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La RDC applaudit sa propre humiliation : Accord de Washington, reconnaissance implicite des FDLR et pièges diplomatiques de la RDC

Par La Prospérité
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(Par Sempa Sebastião, Journaliste angolais)

Le 27 juin 2025, un accord a été signé à Washington entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous la médiation de Donald Trump. Présenté comme une percée diplomatique en vue de la paix dans l’Est du Congo, ce traité ne fait en réalité que consacrer l’humiliation d’un État qui a abandonné toute souveraineté stratégique. La RDC a signé un texte qui entérine la version rwandaise du conflit, en validant des présences ennemies non confirmées, en ignorant les intérêts de sa population et en posant les bases d’un nouveau cycle d’occupation et de justification militaire étrangère.

L’exemple oublié du Koweït

Le Congo de 2025 semble avoir oublié ce que le Koweït avait compris en 1990. Lorsque l’Irak de Saddam Hussein envahit le Koweït, ce petit État pétrolier choisit de ne pas négocier avec Bagdad. Au contraire, il se tourne directement vers Washington. Les États-Unis répondent par une intervention massive (opération Tempête du désert), écartant totalement l’Irak et installant une présence militaire durable sur le sol koweïtien.

Le Koweït a négocié directement avec la superpuissance. Il a isolé l’agresseur et transformé l’agression en opportunité diplomatique et sécuritaire. Il en est sorti renforcé.

La RDC, elle, a fait tout le contraire.

Au lieu de se tourner vers les États-Unis comme partenaire principal, Kinshasa a accepté la présence de Kigali à la même table. Elle a donné au Rwanda le statut de partenaire de paix, alors que celui-ci est désigné depuis plus de deux décennies comme l’agresseur principal de l’Est congolais.

C’est comme si le Koweït, au lieu de résister, avait convié l’Irak à signer un accord à trois avec les États-Unis, et avait lui-même validé les justifications de l’occupant. C’est exactement ce que vient de faire la RDC. Et cela restera dans l’histoire comme un exemple de capitulation diplomatique volontaire.

Une reconnaissance implicite qui ouvre la voie au pire

Ce qui choque le plus dans cet accord, c’est la reconnaissance implicite des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). En acceptant que ces groupes constituent une menace pour le Rwanda, la RDC reconnaît leur présence, sans fournir de preuve, ni en localiser les positions, ni même en donner une cartographie. Où sont ces FDLR ? Combien sont-ils ? Où est leur base ? Qui les dirige ? Sur quel territoire agissent-ils ? Aucune réponse.

Pourtant, le gouvernement a signé. Il a validé une narrative qui n’est pas la sienne, mais celle du Rwanda, qui depuis longtemps utilise la question des FDLR comme prétexte militaire pour intervenir au Congo, piller ses ressources et installer ses relais politiques.

Ce flou est dangereux. Il crée une brèche diplomatique que Kigali exploitera sans scrupule. Le Rwanda pourra demain justifier une nouvelle invasion, arguant que la RDC elle-même a reconnu la menace FDLR, et que Kinshasa n’a pas su les neutraliser.

Une diplomatie qui joue contre elle-même

Le drame dans tout cela, c’est que la RDC ne semble même pas mesurer la portée de ce qu’elle vient de signer. Aucun audit de sécurité, aucun mécanisme de vérification internationale, aucun veto parlementaire. L’État congolais a signé dans une improvisation totale, exposant toute une nation à un nouvel engrenage de guerre.

C’est une diplomatie suicidaire, sans mémoire, sans vision. Elle trahit les victimes de l’Est, les déplacés des camps, les soldats tombés au front. Elle ne protège rien. Elle ne résiste à rien. Elle légitime même les justifications de ses bourreaux.

Un accord pour la paix ou une manœuvre électorale ?

Tout cela intervient dans un contexte très particulier : la campagne électorale américaine. Donald Trump, en quête de victoires diplomatiques à brandir devant son électorat, s’est offert un « accord africain » sans coût ni résistance. Washington sort gagnant, Kigali sort stratège, et Kinshasa… s’applaudit d’avoir été humiliée.

Au lieu d’imposer un langage de vérité et de dignité, la RDC s’est laissée manipuler. Elle s’est prosternée devant ses oppresseurs. Et elle en sort avec un traité qui ne changera rien pour le peuple, mais qui peut tout changer pour ses ennemis.

Conclusion : Le Congo a besoin d’un État, pas d’un décor

Le drame congolais n’est pas seulement militaire. Il est structurel. Il est mental. Il est dans cette incapacité à construire une diplomatie forte, cohérente, alignée avec les intérêts vitaux du pays. Tant que l’élite congolaise se contentera de signer ce qu’on lui présente, sans contre-propositions, sans étude, sans résistance, la RDC ne sera qu’un terrain de manœuvre pour les autres.

La paix ne s’obtient pas dans les salons de Washington quand elle est dictée par les puissances étrangères. La paix s’impose quand un peuple se lève, rappelle sa dignité, et refuse l’injustice, même lorsqu’elle vient enveloppée d’un drapeau américain.

Aujourd’hui, la RDC s’est trahie. Et demain, ce traité pourra servir de justificatif légal pour toutes les formes d’ingérence sur son territoire.

Il ne faut pas attendre que l’histoire juge. Il faut que le peuple se souvienne.

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