Dans une lettre ouverte, publiée hier, jeudi 6 mars 2025, Germain Kambinga, Leader du Regroupement Le Centre, appelle Joseph Kabila Kabange, Président de la République honoraire, à la retenue. Dans le contexte actuel, marqué par la persistance de l’agression rwandaise, dans l’Est de la RD. Congo, Germain Kambinga demande au Sénateur à vie de faire preuve de patriotisme et de cesser de tenir des propos tendant à alimenter la confusion, au sein de l’opinion, et à fragiliser les efforts engagés pour le retour de la paix et la protection réelle de la souveraineté du pays. ‘’Comme Félix Antoine TSHISEKEDI, aujourd’hui, vos 18 ans passés à la tête du Congo ont été un combat sans relâche contre le Mouvement du 23 mars (M23) dès sa forme originelle d’abord, à travers le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), sous sa forme du Congrès National pour la Démocratie CNDP, ensuite, et sous sa forme actuelle du M23, enfin. Comment dès lors comprendre qu’avec un tel héritage, une telle histoire et un tel vécu, vous ayez pu affirmer que ce mouvement est « l’aspiration du peuple congolais » et est « présenté à tort comme une marionnette d’un pays étranger ». Voulez-vous nous faire croire que le Mzee KABILA avait eu tort de donner sa vie pour nous éviter de tomber sous le coup de l’asservissement rwandais ? Est-ce donc à tort que vous-mêmes avez combattu ce mouvement et dénoncé sa manipulation par le Rwanda ?’’, s’interroge l’Ancien Ministre de l’Industrie, dans sa lettre ouverte adressée à Joseph Kabila. Pour lui, l’heure n’est pas à la division, ni à la manipulation au nom de l’intérêt général. Germain Kambinga insiste, vivement, sur la mobilisation totale derrière Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, pour lui offrir la possibilité de réussir le pari de la restauration de la paix devant le plan d’occupation activé par l’armée rwandaise, qui opère en parfaite harmonie avec les rebelles du M23 et de l’AFC.
Lettre ouverte du Mouvement politique Le CENTRE à la Très Haute Attention de Son Excellence, Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président honoraire de la République Démocratique du Congo.
Excellence Monsieur le Président,
A l’heure où les entrailles de notre Pays souffrent d’une agression atroce et indicible perpétrée par les ennemis de notre peuple nourris et élevés par nous et téléguidés par des puissances étrangères et voisines envieuses et désireuses de nous détruire pour s’accaparer, tels des rapaces, de ce que la nature et Dieu nous ont généreusement fait don, le mouvement politique Le Centre a découvert, avec une stupéfaction et un étonnement inqualifiables, vos propos du dimanche 23 Février 2025, rapportés par le Magazine sud-africain « Sunday Times ».A la lecture de cette tribune, il apparait, dans la forme comme dans le fond, une forme de légitimation du M23-AFC dont l’action « democraticide » et barbare contribue à donner au Rwanda les armes de la réalisation de ses objectifs clairement assumés.
Ces propos, non démentis mais plutôt assumés et commentés par vos collaborateurs les plus proches du moment, pas les meilleurs quand on voit ce qu’ils vous font écrire, sont me semble t-il assez graves ; et ceci d’autant plus que votre récente intervention à la télévision Namibienne « NBC », a laissé flou renforcer le doute de ceux qui s’interrogent sur votre apport patriotique dans la lutte notre armée mène contre l’armée Rwandaise. Au-delà des apriori et des émotions, il est clair que tout cela nous a suffisamment secoué moralement de sorte qu’il nous est apparu important, au travers de cette lettre ouverte, de nous adresser à vous pour vous sensibiliser et interpeller votre conscience de fils de la RDC et votre responsabilité d’ancien Chef d’Etat, sur les conséquences d’une telle prise de position pour notre pays, pour vous-mêmes et pour l’héritage que vous voudriez laisser à la postérité.
En tant que Président du regroupement Le Centre, je me suis d’ailleurs autorisé une telle interpellation car, ayant été, à un moment donné de mon parcours politique, un de vos collaborateurs, j’ai été particulièrement surpris et interloqué que de tels propos aient pu émaner de l’esprit fin, de l’homme sage et du Chef fondamentalement attaché à la défense des intérêts du Congo que vous avez été durant vos 18 ans à la tête de notre pays.
C’est d’ailleurs convaincu de votre amour pour ce pays et pour ce peuple que j’ai, à de nombreuses occasions, pris le parti de vous défendre face à une opinion dont la colère et la haine à votre égard ne cessaient de croitre inexorablement. L’avez-vous oublié ? A beaucoup de nos compatriotes, j’ai toujours présenté l’image d’un Joseph Kabila incompris mais incontestablement et résolument préoccupé par le destin et la destinée d’un Congo qu’il rêvait majestueux. Aujourd’hui encore, je me refuse à croire que c’est à tort que j’ai souvent pris le pari de sacrifier mon honneur et ma réputation, car je garde l’espoir qu’il ne s’agit là, au mieux, que d’une exploitation malveillante de votre pensée réelle, au pire, d’une malencontreuse erreur de jugement de votre part. Il faut néanmoins dire, à ce stade, que mes certitudes sont désormais mises à rude épreuve. C’est pourquoi, au travers de cette lettre, je voudrais rappeler à votre conscience un certain nombre de faits qui devraient vous amener à choisir le bon côté de l’histoire.
