Le centre de gravité de la crise en République démocratique du Congo se déplace désormais vers Doha au Qatar. Alors que la délégation du M23 a renoncé à sa participation pour le rendez-vous de Luanda, celle de la RDC a pourtant affiché complet. Comme si les principaux acteurs de la crise à l’Est de la RDC ne croient plus à une solution africaine.
De l’accord de Nairobi et celui de Luanda en passant par l’EAC-SADC avant de chuter à la démarche des prélats catholiques, c’est l’émir de Qatar qui a su mettre face-à-face, Paul Kagame et Etienne Tshisekedi dans le cadre des efforts en vue de mettre fin à la crise de l’Est.
Partenaire économique du Rwanda et de la RDC, l’émirat du Qatar est parvenu à abriter une des étapes des négociations entre Israël et Hamas ayant abouti à la première phase du cessez-le-feu et la première vague de la libération des prisonniers palestiniens.
Le choix du Qatar n’est pas anodin pour Kigali et Kinshasa. Doha aurait aidé Kigali à se doter d’une usine de raffinage de l’or tombée depuis 72 heures sous des sanctions du Conseil de l’Union européenne. En outre, il aurait joué un grand rôle dans les garanties pour l’acquisition de la flotte aérienne de Rwandair.
Tandis qu’en République démocratique du Congo, le Qatar s’est montré loyal en signant un partenariat pour l’achat officiel de l’or congolais. Doha est donc mieux placé pour le rétablissement d’une paix durable entre la RDC et le Rwanda. Son aura lui vaut sa crédibilité.
Le recours au Qatar n’est nullement innocent pour la partie rwandaise après les sanctions qu’il a écopées de l’Union européenne et des USA. Les pays de la sous-région dont le rôle a été salué à cette rencontre de Doha, se sont illustrés dans la manière sectaire d’aborder le dilemme congolais.
Qu’à cela ne tienne, Kagame et Tshisekedi autour de l’émir à Doha ont salué les avancées des processus de Luanda et de Nairobi ainsi que celles du sommet conjoint EAC-SADC du 8 février à Dar es-Salaam avant de réaffirmer leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Ces discussions à Doha devraient se poursuivre afin de consolider un cadre aligné entre les initiatives de Luanda et de Nairobi pour une solution durable au conflit.
Comme si on assiste à une sorte d’overdose dans les initiatives de médiation de la crise en République Démocratique du Congo. Alors que le Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble de la CENCO et de l’ECC avait cristallisé un espoir dans certains états-majors politiques, les prélats se muent en simple observateurs face à la dynamique des Chefs d’Etat qui proposent du concret notamment, la cessation immédiate des hostilités. On ne sait finalement pas de toutes les volontés affichées laquelle ramènera la paix véritable en RDC étant donné que toutes semblent être le bienvenues.
La Pros.
