(Par Jonas Tshiombela)
Avocat du peuple
Kinshasa, 14 mai 2025, avec plus de 12 millions d’habitants, la capitale de la RDC ressemble de plus en plus à une ville ingouvernable. Coupures d’électricité, facturations abusives, insécurité, marginalisation des élus locaux et silence des autorités : Kinshasa étouffe dans l’indifférence générale. Pourtant, des pistes existent pour sauver cette cité en perdition.
Une ville sans lumière, symbole d’un Etat absent
Kinshasa vit dans le noir. L’éclairage public est quasi inexistant, transformant les rues en véritables pièges pour les piétons dès la tombée de la nuit. Cette obscurité alimente l’insécurité : agressions, braquages, viols deviennent monnaie courante.
À cela s’ajoutent les pratiques abusives de la SNEL et de la REGIDESO, qui imposent des facturations forfaitaires injustifiées, souvent sans relevé de compteur, en violation des droits élémentaires des consommateurs. Dans une ville où les services publics échouent, c’est le citoyen qui paie, doublement.
Une démocratie locale piétinée
Les conseillers communaux, pourtant issus d’un scrutin populaire, se retrouvent baillonnés par des bourgmestres nommés, qui gouvernent comme en régime autoritaire. Les espaces de concertation sont ignorés, les initiatives locales étouffées. Le plus scandaleux est que cela se fait avec la bénédiction silencieuse des autorités nationales, pourtant garantes de la Constitution.
Silence assourdissant des élus provinciaux et nationaux
Les députés provinciaux de Kinshasa brillent par leur mutisme. Aucun rapport d’évaluation, aucune interpellation forte, aucune proposition structurée pour tirer la ville de l’abîme. Que dire alors des députés nationaux ou sénateurs, trop souvent absents du débat urbain ou enfermés dans des calculs politiciens ?
Une proposition salutaire : créer 4 Mairies autonomes
Face à cette situation, la proposition de l’honorable Bitakuira mérite une attention sérieuse : diviser Kinshasa en quatre Mairies autonomes, chacune dirigée par des personnalités représentatives des quatre grandes régions linguistiques du pays. Ce modèle permettrait une gestion de proximité, équilibrée et plus juste, tout en renforçant la cohésion nationale.
Quelles pistes pour une gestion efficace et durable ?
1. Décentralisation réelle : appliquer le principe de subsidiarité en transférant les ressources et compétences aux communes.
2. Reddition de comptes : instaurer des mécanismes de contrôle citoyen local (comités de quartiers, plateformes de dénonciation).
3. éforme de la SNEL et de la REGIDESO : imposer la facturation basée sur la consommation réelle et la transparence dans la gestion.
4. Autonomiser les élus locaux : interdire toute immixtion des bourgmestres dans les prérogatives des conseils élus.
5. Technologies au service de la ville : éclairage public solaire, numérisation des services, cartographie des besoins.
6. Responsabilité politique : exiger une réponse claire du gouvernement central et du président de la République.
Gouverner ou partir
Kinshasa n’a pas besoin de discours, elle a besoin d’actions urgentes et structurées. Il est temps que les autorités choisissent entre gouverner sérieusement ou dégager le passage à ceux qui ont une vision. Kinshasa peut encore être sauvée, mais le temps presse. La capitale mérite mieux que l’oubli, le mépris et le chaos.