(Par Eric Kamba, Coordonnateur du ‘’Congo Action pour la Diplomatie Agissante’’)
CADA (Congo Action pour la Diplomatie Agissante) a suivi avec une attention particulière le discours lu par Président Kabila, le 23 mai 2025, discours dans lequel, l’ancien Président s’est incriminé tout seul en répondant à la levée de ses immunités parlementaires pour haute trahison à la République Démocratique du Congo. CADA note qu’entre les mois de février et avril 2025, l’ancien Président Joseph avait fait trois sorties médiatiques à travers lesquelles il avait déjà fait transpirer ses intentions, donc ses aveux :
- Le 23 février : Il se fait découvrir à travers une tribune dans le journal sud-africain Sunday Times. Sans exprimer la moindre compassion pour de milliers de gens victimes du carnage perpétré le 27 janvier 2025 par les RDF et leurs supplétifs de l’AFC-M23 pour la prise de la ville de Goma, puis celle de Bukavu deux semaines après (le 15 février), ni condamner le gouvernement de Kigali dont le rôle est connu dans cette entreprise funeste, il déclare que le M23 est une aspiration du peuple congolais, ses revendications sont légitimes, ce n’est pas un groupe anarchiste, ni un proxy Rwandais. Par ailleurs, il demandait le retrait des troupes sud-africaines de Goma.
- Le 03 mars : Il se produit à la télévision namibienne BBC où il charge son successeur comme responsable de la crise que traverse la RDC et affirme être disponible pour servir cette dernière. Il préconise, tout en se prévalant de disposer de beaucoup d’énergie pour continuer à servir le Congo, le retrait de toutes les troupes étrangères qui ne feraient qu’aggraver une situation sécuritaire déjà fragile.
- Le 08 avril : Dans une lettre à Jeune Afrique, il annonce son retour en RDC sans délai et par la partie orientale. Il justifie sa décision par la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays, le qualifiant de « hors contrôle ». L’heure est donc venue, soutient-il, de rentrer sans délai, compte tenu de la situation sécuritaire à travers tout le pays, ainsi que de la déliquescence qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale.
- Le 23 Mai 2025, il a eu à faire une adresse suivant la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat Congolais pour des accusations de trahison et des crimes de guerre
- Ce discours diffusé sur plusieurs plateformes numériques était sa quatrième prise de parole depuis son départ de la présidence congolaise en 2019.
- Lors de son adresse, l’ancien président Kabila a aussi parlé de la situation sécuritaire et diplomatique en RDC, la décrivant d’un paysage politique « en ruines ».
- CADA prend acte des intentions de l’ex-président qui veut à tout prix s’afficher comme le rempart de la paix dans la partie est du pays.
- CADA trouve cependant ses critiques du pouvoir en place aberrantes. En effet, l’ancien Président accuse son successeur Félix Tshisekedi d’avoir trahi l’alternance démocratique historique de 2019, qu’il présente comme l’héritage d’un « combat de plusieurs décennies ».
- Mais, l’ex- président oublie que la mission d’observation envoyée par l’Union européenne (UE) en République démocratique du Congo (RDC) pour les élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011, avait présenté, son rapport très accablant contre lui et indiquant « de nombreuses irrégularités et fraudes » qui avaient fait en sorte que « les résultats des élections faisant de lui Président de la République de la RDC ne soient pas crédibles ».
- Lors de son discours, l’ancien président parle de l’aggravation de l’insécurité dans l’est du pays, et accuse le pouvoir de livrer la souveraineté nationale à des « forces étrangères et intérêts occultes »,
Sur ce point, l’ancien président semble oublier ses frères et partenaires aux noms de Bosco Ntaganda , aujourd’hui, condamné à 30 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’ancien district de l’Ituri en 2002 et 2003.
Et d’autre part, Laurent Nkunda dont l’insurrection avait fait des violences généralisées, massacres, des déplacements forcés et le recrutement d’enfants soldats, dévastant le pays. - Laurent Nkunda s’était enfui au Rwanda, où il se trouverait encore aujourd’hui.
