Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et médias, Porte-parole du Gouvernement, a participé hier, lundi 10 mars 2025, à Béatrice hôtel, à la Gombe, au Forum national sur l’engagement des médias pour la paix, la sécurité et la cohésion nationale, tenu à l’initiative conjointe de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) et de Journaliste en danger (JED). Cette rencontre a réuni plusieurs figures emblématiques du secteur de la presse en RDC, témoignant d’un engagement collectif des médias congolais à s’impliquer dans la dynamique activée pour contrer la manipulation, dans le contexte actuel de crise sécuritaire provoquée par l’agression rwandaise dans l’Est du pays.
Mobilisation totale face à l’agression
Dans son intervention, le Porte-parole du Gouvernement a largement expliqué l’importance d’une combinaison soutenue d’efforts pour la paix en RDC. ‘’Très souvent, dans nos prises de parole, spécifiquement, je reviens pour rappeler qu’avant d’être professionnels des médias, vous êtes d’abord des congolais et que cette guerre est faite aux congolais, il est important que les congolais partout où ils se trouvent puissent donner des réponses. Cette initiative constitue une réponse collective de la profession qui donne une suite à l’appel du Président de la République, mais aussi du Gouvernement, réitéré, le week-end dernier, à travers le lancement de la campagne Congolais Telema. Je voudrais ici saluer et rendre hommage aux journalistes qui se sont déjà mobilisés dès les premières heures de ce conflit pour être sûrs que les bonnes informations sont données à temps à nos différents compatriotes. Je voudrais profiter aussi de ces instants pour dire toute notre solidarité aux journalistes qui sont bloqués, aujourd’hui, dans les villes sous occupation. Ils sont aussi victimes de cette guerre parce qu’ils ne peuvent plus exercer librement leur profession, ils sont contraints à travers différentes intimidations et arrestations. Ce forum est une illustration concrète de notre engagement à défendre et à promouvoir la souveraineté nationale, la paix et les valeurs humaines essentielles, notamment la liberté de la presse, la liberté de l’information face aux menaces croissantes liées à cette agression et aux activités terroristes qui écument certaines parties de notre territoire’’, a indiqué le Ministre Patrick Muyaya.
Le Gouvernement déterminé à contrer les agresseurs
Dans la suite de son allocution, il a réitéré la détermination du Gouvernement, dirigé par la Première Ministre Judith Suminwa, de tout mettre à contribution, suivant la vision de Félix Tshisekedi, Président de la République, pour défendre l’intégrité et la souveraineté de la nation face au plan d’occupation conçu par le Rwanda.
‘’Je voudrais réaffirmer, avec détermination, notre engagement comme Gouvernement à restaurer la paix, rétablir la stabilité et protéger les droits fondamentaux de notre peuple, en particulier, pour ce qui concerne les médias, la liberté de la presse qui est menacée par des agresseurs. Je pense que bien au-delà de tout, le premier engagement du Gouvernement dans ce conflit c’est d’arriver à la paix. Pour y parvenir, vous devez avoir en face des personnes qui sont disposées. Je voudrais dire à ce propos que nous comme Ministère de la Communication et médias, nous nous tenons prêt à donner de la documentation pour la compréhension globale de ce conflit qui, en réalité, est un conflit vieux de trente ans… C’est une guerre qui se fait par séquence, c’est une guerre qui revient de manière récurrente. Cette fois-ci, nous souhaitons que ce soit la dernière au regard de l’attitude du pays voisin qui enracine le poison rwandais dans la tête des enfants rwandais pour continuer à leur dire qu’ils ont une partie de leur pays qu’il faudra récupérer en RDC. Je pense que nous devons aussi nous préparer à donner une réponse à cela pour qu’un jour, nous puissions définitivement mettre fin à ce conflit qui se fait aussi parce qu’il y a des besoins de continuer le pillage systématique de nos ressources’’, a-t-il ajouté.
Guerre de narratif
Le Ministre Patrick Muyaya a exprimé, par la même occasion, devant les participants au forum, sa disponibilité à accompagner le travail des journalistes durant cette période sensible de l’histoire nationale pour permettre aux populations de bénéficier, en permanence, de bonnes informations.
