Profitant de son séjour en Europe, Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et médias, a demandé hier, mercredi 23 janvier 2025, à la Communauté Internationale de contraindre, par des sanctions sévères, le Rwanda à stopper son agression dans l’Est de la RDC. Le Porte-parole du Gouvernement a lancé son plaidoyer lors de son passage sur les antennes de France24. Dans sa communication, le Ministre Patrick Muyaya a largement expliqué l’ampleur de la crise sécuritaire imposée à la République Démocratique du Congo, sous la couverture du M23, démontrant la stratégie du pouvoir rwandais de vouloir occuper le sol congolais en vue d’en exploiter, illégalement, les ressources naturelles. Patrick Muyaya a rappelé les mécanismes mis en place, au niveau régional, pour parvenir, de façon pacifique, à la fin du conflit entre Kinshasa et Kigali, l’évolution de différentes étapes engagées et les blocages occasionnés par Paul Kagame, Président du Rwanda, pour pérenniser l’incertitude dans une démarche, pourtant, salutaire.
Processus de Luanda, cadre privilégié pour le retour de la paix
‘’Il faut plutôt parler des terroristes du M23, il faut aussi parler de l’armée rwandaise parce que c’est elle qui opère. Récemment, il y a eu ce rapport du groupe d’experts des Nations Unies qui documentait de manière claire qu’il y avait trois à quatre mille militaires rwandais qui opéraient et qui, malheureusement, ont repris de plus belle l’aventure terroriste et criminelle dans l’Est de la RDC, contrairement à ce qui a été prévu dans différents engagements qui ont été pris. Au 15 décembre, dans le cadre du Processus de Luanda, normalement, tout devrait être conclu. Mais, l’absence du Président rwandais illustre, justement, sa volonté de continuer à piller l’Est de la RDC parce que le fondement principal de cette guerre, il est économique. Il faut mettre la main à tout prix sur l’Est de la RDC… Le Processus de Luanda, quoi qu’il en soit, c’est le processus qui a été mondialement reconnu. C’est le processus qui mérite d’être sauvé. S’il est mort, cela veut dire que toute la Communauté internationale aura échoué. Le Président de la République, à l’occasion des vœux qu’il a échangés avec le corps diplomatique, a été clair là-dessus. Nous saluons, justement, les condamnations répétitives des capitales occidentales, mais nous ne devons plus rester dans le seuil des condamnations. Il faut aller sur des sanctions plus dures parce que des noms sont connus, des officiers rwandais qui opèrent aussi. Et, la revendication des actions terroristes posées par l’armée rwandaise ne devrait pas rester sans suite. C’est aussi de cette manière qu’on peut s’assurer de prévenir encore un conflit de plus grande envergure. C’est aussi de cette manière qu’on va s’assurer qu’on fait respecter le droit international’’, a indiqué Patrick Muyaya, sur France24.
Halte aux manœuvres à l’hypocrisie
‘’Nous sommes dans une dynamique de guerre où, il y a une semaine, nos troupes avaient l’ascendance. Il y a une détermination du Rwanda à étendre la zone d’influence, pensant pouvoir nous contraindre à négocier avec des terroristes du M23. En réalité, lorsque nous disons que les terroristes du M23 n’existent pas, c’est le Rwanda qui agit à travers ses groupes et qui, à un moment, leur imposera l’agenda dans l’hypothèse où ils doivent se retrouver en face de nous pour discuter. Quoi qu’il en soit, il y a un processus de Nairobi qui a été prévu pour régler les questions des groupes armés, y compris la question du M23… Aujourd’hui, les Etats-Unis qui se sont beaucoup impliqués dans le processus de Luanda, avaient soutenu le Processus de Luanda et le Processus de Nairobi. Nous n’avons jamais dit non à l’idée de régler la problématique de manière générale parce que les groupes armés qui opèrent dans la région doivent être démobilisés. Ici, il y a un focus sur un groupe terroriste, le M23, parce que, en réalité, c’est le groupe par lequel le Rwanda agit. Lorsque le Rapport des Experts des Nations Unies vous parle de trois à quatre mille hommes, c’est un rapport objectif qui est documenté. Il ne faut pas oublier que le 15 décembre, le Président angolais avait pris la précaution d’associer le Président honoraire du Kenya, Uhurru Kenyatta parce que c’était un impératif, parallèlement à la signature de l’accord qui était prévu avec le Gouvernement rwandais avec lequel nous sommes en conflit… C’est important que la Communauté internationale tire, dès à présent, les conséquences de manière plus forte et plus ferme’’, a complété le Ministre Muyaya.
Paul Kagame pris au piège
Dans son intervention, Patrick Muyaya a réagi aux propos tenus, la semaine dernière, par Paul Kagame, Président du Rwanda, comme pour tacler le Président Félix Tshisekedi. Pour le Porte-parole du Gouvernement, il s’agit d’une attitude qui démontre la nature perverse de Kigali et de son intention manifeste d’alimenter le conflit avec la partie congolaise.
‘’Le Président Kagame qui, ces derniers jours, n’a plus de caractère taiseux, a besoin de s’exprimer. Non seulement il a manqué d’égard au Président angolais, qui était bien mobilisé dans le cadre du Processus de Luanda, sa sortie médiatique illustre, justement, son état d’esprit qui est pleinement dans la bassesse parce que lorsqu’on commence à verser dans l’insulte à ce niveau de responsabilités, c’est illustratif du caractère mégalo qui le caractérise. Je pense que tout cela doit être arrêté par la Communauté internationale. C’est cette attitude de nervosité qui pousse à ce qu’il y ait plus de massacres. Lorsque vous parlez de la prise de Minova, c’est qu’on ne vous dit qu’il y a des massacres systématiques qui sont opérés sur les jeunes’’, a clarifié le Porte-parole du Gouvernement.
Vivement des sanctions contre le Rwanda
‘‘Il est important que le Conseil de sécurité, la Communauté internationale puissent tirer les conséquences dans l’immédiat du caractère inutilement belliqueux du Président rwandais qui se traduit de toutes les manières, y compris par son langage… Toutes les hypothèses, pour nous, sont à table… L’option de la guerre est une option qui est envisagée. Nous y sommes déjà, peut-être qu’il faut éviter d’aller dans des conflits de plus grande ampleur. Ni le peuple congolais, ni le peuple rwandais ne mérite la guerre’’, a-t-il indiqué.
Autour de la réforme de la Constitution en RDC
‘’Le Président de la République a été élu à plus de 70% par les congolais. Il a donc la légitimité de qu’il faut pour engager ce débat. On a parlé des débats qui vont porter sur des réformes constitutionnelles pour rendre l’Etat plus efficace… Le débat sur la Constitution est un débat voulu par des congolais. Nous devons régler des problèmes, notamment de nos binationaux qui sont nombreux dans le monde, qui veulent contribuer aux efforts du développement du pays. Ce n’est pas la seule question. Dès lors que le Président a dit que nous mettrons en place une Commission pluridisciplinaire qui comprendra plusieurs personnalités pour réfléchir, cela va se faire dans un cadre ouvert. L’idée principale pour le Président de la République, c’est de rendre l’Etat plus efficace, capable de donner des réponses rapides aux préoccupations des congolais. Je ne pense pas qu’un seul leader de l’opposition peut s’opposer à ce qu’on renforce les moyens et l’efficacité de l’Etat pour régler les problèmes des congolais’’, a explicité, par ailleurs, dans son intervention sur France24, le Ministre Patrick Muyaya Katembwe.
La Pros.