« Jean-Pierre, tu as eu ta chance, tu l’as gaspillée. Ton temps est révolu. N’entraines pas la République dans ta chute. Ce pays mérite mieux que le règlement des comptes. Moi qui ai été témoin de ton histoire, je dis : stop à la manipulation, stop aux mensonges. Place à la vérité, place à sa jeunesse, place au Congo de demain », a déclaré Olivier Kamitatu, en réaction aux propos tenus par le Vice-Premier Ministre en charge des Transports et Voies de Communication en début de semaine, au cours de l’émission Face-à-Face à la radio Top Congo.
Son passage dans cette émission au cours de laquelle le patron des Transports congolais a fait des révélations gravissimes en accusant Joseph Kabila, Moïse Katumba et certains responsables de la CENCO d’être de mèches dans un prétendu complot pour renverser le pouvoir de Kinshasa a été mal accueilli par l’opinion publique et soulevé des vives réactions sur la toile. Des propos qualifiés « d’incendiaires » ont vite été contredits par certains leaders de l’opposition politique.
Olivier Kamitatu, figure emblématique de la classe politique congolaise, ancien Secrétaire Général du Mouvement de Libération du Congo, « MLC », parti cher à Jean-Pierre Bemba et aujourd’hui, porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, a réfuté toutes les allégations tenues par ce dernier au cours de cette émission.
Kamitatu a commencé par présenter son ancien compagnon de lutte qu’il serait celui qui « n’a jamais renoncé à la logique de la force, à la brutalité, à la tentation des armes, au goût du chaos ». Face à cette ironie de sort, l’ancien Secrétaire Général du MLC entend mettre en lumière le côté « divisionniste » de son ancien président du parti.
« Aujourd’hui encore il s’inscrit dans la rancune, dans la haine, dans la division. Alors, je m’adresse à la conscience collective et je nomme les faits. Je dénonce le mensonge, je dénonce les calomnies. Jean-Pierre Bemba a construit, sans la moindre preuve, une fiction dangereuse dans le seul but de semer la division », a-t-il lâché sans détours.
Est-ce encore un compte à rendre ou un simple volte-face face à la situation actuelle du pays qui veut que tous les congolais soient unis autour d’un pacte pour bouter l’ennemi hors les frontières nationales ?
«Des accusations fortuites, une simple manipulation»
«Il a accusé Moïse Katumbi, homme de paix. Il a accusé Joseph Kabila, ancien Chef de l’Etat et il a osé accusé la CENCO, notre Eglise Catholique, notre conscience morale de la Nation. Il les a accusés de complot, de vouloir éliminer le Président de la République. Ces accusations sont graves. Elles ne relèvent pas de l’erreur mais elles relèvent tout simplement de la manipulation. Car, accuser la CENCO ce n’est pas viser une réalité abstraite, c’est salir Mgr Fulgence Muteba, c’est insulter et mépriser Mgr Nshole, les Curés de nos villages, les enseignants de nos écoles catholiques, les infirmières de nos hôpitaux diocésains, c’est tourner le dos au Cardinal Fridolin Ambongo qui, jadis, a mis son honneur en jeux pour défendre celui-là qu’il accuse aujourd’hui », a condamné le porte-parole de Moïse Katumbi.
« Jean-Pierre Bemba a franchi une ligne rouge »
« Il ne s’agit pas d’un dérapage isolé », a fustigé cet opposant politique tout en décrivant les faits commis par lui à l’époque où il se trouvait encore dans la rébellion en passant par ses représailles face à l’UDPS lors de son passage à la Vice-présidence de la République.
« Son discours s’inscrit dans une logique ancienne : Kisangani 2002, Ituri ravagé, Bangui dévasté. L’UDPS devrait se souvenir qu’en 2005 JP Bemba avait menacé de déployer les chars dans les rues si le peuple refusait la prolongation de la transition. Et, que dire de Kinshasa en 2007, livrée aux flammes parce qu’il ne voulait pas reconnaitre sa défaite électorale », a-t-il ravivé la mémoire des congolaises et congolais qui ont vécu les faits.
Moïse Katumbi : un allergique aux préoccupations du peuple
Alors que certains politiques passent leur temps aux calomnies et médisances, Moïse Katumbi, lui, participe à la construction de l’Etat à travers ses réalisations aéroportuaires, et ce, au secours de la population, a indiqué son porte-parole. Et, il n’est pas un homme recherché par les services de migration car, « son passeport porte le cachet de la DGM ».
« Encore, aujourd’hui, c’est Moïse Katumbi que Jean-Pierre Bemba accuse. D’abord, Moïse Katumbi n’a pas fui Lubumbashi. Il est parti librement avec l’autorisation de l’Aviation civile sous le contrôle de l’Etat, du gouvernement. Son passeport porte le cachet officiel de la DGM. Quant à l’affaire de la piste du village de Mulonde : une fable, une affabulation. Cette piste ne fait que 900 mètres. Elle a d’ailleurs été construite à la demande de la population pour transporter les malades. Et pendant qu’on cherche des cachettes imaginaires d’armes, Moïse Katumbi, lui, a construit des véritables pistes, la piste asphaltée de l’aéroport Augustin Katumba à Pueto, de Kashobwe beaucoup plus longue que celle de Mulonde pour désenclaver et connecter ces régions », a mentionné Olivier Kamitatu qui, à travers ses réponses musclées, remet en cause les allégations du VPM Jean-Pierre Bemba.
Bilan moins satisfaisant de sa gestion
«A la défense, aucun territoire n’a été récupéré, pas un mètre-carré. Mais par contre, les avions achetés par lui-même, à son profit, avec les retro commissions juteuses de son ministère. Des avions qu’il loue à prix d’or au gouvernement. Et à son ministère de Transports, que dire de tous ces marchés de gré à gré érigés en principe de gouvernance, la transparence piétinée, la corruption institutionnalisée ? », un non satisfecit de sa gestion déploré par cet opposant politique.
Jean-Pierre Bemba, a, à la suite de l’émission, indiqué que Joseph Kabila aurait versé une bagatelle somme de 66 millions USD chaque année au Rwanda de Paul Kagame. Une fois de plus, Kamitatu réfute ces allégations qu’il qualifie de « pire fiction, du mensonge » qui n’ont plus lieu d’être dans le chef de l’opinion publique congolaise qui « n’est pas dupe, qui voit claire et n’a plus peur, ne veut plus revivre ce qu’elle a subi dans les années noires. Le Congo veut de bâtisseur, veut la paix et la grandeur ».
Il invite ainsi son ancien compagnon de lutte à « ne pas entrainer la République dans sa chute ».
« Jean-Pierre, tu as eu ta chance, tu l’as gaspillée. Ton temps est révolu. N’entraines pas la République dans ta chute. Ce pays mérite mieux que le règlement des comptes. Moi qui ai été témoin de ton histoire, je dis : stop à la manipulation, stop aux mensonges. Place à la vérité, place à sa jeunesse, place au Congo de demain », a-t-il conclu.
La Pros.