- Personne n’a oublié que le CNDP avait changé d’appellation et devenu le mouvement du M23, avec le soutien du Rwanda, et la complicité de Joseph Kabila qui avait permis des accords bidons comme quoi les belligérants d’hier devaient être intégrés à la nouvelle armée nationale congolaise pour mettre fin à la guerre.
Dans un discours qui a duré plus de 45 minutes, l’ancien président n’a pas eu de la compassion pour nos morts. En aucun moment, il n’a mentionné ni condamné l’agression Rwandaise dont la RDC est victime, demandé le retrait des troupes Rwandaises de la RDC, ni condamné le M23 /AFC.
Il a plutôt endossé le narratif de Paul Kagame en accusant le gouvernement Congolais de soutenir les FDLR pour déstabiliser le Rwanda. Il est même allé loin à l’instar de Nangaa, CENCO, Moïse Katumbi et Olivier Kamitatu, alimenter le mensonge sur une prétendue persécution des Congolais qui parleraient Swahili ;
Il résulte selon CADA que :
- L’ancien Président de la République Joseph Kabila a dévoilé solennellement ses intentions, il n’aime pas ce pays qui lui a tout donné. Il préfère s’aligner à la coalition M23/AFC reconnue être à la solde du Rwanda par la communauté internationale qui l’a souligné sans ambages, notamment, dans la résolution 2773 du Conseil de sécurité votée à l’unanimité de ses membres le 21 février 2025, il s’inscrit en faux contre cette évidence faisant savoir que cette coalition, dont les revendications sont légitimes, n’est ni un groupe anarchiste, ni un proxy rwandais ;
- L’ancien Président de la République Joseph Kabila, qui a endossé les revendications du M23 et choisi de se mettre en marge de la communauté, se porte ainsi au secours du Président Paul Kagame qui connaît des revers sur le plan international en voulant « congoliser » le conflit en RDC. Ses sorties médiatiques ne sont pas un hasard, mais relèvent plutôt d’une stratégie visant à couvrir le maître de Kigali, tout en accusant son successeur d’avoir une part de responsabilité dans ce qui arrive au pays, pensant ainsi semer le doute dans l’esprit des Congolais, dont la très grande majorité voue aux gémonies le Président rwandais ;
- L’ancien Président de la République Joseph Kabila s’investit dans la quête de trouver des béquilles diplomatiques au Président rwandais Paul Kagame, alors que celui-ci voit le soutien, dont il avait joui jusque-là de la part de la communauté internationale, se dérober sous ses pieds.
- L’ancien Président de la République Joseph Kabila qui était sorti furtivement du pays en décembre 2023 par le Katanga tout en étant conscient qu’il est indécent pour un ancien Président de la République de sortir de son pays de manière rocambolesque, de s’adonner à des actions subversives contre celui-ci à l’extérieur soit par acte de dissidence implicite, ou voire un choix assumé pour prendre la tête de la rébellion.
- De ce qui précède, CADA note qu’il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’ancien Président de la République Joseph Kabila a franchi la ligne rouge en endossant les revendications de l’AFC-M23 qui porte le sang du peuple congolais sur les mains, voulant faire avaler au monde la pilule amère d’une crise congolo-congolaise et en prenant le contre-pied de la communauté internationale pour relativiser le rôle du Président rwandais Paul Kagame dans la crise sécuritaire qui sévi à l’est de la RDC voici trente et un ans.
- Par conséquent, CADA salue la décision par le Sénat de la déchéance de ses immunités pour haute trahison et demande que les poursuites judiciaires soient menées contre lui
- Le M23 /AFC de Nangaa en collusion avec Joseph Kabila, auteur intellectuel de la guerre au Congo ont fait des milliers des morts et d’innombrables déplacés en RDC. Ces personnes doivent être accusées des crimes les plus graves qui touchent l’humanité : crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crime d’agression. La Cour Pénale Internationale (CPI) doit être saisi pour juger Joseph Kabila et ses disciples.