L’ancien Président congolais Joseph Kabila Kabange a récemment rompu le silence, quelques jours après la levée de ses immunités parlementaires. Dans une adresse à la nation le 23 mai, il a critiqué l’actuel régime et laissé entendre un éventuel retour sur la scène politique. Une déclaration qui a suscité de vives réactions notamment, celle de Stéphane Muadi, président du Mouvement Réformateur Congolais (MRC), qui qualifie cette sortie de « provocatrice » et « dangereuse ».
Une légitimité contestée
Dans une interview accordée au média PanaAfrica.news, Stéphane Muadi remet en question la légitimité de l’intervention de l’ancien Président : « En qualité de qui ou de quoi Kabila s’adresse-t-il à la Nation ? », s’interroge-t-il.
Il affirme que seul le président en exercice est habilité à s’adresser officiellement à la population, et non un ancien chef d’État sous le coup d’éventuelles poursuites judiciaires.
Stéphane Muadi considère cette allocution comme une tentative de manipulation destinée à profiter du climat politique actuel pour se repositionner.
Une tournée controversée à Goma
Actuellement en tournée dans la ville de Goma, Joseph Kabila multiplie les consultations avec les chefs coutumiers et des représentants de la société civile.
Pour Stéphane Muadi, il s’agit d’une opération politicienne masquée : « En qualité de quoi Kabila consulte-t-il les chefs coutumiers ? Ont-ils été contraints ou ont-ils vendu leurs âmes au diable ? »
Il critique également les rencontres de l’ancien Président avec certaines organisations locales, comme l’Association des maires du Kivu, soulignant qu’il n’a plus de mandat populaire ni institutionnel pour initier de telles démarches.
Un bilan accablant de 18 ans de pouvoir
Stéphane Muadi dresse un portrait sombre du régime Kabila, qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans la corruption, les crimes économiques et les violations des droits humains : « 18 ans de pouvoir sans aucun résultat probant. Le pays était gangrené par la prédation, les assassinats politiques, les enlèvements, les détournements… »
Il estime que Kabila devrait répondre de ses actes devant la justice et non chercher à revenir sur le devant de la scène politique.
« Je pèse mes mots : la seule place de Joseph Kabila est en prison. », a-t-il déclaré.
Un appel à un renouveau politique
Le président du MRC appelle à tourner la page non seulement sur Kabila, mais aussi sur le régime actuel, incarné par Félix Tshisekedi.
Il plaide pour l’émergence d’un nouveau leadership, indépendant des pratiques du passé : « Il est grand temps de lancer un vrai leader, un homme qui porte le fardeau de la Nation »
La jeunesse, priorité nationale
Stéphane Muadi insiste sur la situation préoccupante de la jeunesse congolaise, victime du chômage, de la précarité et du manque d’opportunités.
Il met en garde contre l’instrumentalisation politique de cette frange majoritaire de la population : « La jeunesse représente plus de la moitié de la population. Elle est errante, désabusée, sans repères, à cause de dirigeants négligents depuis Kabila jusqu’à aujourd’hui. »
Il en appelle à un sursaut citoyen pour protéger cette jeunesse, qu’il qualifie de « priorité nationale », et pour consolider les bases d’un véritable renouveau démocratique.
Vers une alternative patriotique
Dans un contexte politique marqué par l’incertitude et la défiance, Stéphane Muadi se pose en alternative crédible, prônant une rupture radicale avec les anciens systèmes : « Il ne faut surtout pas croire un traître mot de ce que dit Kabila. Il a échoué pendant 18 ans et n’a aucune légitimité morale. »
Pour lui, seule une mobilisation populaire et vigilante permettra de faire émerger une nouvelle ère politique en RDC, loin des figures usées du passé.
Bosco Médiakis/CP