A l’occasion de la Journée Internationale de l’Audit Interne, célébrée annuellement le 17 mai, l’Institut des Auditeurs Internes de la RDC, « IIA Congo » en sigle, a rassemblé, samedi dernier, un cercle stratégique de décideurs, praticiens de l’audit et représentants d’organismes publics et privés pour un dîner de travail inédit. Organisée dans la salle Yvonne Compère du Sultani Hôtel, cette rencontre de haut niveau s’inscrit dans une dynamique ambitieuse : professionnaliser l’audit interne en République Démocratique du Congo, à l’ère des normes internationales et des exigences contemporaines de gouvernance.

Entre gouvernance et audit
Sous la modération de Madame Sylvie Tanzambi, trois figures majeures de l’IIA Congo ont balisé les temps forts de cette soirée : Alain-Serge Lubelo, Président de l’IIA Congo, Dieumerci Lukau, Trésorier de cette organisation, et Norbert Kitenge Kapenga, Responsable de la formation de cette même structure. Leur triptyque d’intervention a mis en lumière les réformes en cours, les perspectives d’évolution, et les outils à la disposition des acteurs de la fonction audit.
En effet, dans son mot de bienvenue, Alain-Serge Lubelo a salué la présence d’un public averti et engagé, venu échanger sur l’avenir stratégique de l’audit interne en RDC. Il a rappelé que cette rencontre était la première du genre dans le pays, avec pour ambition de structurer une collaboration effective entre les dirigeants d’institutions et les auditeurs internes, en vue d’optimiser la gouvernance.
« L’audit interne n’est plus une simple exigence réglementaire ; il devient une cellule stratégique essentielle à la performance organisationnelle », a-t-il insisté. Le Président de l’IIA Congo a également présenté les perspectives d’actions futures : ateliers, cycles de dîners et programmes de renforcement de capacités, avec l’appui de partenaires tels que l’Association Nationale des Entreprises Publiques du Congo (ANEP) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale des Agents Publics de l’Etat (CNSSAP), salués pour leur engagement constant.
Vers un saut qualitatif incontournable
Dans une présentation rigoureuse, Dieumerci Lukau a décortiqué les normes internationales d’audit interne publiées en janvier 2024, en insistant sur les spécificités de leur application au secteur public. Il a rappelé que ce secteur repose sur un cadre juridique spécifique, englobant lois, règlements, actes et règles administratives.
La déclinaison des nouvelles normes s’articule autour de 5 domaines et 15 principes, englobant notamment :
- L’intégrité, l’objectivité, la compétence et la confidentialité ;
- La gouvernance de la fonction audit (indépendance, surveillance) ;
- La gestion stratégique de la mission d’audit ;
- L’efficacité des missions et le suivi des recommandations.
Les exigences concernent la planification des missions, la conformité aux règlements, l’analyse de la performance et l’utilisation raisonnée des ressources publiques. M. Lukau a également mis en lumière les contraintes liées à la structure organisationnelle, au financement, et à l’ancrage juridique des fonctions d’audit dans les institutions publiques, appelant à une adaptation urgente.
Trois axes majeurs d’évolution à retenir
En guise de conclusion, Dieumerci Lukau a résumé les principales lignes de force des évolutions en cours :
- Approche fondée sur les risques : l’audit doit anticiper les défis futurs par une attitude proactive.
- Qualité et amélioration continue : les missions doivent intégrer des méthodologies robustes avec une exigence accrue sur l’évaluation de la performance.
- Technologie et données : l’impact croissant du numérique appelle à l’usage d’outils d’analyse avancés, en phase avec les progrès technologiques mondiaux.
Ce triptyque marque un changement de paradigme, où la fonction d’audit devient une composante essentielle de l’agilité institutionnelle.
Des formations sur-mesure
« La formation demeure le meilleur moyen pour pratiquer l’audit avec compétence et efficacité », telle aura été la phrase marquante de l’intervention de Monsieur Norbert Kitenge Kapenga, Chargé de la formation au sein de l’IIA Congo.
Face aux participants, il a présenté une palette complète de modules fournies par l’IIA Congo, adaptés aux besoins des auditeurs internes, allant des fondamentaux de l’audit interne aux certifications internationales. Les fondamentaux de l’audit internet constituent la base que tout auditeur doit connaître.
Parmi les modules phares :
- Les fondamentaux de l’audit interne ;
- La gestion des risques ;
- L’élaboration d’une cartographie des risques ;
- Le plan d’audit internet basé sur l’approche risques ;
- La conduite d’une mission d’audit interne ;
- Le suivi de la mise en œuvre des recommandations d’une mission d’audit interne ;
- Le contrôle interne ;
- La préparation à la Certification CIA (Certified Internal Auditor) ;
- L’élaboration d’une charte d’audit internet.
Il a également rappelé les avantages de l’adhésion à l’IIA Congo, dont l’accession au réseau mondial IIA Global, la réduction des frais de formation et la participation aux conférences nationales et internationales.
Pour preuve, une conférence internationale à Toronto est fixée du 11 au 14 juillet 2025, tandis qu’une conférence nationale est prévue en fin août 2025 à Kinshasa.
Par ailleurs, en fin de ce mois, il est annoncé une conférence mensuelle autour du thème : « La gouvernance et la fraude ».
En conclusion de son speech, Norbert Kitenge a exhorté les gestionnaires d’entreprises à prendre en charge les frais d’adhésion et de cotisations annuels de leurs membres, à l’instar de la Banque Centrale du Congo et de la Gécamines.
Une profession à la croisée des chemins
En renforçant l’ancrage des normes, en rendant accessible la formation et en favorisant un dialogue direct avec les décideurs, l’IIA Congo s’impose comme un pilier technique et stratégique de la réforme administrative en RDC.
A travers ce dîner de travail, il amorce un virage déterminant vers une fonction d’audit moderne, agile et connectée aux exigences de l’émergence nationale.
Plus qu’un événement protocolaire, cette soirée marque l’ancrage d’une nouvelle culture : celle d’un audit interne au service de la rigueur, de la transparence et de la performance.
John Ngoyi