(Par Albert Lutete, Expert Economiste du CERPEC ASBL)
- Contexte favorable à la promotion de l’entrepreneuriat congolais
La lutte pour l’indépendance économique et l’impératif de prise en main de l’économie nationale, ont amené le gouvernement à adopter une politique volontariste de promotion de l’entrepreneuriat congolais.
L’Ordonnance-loi n° 22/030 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des startups a institué le Comité National de Pilotage de l’entrepreneuriat (CNPE) et un programme national de l’entrepreneuriat.
Dans la foulée de réformes, le programme de développement local des 145 territoires (PDL145T) initié par le Gouvernement, a ouvert dans la vie des populations des perspectives toutes nouvelles, notamment la participation des PME congolaises à la réalisation des projets d’investissement public.
En fait, le processus d’internalisation de politique économique permettra d’accroître le contenu local ou les activités économiques autochtones rattachées aux grands projets d’investissement public dans les secteurs de l’éducation, la santé, l’agriculture, l’énergie, du transport, des routes et autres infrastructures. (www.economie-developpement.com)
Parallèlement, l’ARSP, l’ANADEC, le FOGEC et le FSPEEJ ont déployé des efforts appréciables dans l’encadrement des jeunes entrepreneurs et startups locaux. L’objectif est de promouvoir l’entrepreneuriat national, au moyen de l’information et la formation théorique et pratique sur l’accès des entrepreneurs au financement des projets et aux marchés publics ou privés, afin de favoriser l’émergence des classes moyennes congolaises.
- Promotion de l’entrepreneuriat local dans les principales filières économiques
En améliorant les politiques publiques, plusieurs filières peuvent être développées pour attirer les investisseurs particulièrement les entrepreneurs nationaux.
Il s’agit notamment de la professionnalisation et autonomisation des agriculteurs à travers les sociétés coopératives, la substitution des importations alimentaires et la création d’un marché intégré des produits vivriers, la filière manioc comme succédané de blé dans la panification, le développement du textile et modèles africains, la participation obligatoire de l’actionnariat local dans les grandes industries, la sous-traitance dans la production minière, le regroupement des distributeurs des produits manufacturés en coopératives participant au capital des industries (brasseries, cimenteries, sucreries, huileries…), l’environnement et le tourisme, la promotion et professionnalisation des sports, musique et culture, la protection de la propriété intellectuelle, la promotion du numérique et des métiers du futur, la recherche et l’industrialisation de la pharmacopée traditionnelle…
Dans cette perspective, le gouvernement ne devrait plus se disperser dans des programmes poursuivant des objectifs diffus, mais plutôt mener un diagnostic afin de déterminer les secteurs qui peuvent dégager des économies externes, en priorité l’agriculture.
- Promotion de l’entrepreneuriat dans le secteur agricole
La RD Congo dispose de 80 millions d’hectares de terres arables dont seulement 10% sont mises en valeur, et 70 % de la population active travaille dans l’agriculture.
Le défi de la souveraineté alimentaire nous prescrit d’exploiter les chaînes de valeur de produits vivriers, au regard de l’évolution des modes de consommation alimentaires, de la croissance démographique et de l’urbanisation débridée.
Aussi, en application de la loi n° 11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture, le Gouvernement se doit de mettre en place le Conseil consultatif national de l’agriculture comme cadre de concertation sur toutes les questions relatives à l’agriculture. Le Conseil regroupera tous les intervenants publics et privés à l’activité agricole y compris les communautés locales sous forme de coopératives.
En effet, les exploitants agricoles de type familial ou industriel devraient adopter la forme des sociétés coopératives pour se muer en vrais entrepreneurs agricoles. Grâce à l’action coopérative, les propriétaires terriens, les paysans, agriculteurs ou artisans, pourraient de nouveau se regrouper, dans un esprit coopératif, au sein des unités de production autrement structurées, utilisant des méthodes de gestion les plus efficaces, soumises à la surveillance mutuelle et fonctionnant pour la satisfaction prioritaire de leurs besoins existentiels (nourriture, habitat et hôtellerie, santé, énergie, transport et communication, formation, protection civile, épargne et investissement, sports et loisirs…) (cf. A. Lutete, “Le nouveau système coopératif africain, Tome I, BESCIF 2018)
En appui à cette réforme, il serait urgent de parachever la réforme agraire en octroyant des titres de propriété inaliénables aux villageois regroupés en coopératives, afin que ces dernières participent aux joint-ventures avec les investisseurs s’installant sur leurs terres.