‘’Cette guerre, c’est aussi une guerre des mots. C’est une guerre de narratif. A ce propos, nous préparons une documentation qui nous sera présentée dans les jours qui viennent. Ici, nous parlons aux professionnels des médias qui constituent à nos yeux le rempart à la désinformation parce que la guerre d’aujourd’hui, c’est aussi une guerre informationnelle. Quotidiennement, nous sommes inondés de fakenews, poison rwandais. L’objectif du poison lorsqu’il est inoculer, c’est de donner la mort. Pour nous, le rempart à cela, c’est le professionnel des médias. Avec l’UNPC et JED, nous allons réfléchir à un atelier spécifique qui portera sur la lutte contre la désinformation et les attitudes à développer face à tout ce que nous recevons quotidiennement dans nos téléphones. La dernière illustration en date, c’est la question des swahiliphones qui seraient violentés à Kinshasa. Dans cette bataille de narratif, les journalistes sont ceux qui, dans la société, sont parmi les plus outillés non seulement pour les identifier, mais aussi pour amener l’antidote. Il est important qu’au terme de ces discussions, nous puissions voir comment les médias peuvent contribuer à la fin de la guerre’’, a-t-il préconisé.
A en croire le Porte-parole du Gouvernement, la mobilisation populaire constitue un facteur capital pour la réussite remarquable des efforts engagés pour la restauration de la paix en République démocratique du Congo.
‘’Je crois que dans cette guerre, le premier moyen, il est humain parce que nous n’aurons certainement pas suffisamment des ressources pour prendre en charge tout le monde et tous ceux qui se disent prêts à faire la guerre. Ici, Il est important de savoir que ce qui se joue, c’est l’avenir du pays. Puisque c’est l’avenir du pays qui se joue, il est important que tous les congolais, avec ce qu’ils ont, partout où ils se trouvent, travaillent à contribuer à mettre fin à cette guerre. Comme source officielle, nous ne pourrons pas être pris dans le piège de la vitesse ou dans le piège de la précipitation ou dans le piège du buzz. Comme Porte-parole du Gouvernement, avant de prendre la parole et de donner des affirmations, nous devons toujours nous assurer que l’information a été recoupée par toutes les sources officielles… Lorsque nous sommes dans un contexte de guerre, dans un contexte de crise, je pense que le premier réflexe qu’il ne faut pas perdre, c’est le sang froid ou le sens du recul qui doit toujours nous caractériser dans la manière de communiquer. Il est important que les uns et les autres, dans la pratique du métier, puissent constamment tenir compte de cette nécessité’’, a insisté le Ministre de la Communication et médias.
JED et l’UNPC en première ligne face aux agresseurs
Au seuil du forum, Kamanda wa Kamanda Muzembe, Président de l’UNPC, et Tshivis Tshivuadi, Secrétaire Général de JED, ont prononcé deux allocutions importantes. Premier à prendre la parole, Tshivis Tshivuadi a rappelé le rôle essentiel des médias en période de conflit. Pour ce responsable, face la guerre d’agression imposée par le Rwanda, les journalistes congolais ont la responsabilité de contribuer aux efforts de rétablissement de l’ordre et de la paix en RDC.
‘’Les médias ont le pouvoir, en période de conflit latent ou ouvert, d’exacerber les tensions, d’intensifier les phénomènes d’ostracisme ou de peur panique qui conduisent à toutes les formes de violence. A l’inverse, ils ont aussi le pouvoir de contribuer à maintenir le calme en période de trouble, de préserver ou de restaurer la possibilité d’un dialogue entre les parties engagées dans le conflit, voire même de se constituer en plateformes où peuvent être débattus des modes pacifiques de sortie de crises’’, a indiqué le SG de JED. Pour sa part, le Président de l’UNPC, Kamanda wa Kamanda Muzembe, a condamné la violation des droits des professionnels des médias dans les zones sous occupation étrangère. Il a saisi le moment pour plaider, toujours dans son allocution, pour un accompagnement solide de la presse pour lui permettre de jouer un rôle plus actif face à la menace croissante de l’agression de l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC.
Gloire Mfemfere