(Par le Professeur Patience Kabamba)
Un grand nombre de lecteurs vont envisager la servitude volontaire d’un des penseurs du XVIe siècle, qui est contemporain de Montaigne, Etienne de la Boétie. Effectivement, De la Boétie a rédigé un ouvrage nommé « Énigme de la Servitude Volontaire » à 17 ans. L’ouvrage a été rédigé en 1549, mais il est sorti en 1576. Selon ce livre de la Boétie, le pouvoir est semblable à un colosse sur lequel seuls vous, le peuple, exercez son influence. Le jour où ceux sur qui exercent le pouvoir déclareront « NON », ce dernier sera démis. Nous sommes au cœur de nombreuses choses. Nous sommes les piliers de la puissance. Si nous refusons, aucune autorité ne pourra s’exercer sur nous. Les choses nous arrivent par notre volonté d’accepter la servitude qui nous est imposée.
Aujourd’hui, la surprise est que notre MDW se concentrera sur un autre genre d’esclavage volontaire, plus précisément, celui de l’homme subjugué par la femme. Esther Vilar le dépeint de manière poétique, noétique et noématique.
Est-ce qu’est Esther Vilar ?
Esther Margerita Katzen, son véritable nom d’origine allemande, a vu le jour le 16 septembre 1935 à Buenos Aires en Argentine. Apres ses études de médecine et quelques années d’exercice médical, elle a décidé de se consacrer à la littérature. Elle devient célèbre dans les années 1970 avec la publication de « L’homme subjugué », dont ce MDW qui fera écho, et de « le sexe polygame », un thème que nous aborderons plus tard.
Selon Esther Vilar, l’homme est la personne qui a décidé de vivre en tant qu’esclave de sa femme. L’homme n’est pas en quête de liberté. Il pense qu’il serait plus effrayant pour lui d’être constamment libre plutôt que de rester un esclave.
La naissance donne aux hommes et aux femmes des capacités identiques ; il n’existe aucune disparité d’intelligence initiale entre ces derniers. Par la suite, on constate que dès l’âge de douze ans, l’intelligence des femmes se bloque. C’est à ce moment-là qu’elle choisit de se livrer un jour à la prostitution en rencontrant un individu qui travaille pour elle contre le prêt régulier de son vagin. Selon Vilar, les voies des deux sexes se divisent de ce point pour la vie. La femme obtiendra un diplôme seulement parce qu’elle pense que cela enrichit ce que l’homme aspire en elle. Dès lors, d’après notre écrivain, toute communication entre homme et femme est interrompue pour toujours.
Dans une de mes séances à Kenge, j’avais formulé la question suivante : « Que souhaitez-vous être, garçons ou filles ? » Toutes les filles ont déclaré qu’elles souhaitaient demeurer filles parce que les garçons seraient en mesure de travailler pour elles. Ces filles ont réalisé que la femme est capable de décider, ce qui, selon Vilar, lui confère une supériorité sans limites par rapport aux hommes. La femme a la possibilité de choisir entre le mode de vie masculin ou celui d’une créature luxueuse, un parasite, et généralement, elle opte pour le second choix. L’homme n’a pas d’autre choix. Il est contraint de consacrer toute sa vie à la femme et aux enfants qu’elle porte.
Dans le monde féminin, l’homme est inexistant. La femme est dépendante de l’homme, tout comme un téléviseur nécessitant du courant ou une voiture nécessitant de l’essence. Il s’agit donc d’une simple dépendance physique. Selon Vilar, dans le monde féminin, les hommes sont négligeables, seules les autres femmes comptent. La femme se sent mille fois plus contente lorsqu’une autre femme se retourne vers elle plutôt que lorsqu’un homme se retourne vers elle. Selon Vilar, qu’un homme soit attrayant physiquement ou non, aimable ou non, intelligent ou non, il n’a absolument aucun impact pour les femmes. Cela ressemble à un actionnaire qui ne se soucie pas de la valeur de son coupon.
Selon Esther Vilar, les femmes aspirent à séduire les hommes uniquement parce qu’ils assurent leur subsistance financière. Par contre, face aux femmes, les hommes ne réagissent qu’aux symboles sexuels et toute forme de chevelure, de lèvres peintes, un moulant, des jupes courtes, des talons hauts ou de la stéatopygie. Je l’ai récemment confirmé en accompagnant mes étudiants en médecine chez un praticien traditionnel. Après l’étape des questions-réponses, le praticien traditionnel a sollicité les garçons et les filles de la classe pour exprimer une préoccupation spécifique et lui leur offrirait un traitement alimentaire traditionnel. Les garçons ont demandé des remèdes pour renforcer leur pénis tandis que les filles ont demandé comment augmenter la rondeur de leur taille.