Mais, au préalable, le problème d’absence de financement de l’agriculture et, surtout, celui d’expatriation de revenus créés en RDC par les sociétés multinationales doivent être résolus.
- Réforme de la Banque centrale et financiarisation des milieux ruraux
Au niveau interne, la banque centrale devra renforcer la supervision et veiller à la solidité du système financier national, en vue de tisser les liens entre institutions financières monétaires. Pour les PME, une plateforme pourra relier les coopératives d’épargne disséminées dans les zones rurales, mais directement branchées au réseau des compagnies de télécommunications et servant d’agences pour les opérations de dépôts et paiements du système mobile banking.
Dans l’objectif de généraliser l’accès des populations démunies aux services financiers formels, la politique de bon aloi serait d’encourager la compétition entre les banques commerciales. Plus elles seront, en effet, exposées à la concurrence dans leurs activités traditionnelles, plus elles chercheront à se diversifier vers d’autres créneaux, y compris les services aux ménages pauvres.
Lorsqu’un pays réussit la financiarisation du milieu rural par des institutions fiables, les zones rurales deviennent des pôles de développement sous l’égide d’entrepreneurs locaux. Du coup, la réforme de la banque centrale et la modernisation du système financier national deviennent pour notre pays la priorité des priorités.
Pour ce faire, la BCC mettra en place le système centralisé des paiements afin d’universaliser les cartes bancaires, ainsi que la centrale des risques, permettant de réduire les risques de crédit et de renforcer la stabilité des institutions financières.
D’autant plus vrai que le processus qui va se déclencher par la création de revenus supplémentaires dans le secteur agricole, grâce au relèvement du rendement à l’hectare par les sociétés coopératives, s’amplifierait par la constitution, au niveau de chaque territoire, des coopératives d’épargne et de crédit solidement structurées. Ces dernières apporteront la sécurité et les opportunités d’investissements qui inciteront les ménages ruraux à effectuer régulièrement des dépôts dans le système financier.
Par l’effet multiplicateur des taux de réserves obligatoires et du taux d’intérêt, fixés par la Banque centrale, celle-ci pourra également encourager les intermédiaires financiers ruraux en accordant, en fonction des revenus réellement créés dans le secteur agricole, des crédits aux banques qui opèrent dans les zones rurales, sans se départir de ses objectifs de contenir les tensions inflationnistes.
A travers les banques commerciales remotivées, les banques agricoles, les organismes de microfinance et les coopératives de crédit, le système financier national devrait recycler dans le secteur agricole les 2 milliards de dollars actuellement affectés chaque année aux importations alimentaires, ainsi que tous les autres revenus générés par les agriculteurs. Cette réforme devrait s’étendre aux institutions financières non bancaires telles que le FPI, la SONAS, la CNSS et la CNSSAP.
- Restructuration du FPI et de la SONAS
Restructurer ces deux entités par la compression des dépenses de fonctionnement en vue de maximiser les fonds d’investissement à plus de 80 % des recettes totales.
Particulièrement, le FPI devrait être transformé en une banque de développement détenant un fonds d’investissement, permettant de financer des projets bancables de grands industriels et des PME.
- Assainissement et modernisation CNSS et CNSSAP
Assainir les comptes d’exploitation de ces 2 établissements, afin de créer des fonds de pension sous forme de fonds d’investissement spécifique à la retraite par capitalisation. Ce faisant, les retraités seront des détenteurs de capital, à travers de fonds communs de placement et des fonds d’investissement, capables d’acquérir des actifs et en surveiller l’évolution des performances. Leurs fonds constitueront, en fait, un portefeuille d’actions, d’obligations et d’autres produits financiers de plusieurs sociétés en RDC.
De cette manière, leurs affiliés pourront indirectement investir dans des projets d’entreprises et en tirer les dividendes.
En outre, il pourra être envisagé des placements auprès du Fonds national de l’habitat et de la Compagnie nationale immobilière pour des projets en faveur des affiliés souscrivant des contrats de location-bail.