En premier lieu, vous me permettrez l’outrecuidance de faire une incursion dans votre vie privée. En effet, par la biologie et par la politique, la nature et l’histoire ont fait de vous l’héritier de M’zee Laurent Désiré KABILA. Dans l’imaginaire commun du peuple congolais, ce grand homme est considéré comme un héros national qui, bien qu’ayant été aidé par le machiavélique pouvoir rwandais pour renverser le régime de Mobutu et prendre la direction de notre pays en 1997, n’a jamais cédé face à ce même pouvoir rwandais qui souhaitait, avec la complicité à peine voilée de grandes nations et multinationales étrangères, coloniser le Congo au plan institutionnel et économique. Bien au contraire, il s’y est opposé avec une énergie incroyable et admirable, malgré le fallacieux prétexte de la sécurisation de leurs frontières et de la lutte contre les anciens génocidaires des Forces de Libération du Rwanda (FDLR). Il a choisi de perdre sa vie pour l’intégrité du Congo.
Monsieur le Président, un tel héritage ne se perd pas ! un tel héritage ne se galvaude pas ! Vous ne pouvez d’autant ni le perdre, ni le galvauder que vous-mêmes, durant vos 18 années de mandature, avez travaillé à le maintenir et à le consolider.
Des souvenirs que j’ai de mon parcours à vos côtés, j’avais cru percevoir que toute votre action à la tête de notre pays était inscrite dans la logique et l’esprit nationalistes de votre père. Comme lui et bien d’autres Président congolais, vous avez souffert, y compris dans votre chair, des tentatives de balkanisation et d’inféodation de notre belle et grande Nation à des puissances étrangères déterminées à s’accaparer de nos ressources naturelles sans en payer le prix et, surtout, sans notre consentement.
Comme lui et comme d’autres présidents congolais, vous avez, à de multiples occasions, dénoncé les multiples tentatives du Rwanda de coloniser nos terres et piller nos richesses en instrumentalisant d’autres congolais à travers des pseudos-rebellions stipendiées par lui.
Comme Félix Antoine TSHISEKEDI aujourd’hui, vos 18 ans passés à la tête du Congo ont été un combat sans relâche contre le Mouvement du 23 mars (M23) dès sa forme originelle d’abord, à travers, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), sous sa forme du Congrès National DP, ensuite, et sous sa forme actuelle du M23, enfin.
Comment dès lors comprendre qu’avec un tel héritage, une telle histoire et un tel vécu, vous ayez pu affirmer que ce mouvement est « l’aspiration du peuple congolais » et est « présenté à tort comme une marionnette d’un pays étranger ». Voulez-vous nous faire croire que le M’zee KABILA avait eu tort de donner sa vie pour nous éviter de tomber sous le coup de l’asservissement rwandais ? Est-ce donc à tort que vous-mêmes avez combattu ce mouvement et dénoncé sa manipulation par le Rwanda ?
Non Monsieur le Président ! ne galvaudez pas de votre héritage. Votre père Mzee KABILA avait pour totem le LION. En tant que fils, vous êtes, vous aussi, un LION. Un LION, n’attend pas que des Hyènes attaquent son rival pour se joindre à elle et essayer de terrasser l’autre lion car un LION n’est pas une Hyène. Les contentieux d’ordre politique avec votre successeur sont connus de tous les Congolais mais que cela ne vous pousse pas cracher sur l’héritage que vous a légué votre Père. Persister à agir ainsi, serait réduire à néant votre propre légende : celle d’un homme qui a livré 18 ans de combat nationaliste.
Monsieur le Président, le combat que mène notre peuple aujourd’hui, derrière son Commandant suprême, Son Excellence Félix TSHISEKEDI, nous concerne tous. Il n’est ni nouveau ni différent de ceux qu’ont mené votre père et tous les nationalistes congolais avant lui. C’est le même combat de la préservation de notre indépendance, de notre intégrité territoriale et de la dignité de notre peuple face à un pouvoir tyrannique et diabolique qui n’a pour seule ambition que de faire capituler notre Nation, la balkaniser et la coloniser.
Que vous ayez des divergences avec votre successeur est un fait. Que vous lui reprochiez des insuffisances et des défauts, comme d’ailleurs il a pu vous en trouver du temps où il était dans l’opposition, est dans la nature des choses. Mais rien de tout cela ne peut vous autoriser ni justifier que vous deveniez le porte-voix et le défenseur des ennemis de notre NATION et de notre PEUPLE.