Selon Vilar, la femme ne vise qu’à séduire un homme dans les limites nécessaires pour maintenir son lien, en vue de satisfaire ses besoins nutritionnels. De plus, elle ne reconnaît aucune valeur pour l’individu. La femme se lie à l’homme qui travaille pour elle sans amour, ni malveillance ou haine personnelle. La femme est uniquement fidèle parce qu’elle ne voit aucune raison d’être infidèle tant que l’homme travaille bien pour elle, lui procure les plaisirs et surtout les biens nécessaires. La femme reste sans intérêt pour l’apparence de son partenaire. La femme ne porte qu’un intérêt aux sentiments d’autres femmes. Grâce aux fonds que les hommes leur accordent, les femmes ont une capacité d’achat nettement supérieure à celle des hommes. Selon Vilar, dès que les femmes ont la capacité de satisfaire leurs besoins, elles privilégient le contact avec d’autres femmes plutôt qu’avec des hommes. Tandis que l’homme préfère servir de serviteur pour la femme dont idéal le plus cher est de vivre sans travail et sans devoirs. C’est également l’idéal de l’enfant. C’est pour cette raison que la femme donne naissance, souligne Vilar. Les nourrissons nous touchent par leur incapacité à se débrouiller de manière autonome, ils possèdent un corps mince et joyeux, une peau impeccable, jeune, délicate et douce. Les bébés sont des cadeaux charmants de la part des adultes, et il est nécessaire de veiller sur eux, d’assumer toutes leurs difficultés. L’objectif des maquillages et cosmétiques haut de gamme pour les femmes est de maintenir l’apparence d’un bébé. Elle révèle ainsi tous les charmes d’une enfant douce et tendre. Cette apparence enfantine et ce manque de puissance dissimulé stimulent le désir de protection de l’homme, le poussant à satisfaire toutes les exigences de sa femme. Dans son esclavage, l’homme est dressé pour ne reconnaître que des petites filles charmantes, aimables et dignes d’être servies. C’est pourquoi les femmes s’efforcent de ressembler aux petites filles. La femme opte pour l’homme jeune parce qu’il est capable de satisfaire ses besoins sur une durée prolongée.
Vilar met l’accent sur le fait que l’homme regroupe toutes les conditions nécessaires pour mener une vie luxueuse, libre et digne d’un individu, mais qu’il renonce au contraire pour vivre comme un esclave. Nous imaginons un individu tel que ce Sisyphe, né pour apprendre, travailler et élever des enfants afin que ces enfants puissent ensuite apprendre, travailler et élever d’autres enfants. Les hommes vont combattre pour défendre les biens immobiliers de leurs femmes ; ils vont en guerre pour elles, ils construisent des villes pour elles. Aveugle, l’homme persiste à rechercher son bonheur dans le confinement.
Selon Esther de Vilar, la grande majorité des hommes ont tendance à se soumettre volontairement à cette divinité unique que constituent les femmes. Ils appellent cet asservissement l’amour. La femme imite le Dieu de son enfance, sa mère. Elle donne une signification artificielle à sa vie car tout ce que l’homme entreprend vise le bien-être de sa femme (et par la suite celui de ses enfants), et non le sien propre.
Il est probable que ce MDW soulèvera des interrogations, tout comme Esther Vilar a subi une attaque de la part de trois femmes dans les toilettes a la sortie du livre. Nous lisons un écrivain parce qu’il soulève des interrogations que nous ne pourrions pas poser sans lui, il suggère des voies de compréhension auxquelles nous n’aurions pas pensé. En tant qu’écrivain de MDW, ma mission consiste à présenter ces idées à un débat libre et engagé tout en critiquant les exagérations et ce qui ne me convient pas. Il est clair que je ne suis pas entièrement d’accord avec les idées de Vilar, d’autant plus que ma femme est parmi des nombreuses exceptions qui existent. Cependant, en tant qu’homme, je crois que les femmes constituent une culture différente pour laquelle nous autres hommes demeureront des analphabètes.
J’aimerais terminer par la dédicace qui ouvre le livre d’Esther Vilar :
« Je dédie ce livre a ceux dont il n’est pas fait mention ici: aux hommes, si rares, qui ne se laissent pas “dresser”; aux femmes, si rares, qui ne se laissent pas acheter; et celles, si heureuses, qui n’ont pas de valeur commerciale, parce que trop vieilles, trop laides, ou trop malades »