Lors de leur récente rencontre tenue à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, les Evêques membres de l’Association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale ont évalué la situation sécuritaire qui prévaut, présentement, dans l’ensemble de la sous-région. Ils ont consacré une attention particulière sur le cas de la RDC, agressée dans sa partie Est par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC. Ils ont condamné les massacres des populations, les dégâts matériels enregistrés jusqu’ici et exigé la cessation des hostilités. ‘’Les groupes armés qui sèment la mort pullulent dans notre sous-région, nous leur demandons d’arrêter de défendre leurs revendications par la voie des armes qui tuent leurs propres frères et sœurs. Nous demandons que chaque Etat aménage un cadre efficace de dialogue et d’écoute’’, ont souligné les princes de l’Eglise universelle, dans leur déclaration. La rencontre de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale (ACEAC), à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, a connu la participation des Evêques et Archevêques venus de la RDC, du Burundi et du Rwanda. Voici, leur déclaration in extenso.
« HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX »
(Mt 5, 9)
Message des Évêques membres de l’ACEAC à la population de la sous-région des Grands-Lacs
1. Depuis plus de trois décennies, notre sous-région est astreinte à des pesanteurs de perturbation de la paix à plusieurs niveaux et entre plusieurs instances de nos sociétés, jusqu’aux conflits devenus récurrents entre nos Etats. La sous-région est au bord de l’implosion au risque de créer une généralisation de foyers d’incendies meurtriers.
2. Toute cette situation affecte des pans entiers des territoires avec une augmentation exponentielle de pertes de vies humaines, d’orphelins, de veufs et veuves, de déplacés et de réfugiés. Nous ne pouvons que condamner les évènements qui causent ces atrocités ainsi que les idéologies qui en balisent le chemin.
3. Profondément affectés et blessés en nous-mêmes au regard de la tournure que prennent ces conflits, nous, Cardinaux et Evêques Catholiques de nos trois pays des Grands Lacs le Burundi, la République Démocratique du Congo et le Rwanda – nous sommes réunis à Dar-es-Salaam, Capitale de la République-Unie de Tanzanie, pour approfondir notre engagement pour la paix entre nos communautés et entre nos pays.
4. Nous exhortons les Chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) à mettre en œuvre les résolutions de leur sommet conjoint de Dar-es-Salaam. Nous accueillons dans la foi et l’espérance la désignation des animateurs des processus de Nairobi et de Luanda, désormais fusionnés. Nous leur assurons de notre disponibilité à apporter notre part de contribution à l’édifice de la paix dont nous sommes des protagonistes de par notre mission évangélique. Nous voulons que nos pays transforment les épées qui tuent en socles de charrue pour le développement de la sous-région (cf. Is 2, 4).
5. Nous sommes de cœur avec la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui se sont engagées à promouvoir le Pacte social pour la paix et le bien-vivre-ensemble en RD Congo et dans toute la sous-région, contribuant ainsi à la mise en route du plan de paix de l’ACEAC. Nous interpellons tous les chrétiens de notre sous-région à porter ce souci. Corroborant l’appel du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM), nous leur demandons notamment de saisir l’opportunité de la période de Carême pour intensifier les temps de prière, d’adoration, de pèlerinage, de jeûne et de chemins de croix pour la paix et la justice.
6. A l’intention des pays, des organismes et des firmes multinationales, nous relayons les paroles du Pape François lors de sa visite apostolique à Kinshasa en janvier-février 2023 << Retirez vos mains du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ». Notre région doit cesser d’être un lieu de convoitises et d’intérêts mondiaux qui s’entrechoquent et appauvrissent nos populations.
7. Notre sous-région est devenue une zone de peurs mutuelles des uns envers les autres. Nous dénonçons les idéologies meurtrières véhiculées ici et là et nous en appelons à des enquêtes approfondies pour vérifier les allégations des crimes de génocide, crimes de guerres et crimes contre l’humanité qui ont déjà endeuillé notre sous-région et rétablir toutes les victimes sans discrimination dans leurs droits et leur dignité.
8. Les groupes armés qui sèment la mort pullulent dans notre sous-région. Nous leur demandons d’arrêter de défendre leurs revendications par la voie des armes qui tuent leurs propres frères et sœurs. Nous demandons que chaque Etat aménage un cadre efficace de dialogue et d’écoute.
Fait à Dar-es-Salaam, le 26 février 2025