- Contribution des organisations scientifiques, universitaires et centres de recherche
La disponibilité de bases des données relatives à la situation socioéconomique locale, s’avère nécessaire à l’élaboration des business plan qui conditionnent la réussite des projets d’entreprise. Cela est d’autant plus vrai que 80 % d’entreprises créées disparaissent moins d’un an après leur création, faute d’études de faisabilité et de business plan précis, entraînant malheureusement le gaspillage de l’épargne nationale.
Promouvoir l’esprit d’entreprise auprès des congolais implique l’avènement des innovations scientifiques et techniques. Nous devons accroître en nombre et en qualité les facultés polytechniques et les écoles professionnelles. Réformer le système d’enseignement, sublimer la recherche scientifique et relever la moralité dans les universités et instituts supérieurs, avec le concours des professeurs congolais de la diaspora.
A l’instar des pays d’Asie, les Etats africains se doivent d’améliorer le système éducatif en vue de se doter d’un capital scientifique, permettant de bâtir une économie privilégiant les intérêts nationaux.
Former les jeunes aux techniques modernes et aux métiers du futur, en phase avec la 4ème révolution industrielle. Transformer l’INPP en un réseau national de véritables écoles techniques gratifiant le diplôme d’Etat A2. Ainsi, l’on pourra transformer la bombe démographique en dividende démographique. Il ne restera plus qu’à détruire toutes les officines de vente de drogue, à consumer par le feu les plantations de chanvre et à proscrire l’importation et production de soupu na tolo pour attirer les jeunes dans la formation les qualifiant à devenir des entrepreneurs. Cela éviterait que toute la jeunesse désœuvrée plonge dans des gangs kulunas…
« Esprit saint dans un corps sain », cet adage commande d’amender la loi sur les activités sportives, afin d’imposer la culture physique obligatoire et la gymnastique aux citoyens de 6 à 62 ans, en fonction des vertus de l’exercice physique dans la répression de la beuverie et la luxure qui endorment les élites, et les soustraient de leur responsabilités dans la conduite des réformes sociopolitiques et technologiques dont dépend l’avenir du pays.
Par ailleurs, il serait urgent d’étendre l’Ecole Nationale d’Administration dans toutes les provinces dans l’objectif de former des cadres d’un standard scientifique, technique et moral élevé, qui vont remplacer la vielle garde dont 70 % partent à la retraite endéans 5 ans.
Face au déficit de civisme et de patriotisme dans le chef des intellos, le Service National devrait se diversifier pour encadrer et former pendant 6 mois les diplômés d’Etat et ceux des universités à l’engament civique et au système de défense nationale et de protection civile.
De toute évidence, le gouvernement devra affecter le gros de ressources publiques dans la formation et la santé des jeunes de 0 à 24 ans, dans l’objectif d’augmenter la capacité productive par habitant, et de réaliser une croissance rapide des revenus. Ainsi, cette frange de la population pourra se départir des activités de survie et des petits métiers (« chayeurs », tenanciers de « malewas », cambistes de rue…) pour devenir des producteurs et entrepreneurs à part entière.
- Développement des infrastructures et des voies de communication
Depuis l’indépendance en 1960, les infrastructures socioéconomiques se sont détériorées, isolant les campagnes des villes tout en paralysant l’appareil de production vivrière. A ce jour, le monde rural végète et connaît l’extrême pauvreté et des diverses privations. Pourtant, il y a un grand potentiel de développement économique, une immense réserve de main-d’œuvre et une population laborieuse à convertir en entrepreneurs ruraux. (www.cerpec-cooperative.com)
L’urgence est de mobiliser les fonds dans l’objectif de réorganiser les populations rurales en coopératives agricoles, et parallèlement reconstruire les infrastructures routières et les voies de communication qui constitueront le backbone reliant toutes les provinces en se ramifiant à tous les territoires et localités.
La meilleure stratégie serait de supprimer tous les péages et barrières institués sur les anciennes routes, en violation du principe de libre circulation des personnes et des biens, car leur entretien devrait être pris en charge par le FONER en symbiose avec les coopératives de cantonniers des localités traversées par lesdites routes. Tandis que le péage ne pourra être levé que sur de nouvelles routes intégralement financées par les entrepreneurs privés ou en partenariat public-privé.