En faisant cela, vous donnez l’impression désagréable, soit de minimiser dans quelle situation se trouve la RDC, et la gravité de la menace rwandaise, soit de vouloir sacrifier les intérêts d’un peuple et d’un pays, que vous avez pourtant juré aimer, sur l’autel de l’égotisme et du narcissisme, ce qui serait infiniment triste.
En pareilles circonstances, les congolais espèrent de leurs hommes politiques, surtout ceux ayant votre stature, vous êtes l’unique ancien Président de la République vivant de ce pays, qu’ils volent au-dessus des cimes toxiques de la médiocrité politicienne pour sublimer l’idée que les nouvelles générations devraient se faire des véritables hommes d’Etats. Bien plus, ils exigent que tous les congolais constituent une Union spontanée et désintéressée autour de la personne qu’ils ont librement et majoritairement choisie pour présider à notre destinée commune et qui, en cette qualité, mène nos forces de défense et de sécurité au combat contre l’envahisseur. Il semble que vous ayez, manifestement, choisi de faire le chemin inverse et c’est bien dommage !
Monsieur le Président, votre prise de position est nous en sommes convaincu contre-productive et inopportune. En effet, notre pays est actuellement engagé dans une opération diplomatique de déconstruction du mensonge rwandais de victimisation qui lui a permis, pendant trois décennies, de bénéficier du soutien tacite d’une communauté internationale envahie par la mauvaise conscience de son action ou inaction durant le génocide de 1994.
Et, c’est au moment où ces efforts diplomatiques commencent à produire leurs effets, en réveillant le monde, en lui montrant le vrai visage de ce régime tyrannique rwandais, animé par la seule volonté de soumettre un Etat souverain afin de piller ses ressources naturelles, que votre discours de manière sibylline tend à déconstruire tout le narratif de votre propre pays pour dédouaner l’agresseur et faire passer le conflit pour une crise purement interne sans ramifications externes substantielles. Un tel timing ne peut que laisser dubitatif et stupéfait.
Le choix d’une telle temporalité interroge d’autant plus qu’il est inexplicable, de la part de l’homme qui a toujours voulu léguer à ce pays et aux générations à venir l’image d’un homme d’Etat, d’un bâtisseur qui a su relever un pays exsangue, en état de déliquescence, au moment où il a été, brusquement, appelé à en prendre les destinées en Janvier 2001.
Permettez-moi de vous dire, Monsieur le Président, que choisir ce chemin, va définitivement ruiner le crédit que les Congolais, nombreux comme moi, vous ont toujours accordé. La démocratie institutionnelle congolaise d’aujourd’hui est l’héritage le plus marquant de vos 18 ans de gestion du pays et l’alternance pacifique avec votre successeur en est le point d’orgue ; Voilà ce que l’histoire était en train d’écrire à votre crédit. Ceux qui, autour de vous et à vos côtés, vous ont conseillé cette approche, vous trompe. Soucieux de leurs intérêts bassement égoïstes et animés par une tentative désespérée de survie, ils n’ont pas pensé à l’historicité du personnage politique que vous incarnez. Ils vous ont offert les ciseaux avec lesquels, ils vous conduisent à déchirer la page glorieuse de l’histoire de la RDC sur laquelle votre nom devait s’écrire en lettres d’or ,à la place ils veulent que vos initiales soient dans le registre recensant les apostats de notre NATION et de notre PEUPLE. Est-ce le destin auquel vous vous destiniez ? J’ai encore la faiblesse de croire que non !
C’est pourquoi je crois qu’il n’est pas encore trop tard. Vous pouvez encore rejoindre le camp auquel vous êtes destiné. Le camp de M’zee KABILA ; le Camp d’Abdoulaye YERODIA NDOMBASSI et tous les nationalistes qui ont forgé votre filiation idéologique ; le Camp de la PATRIE et il n’y a pas de nuance en cette matière :
-la patrie c’est là où se trouve l’Etat reconnue internationalement,
-la patrie c’est le camp des FARDC,
-la Patrie c’est le camp de la légalité incarnée par votre successeur, le Commandant suprême des FARDC et de la police nationale congolaise, Felix Antoine TSHISEKEDI
-la patrie c’est le camp de notre drapeau.
-La patrie c’est où se trouve le peuple congolais, ce peuple que vous avez dirigé 18 ans durant.
Mais si votre choix est définitif, Le CENTRE, fidèle à sa tradition de défense de la PATRIE et du PEUPLE congolais avec d’autres sans aucun doute, considérera vos actes comme antipatriotiques, les condamnera, les dénoncera. C’est au minimum cela notre devoir patriotique. Fidel Castro disait « LA HISTORIA ME ABSOLVERA ». Le jugement de l’histoire est souvent sévère envers ceux qui ne sont pas dans le camp de la patrie.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo et son peuple !