuta’’ Juverner, le lavandier. Ce sont des travailleurs sur qui Maman avait jeté tout son dévolu et sa confiance. En retour, ces derniers lui témoignaient toute leur totale dévotion, tout savoir-faire et toute obéissance. ‘’Mbuta’’ Tharcisse en particulier, avait gagné la confiance de sa patronne au point où il se considérait membre de la famille. Il y avait tellement du monde dans la résidence que Maman lui avait confiéla garde des frigos pour empêcher ‘’tout le monde’’ de se servir à volonté, des boissons sucrées, voire même de l’eau ‘’tapée’’ (du jargon de l’époque). Il arrivait des moments où nous formions des groupes. Un enfant va détourner l’attention de ‘’Mbuta’’ Tharcisse pendant qu’un ou deux autres vont s’approprier ce dont on avait besoin (boisson sucrée, charcuterie…) ‘’Mbuta’’ Tharcisse s’en apercevait trop tard et ce sont des ‘’Bigogo’’ qui pleuvaient sur nos têtes : – O’zo sakanana ngai? Yo mutu ozali ‘’Patoro’’ (Patron) na ngai? Lelo oko liate ! (Aujourd’hui tu ne manges pas), comme s’il avait le pouvoir de décider qui mange ou qui ne mange pas. Durant le week-end, ‘’Mbuta’’ Tharcisse disposait du pouvoir de réquisitionner deux ou trois enfants, selon sa volonté et son autorité. Il les présentait alors avec deux douzaines d’œufs, une bouteille de vinaigre et celle d’ huile d’olive que nous appelions « huile d’or ». – Bino batu bokosala Mayonnaise lelo. Bobebisa te. (C’est vous qui allez produire de la Mayonnaise, aujourd’hui. Pas de rouspétance.) Ses ordres étaient sans appel. Il n’avait des comptes à rendre qu’à Maman. Et maintes fois, ce qu’il voulait témoignait toujours de la volonté de sa patronne. Les enfants choisis ou réquisitionnés étaient alors appelés à casser 24 œufs, séparant le jaune d’œuf du blanc. Les vingt-quatre jaunes d’œuf était alors mélangé ensemble pour produire une quantité respectable dans laquelle on y ajoutait répétitivement et à tour de rôle, une cuillerée d’huile et de vinaigre, battant, mélangeant le tout jusqu’au moment où toutes les deux bouteilles étaient vides. A la fin les enfants réquisitionnés venaient ainsi, de produire un bowl de Mayonnaise pour le déjeuner des deux ou trois jours qui suivaient. Ce bond, ces relations entre travailleurs consciencieux qui n’avaient des ordres à recevoir que de leur ‘’Maman’’ et les enfants demeuraient intacts jusqu’au moment où certains enfants commençaient vraiment à grandir au point de récupérer leur place d’ayant droits pour s’imposer dans la hiérarchie familiale. C’était le cas de ‘’Mbut’Alphonse Munday (le neveu ainé de Nzolantima) ou de ‘’Mbuta’’ Bona (l’enfant ainé de la famille) auprès de qui ‘’Mbuta’’ Tharcisse ou tout autre domestique ne disposait plus d’autorité sur eux. Des souvenirs qui ne s’oublient jamais Le 31 mai 1982 j’atterrissais à Bruxelles/La Belgique en transit pour mon voyage aux USA. De Kinshasa à Bruxelles, je faisais mon voyage en compagnie de Bernadette, l’une des filles de Papa Ndombasi (Ndombas Congo) Les Kinois de mon âge se souviendront. Nous avions atterri à Bruxelles aux environs de 6 heures du matin et j’accompagnais Bernadette vers leur résidence où Papa Ndombasi attendait. A 10 heures, Bernadette allait me déposer chez la famille Nzolantima. J’avais trouvé celle qui était devenue ‘’Mama Mbinza’’, Colin, Bita, Magloire qui n’avait que 8 ans, tous aux études et Charlotte, pour es soins médicaux. Maman m’avait reçu à bras-ouverts et comme toujours, s’était mise à s’occuper de moi avec une attention soutenue. Durant tout mon séjour à Bruxelles, je ne m’étais jamais plaint de rien. Maman m’avait emmené au marché ouvert où, pour la première fois, un Algérien me servait d’un Hamburger. Tous les enfants m’avaient témoigné rien que de l’amour et Charlotte, en particulier, s’occupait de mon ‘’Semoule’’, encoure du nouveau pour moi. Colin me faisait promener dans Bruxelles, tant qu’il pouvait, ayant très pris par ses études. Le 6 juin 1982, Colin m’avait accompagné à l’aéroport pour les USA. Il m’avait remis 1.000,00 Belges. Ce sont des souvenirs qui ne s’effacent jamais d’un esprit sain. Deux ans plus tôt, le 31 décembre 2020, mon frère Lutho Nzolantima m’avait mis en contact avec ‘Mama Mbinza.’’ Nous avions longuement causé, déterrant et nous mémorant certains souvenirs. La voix de Maman était clair, malgré son âge avancé. Me souhaitant un bon séjour aux USA, des larmes aux yeux, je lui avais dit combien je l’aime et je lui avais remercié d’avoir pris soins de nous, de moi en particulier sans aucun signe d’injustice, depuis Oshwe N0 53 jusqu’à sa nouvelle résidence à Mbinza. Ces lignes sont publiées, pour l’éternité, afin de rendre témoignage à cette dernière icône du Clan Nzolantima, ‘’Mama Oshwe’’, ‘’Mama Mbinza’’ que nous tous, ses enfants, ses petits-fils et petites-filles, derrières-petits-fils et derrières -petites-filles ainsi tous les amis et connaissances pleurons aujourd’hui. Adieu Maman ! 28 octobre 2023 Adieu Maman… ! 28 octobre 2023

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