Aussi, faudrait-il externaliser la conception, la réalisation et le contrôle des projets d’investissements publics, en recourant à l’appel d’offres lancé auprès des entrepreneurs et bureaux d’engineering privés gérés par les ingénieurs agréés et assermentés.
Tirant la leçon des expériences et des échecs du passé, des stratégies devront être peaufinées pour la promotion de l’entrepreneuriat congolais. Il s’agit d’implémenter des politiques publiques rationnelles aux fins d’amélioration du climat des affaires.
- Réforme des politiques publiques
Les politiques publiques devraient contribuer globalement à l’amélioration du climat des affaires, non seulement pour attirer les investisseurs étrangers, mais également les entrepreneurs et PME nationaux.
C’est une mission à la grandeur des ambitions de la RDC d’accéder au statut de pays émergent au cours de cette décennie, partant d’un revenu de 695,1 USD, pour réaliser le miracle de dépasser le cap de 10.000 dollars par habitant comme revenu minima des pays émergents.
D’où, l’impérieuse nécessité d’accélérer les réformes de politiques financières, budgétaires, monétaires et structurelles.
- Réforme fiscale
En principe, la réforme fiscale crée les conditions favorables à l’accumulation du capital et à l’éclosion de l’esprit d’entreprise. Certes, la loi relative à la promotion de l’entrepreneuriat accorde des avantages fiscaux (hors droit commun) similaires à ceux du code des investissements, mais ces allégements coûteux en termes de formalités procédurales et limités dans le temps n’incitent pas à entreprendre.
Au lieu de monter un système d’exonérations fiscales et concessions tarifaires réservées aux sociétés transnationales, la réforme de bon aloi serait la refonte du système fiscal (suppression de 80 % de taxes non rentables) pour alléger les charges d’exploitation des PME nationaux, dans le but de vivifier l’esprit d’entreprise et l’autonomisation des populations.
Dans cette optique, les activités sportives devraient être défiscalisées en proscrivant tous les prélèvements effectués par la DGRAD sur les recettes sportives, notamment celles du football. Le surcroît de revenus, au bénéfice exclusif de la fédération, des clubs et des joueurs, qui en résulterait suscitera des emplois nouveaux et des entrepreneurs sportifs. .
- Réforme des finances publiques
- Finances du gouvernement, provinces et ETD
Les finances du gouvernement et des collectivités locales seraient strictement gérées, avec un tableau de bord financier en temps réel, la numérisation de la comptabilité, l’adjudication des contrats et marchés publics, l’indépendance de la banque centrale à l’abri des politiciens, la publication des comptes dans le site web, l’édification d’un système financier national inclusif…
Cependant, l’amélioration de la gouvernance reste la condition sine qua non d’accéder au marché financier international, aux investissements étrangers directs IED, et de retenir les capitaux des nationaux ou d’attirer ceux de la diaspora. Cela ne peut se réaliser que par la lutte contre la corruption au travers de nouvelles plateformes de dialogue impliquant les citoyens, les entreprises et l’IGF.
- Réforme du portefeuille de l’Etat :
Le vrai challenge sera finalement de réformer le portefeuille de l’État qui demeure le plus grand opérateur économique congolais, mais qui malencontreusement gaspille, avec ses entreprises politisées, l’épargne nationale qu’il se partage avec les multinationales.
Faudrait-il pas trancher le nœud gordien en abolissant le ministère du Portefeuille, en vue de créer un véritable fonds souverain qui incitera l’Etat congolais, à l’instar du gouvernement chinois, à investir dans les secteurs économiques porteurs et stratégiques, particulièrement à rehausser sa participation dans les mines et les hydrocarbures.
En outre, les entreprises publiques réformées devraient être soumises à un assainissement drastique, dans le but de rééquilibrer leurs comptes d’exploitation et d’augmenter leur rentabilité.
