Dans la droite de la recherche des voies et moyens de cimenter l’unité nationale en cette phase cruciale de la guerre d’agression rwandaise, la formation d’un Gouvernement d’union nationale apparaît comme une solution idéale. Cependant, la récente décision d’un groupe d’opposants de boycotter les consultations politiques en vue de cette formation soulève des questions fondamentales quant à la légitimité et l’efficacité d’un tel Gouvernement. Ce geste, loin d’être anodin, témoigne d’un désenchantement vis-à-vis des promesses de réconciliation et de paix, particulièrement dans un contexte marqué par l’occupation d’une partie du territoire national par une armée étrangère. Le principe d’un Gouvernement d’union nationale repose sur l’idée de rassembler différentes factions autour d’un programme commun, dans l’espoir de surmonter les divisions qui gangrènent le pays. Pourtant, lorsque les enjeux fondamentaux restent irrésolus, comme c’est le cas avec la guerre d’agression que subit le pays, une telle union peut sembler troublante pour de nombreux citoyens et acteurs politiques. Le boycott de ces consultations se positionne alors comme un cri d’alerte, rappelant que la véritable paix ne se décrète pas, mais se construit à travers des résolutions concrètes des causes profondes du conflit.
Les raisons avancées par ce groupe sont multiples. D’abord, le constat que le Gouvernement d’union nationale ne fera pas disparaître les tensions historiques qui ont conduit à cette guerre d’agression. Au contraire, sa composition pourrait masquer les véritables enjeux, en proposant des solutions superficielles à des problèmes profonds et systémiques. De plus, une telle approche pourrait fragiliser les évolutions démocratiques nécessaires pour sortir réellement du cycle de violence.
En outre, ce boycott soulève également des interrogations sur le processus décisionnel et la représentation des différentes voix du pays. En effet, la légitimité d’un Gouvernement d’union nationale repose non seulement sur des représentants choisis pour gérer les affaires courantes, mais aussi sur la capacité à inclure toutes les composantes de la société. Cela étant dit, il est crucial de considérer les implications d’un tel boycott. Loin de renforcer la voix des décideurs, il existe un risque que cette stratégie soit perçue comme un refus d’engagement, isolant davantage ce groupe et ses revendications. La participation, même critique, à un processus qui semble bâti sur des compromis pourrait offrir une plateforme pour exprimer les désaccords et proposer des alternatives.
En définitive, le boycott de ces consultations politiques ne doit pas être vu simplement comme une démarche négative, mais comme un appel à une réflexion plus profonde sur la nature et la finalité du Gouvernement d’union nationale. Un gouvernement sans une réelle volonté de s’attaquer aux racines du conflit ne peut espérer construire une légitimité durable.
La Pros.