Prenant le contre-pied de la théorie classique, le gouvernement devra contrôler le système bancaire comme en Chine, en fondant des banques d’Etat, mais sous la gestion des vrais managers et non des politiques. Cela contribuerait à retenir et rapatrier les revenus issus de l’exportation des produits de base aux fins du financement de notre économie, à travers les banques de développement, vers lesquelles les banques commerciales placeront les DAT à rentabiliser dans les projets d’entreprises, surtout le monde rural, pour que les paysans deviennent des entrepreneurs coopératifs…
- Réforme minière et actionnariat local
Le gouvernement devrait rationaliser la gestion des ressources naturelles et minières en utilisant les techniques modernes, le suivi satellitaire et le recours obligatoire à l’adjudication.
En outre, la transparence et l’éthique devront être relevées suivant le modèle de partenariat du Botswana qui a encaissé en 2017, près de 85 % des revenus du diamant en cédant 15 % à la société De Beers.
En l’occurrence, il faudrait assurer pour chaque concession minière ou d’hydrocarbures le partage de la production, en réservant 50 % de la production à l’Etat à la valeur marchande, après déduction stricte des coûts directs de production, les intérêts et autres frais administratifs ne sont pas pris en compte dans le calcul. Les offres sont à examiner en privilégiant les investisseurs qui accordent à l’Etat au-delà de la part de 50%.
Interdire l’exploitation artisanale des mines qui ne cause que gaspillages de matières précieuses et une faible productivité, tout en alimentant les guerres et l’insécurité à l’Est de la RDC. A la place, réserver une part minimum du capital de chaque société minière et des hydrocarbures à l’actionnariat local, notamment par portage à crédit des actionnaires locaux notamment les provinces, les ETDs, et les populations locales regroupées dans les sociétés coopératives.
A l’instar de la Chine, le gouvernement devra monter une banque d’Etat à travers laquelle les sociétés minières et des hydrocarbures devront obligatoirement passer pour leurs exportations et approvisionnements, afin de s’assurer et de retenir les 60 % des recettes en devises issues desdites exportations. L’on pourra ainsi disposer d’un matelas tissu d’or pour asseoir un fonds souverain d’investissement stratégique et des banques de développement au profit des entrepreneurs locaux.
- Développement du secteur de l’énergie
Pour la RDC, le programme d’électrification à grande échelle à partir des énergies renouvelables, conférerait une attractivité économique et écologique à une gigantesque zone économique spéciale, développant une industrie « sobre en carbone », prévenant la surtaxe des produits par une fiscalité carbone en hausse. (Magasine Croissance janvier 2020).
Par-delà les politiques économiques, la RDC comme les autres pays africains qui contribueront aux efforts de réduction de gaz à effets de serre mondiaux, pourront bénéficier du Fonds Vert mobilisé en faveur des PMA depuis l’accord de Copenhague en 2009 (100 milliards de dollars à partir de 2020).
- Secteur de culture et sports
En application stricte de la loi n°11/023 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives en RDC, il serait impérieux d’imposer des entreprises et des emplois dans les sports à travers les sociétés à caractère sportif, et dans le monde culturel, la promotion de la musique congolaise par des sociétés coopératives artistiques.
Cependant, ces politiques parcellaires devraient être sous-tendues par un programme global de réforme des structures socioéconomiques extraverties héritées de la colonisation, dans l’objectif d’exploiter le potentiel national pour susciter des entrepreneurs locaux, créer des emplois et accroître les revenus.
- Réforme des structures socioéconomiques
Face à la pérennité des facteurs héréditaires (extraversion et économie de quasi-subsistance) qui plombent la croissance économique, ainsi qu’à la concurrence âpre imposée par la mondialisation, la question de développement ne consiste plus simplement à améliorer les résultats économiques globaux, mais, plutôt, à conduire des réformes plus vigoureuses axées sur la mutation de structures socio-économiques et l’accroissement du revenu des couches les plus déshéritées de la population.
Il y a urgence de diagnostiquer les distorsions internes qui brident la croissance, la productivité des facteurs et la compétitivité de l’économie nationale. C’est à juste titre que l’ancien SG des Nations Unies Boutros Ghali a recommandé la restructuration des économies africaines, en vue de générer une croissance dans les autres secteurs que l’exportation des produits de base en diversifiant l’économie nationale.
Dans cette perspective, les réformes macroéconomiques s’articulent autour de deux axes : la restructuration socioéconomique et la promotion de l’esprit d’entreprise par le recours au système coopératif sur fond d’une économie solidaire et démocratique. Le nouveau paradigme coopératif aura le mérite de réorganiser et professionnaliser les populations vivant actuellement dans le secteur informel et rural.
- Modèle de développement suivant le système coopératif
En tant que nouveau paradigme, le système coopératif africain est la voie royale de réalisation combinée des objectifs de développement durable (ODD). En effet, le coopératisme peut contribuer à la résolution des problèmes structurels et institutionnels, ainsi qu’à la levée des entraves endogènes et exogènes qui brident la croissance économique de nombreux pays africains, et ce, en bannissant toutes les discriminations ethnique, tribale, politique ou religieuse.
A tout prendre, les réformes sous la bannière du mouvement coopératif tonifieraient la dynamique de la production des secteurs informel et rural, de manière à inciter les communautés villageoises à opérer rapidement et profondément leur mutation vers la modernité économique.
C’est précisément en réussissant à déclencher la croissance dans l’agriculture, dans un continent qui a une vocation agricole, que le mouvement coopératif fournira à l’immense majorité des africains les moyens indispensables à la création et entretien des équipements collectifs, faisant des communautés rurales, les pôles de développement économique. (www.économie-développement.com)
Par-delà la réforme des structures économiques, le système coopératif faisant fond sur ses principes, spécialement la liberté, le volontariat, la démocratie, la solidarité, l’entraide, la neutralité et la probité, constituera un havre de paix et une plateforme (l’arbre à palabres selon le communautarisme millénaire africain) en vue de la mutualisation des forces sociales pour le bien-être collectif, en bannissant les discriminations raciales, ethniques, tribales, religieuses ou politiques. (RTNC/Emission Parlons Economie https : youtu.be/b-zpqnoHHQ4)
- Perspectives de la politique axée sur le système coopératif en RDC
A la bonne heure, le Gouvernement de la RDC a décidé, lors de la 107ème réunion du Conseil des ministres, le vendredi 04 août 2023, de rendre opérationnel le Registre des sociétés coopératives par un Arrêté interministériel du Ministre du Développement Rural et de celui des Finances, en exécution du Décret n° 20/007 du 09 mars 2020 portant désignation de l’Autorité administrative chargée de la tenue du Registre des Sociétés coopératives répertoriées sur notre territoire.
Cette décision ouvre une nouvelle perspective pour le développement de zones rurales, notamment la professionnalisation des paysans et opérateurs agricoles, et leur mutation en entrepreneurs agricoles ayant accès au financement des banques. A terme, il s’agira de structurer le marché national des produits vivriers en substitution aux importations alimentaires qui absorbent près de 2 milliards de dollars US chaque année.
Les provinces et ETD sont appelées à élaborer des programmes socioéconomiques fondés sur le système coopératif, afin d’accélérer la croissance économique et l’amélioration du niveau de vie, à partir du secteur agricole.
- Conclusion et recommandations
En dernière analyse, le gouvernement de la RDC ne devrait plus se disperser dans des programmes poursuivant des objectifs diffus, mais plutôt mener un diagnostic afin de déterminer les secteurs qui ont un impact majeur sur le développement endogène et global.
Etant donné que les investissements suivent « where the business is », il faudrait d’abord attirer les capitaux des nationaux avant d’être attractifs pour les investisseurs étrangers.
Dans tous les cas, le progrès en Afrique est une démarche introspective qui devrait partir de la connaissance de l’Africain et de son milieu (recherche scientifique), afin de développer les chaînes de valeur dans le secteur informel et dans le monde rural. En priorité, réformer les structures économiques héritées de l’époque coloniale, en professionnalisant les métiers du secteur informel et en autonomisant les populations rurales, aux fins de participation active de tous les citoyens à l’activité économique.
Paraphrasant les promesses en faveur de la ville de Jérusalem dans le livre de Jérémie 33 : 9, le Seigneur dit que la RDC fera sa renommée, sa joie, et sera une source de louange et de gloire parmi tous les peuples de la terre qui apprendront tous les bienfaits dont il la comblera ; ils trembleront de peur et seront terrifiés en voyant le bonheur et la prospérité qu’il lui donnera.