(Par Omer Nsongo die Lema)
Il est anormal de voir ou d’entendre ceux qui critiquaient et continuent de critiquer à longueur de journée les accords signés sous les régimes précédents empêcher aujourd’hui leurs compatriotes d’exercer leur droit à la transparence alors qu’ils le réclamaient des autres. D’ailleurs, c’est à l’avantage de Félix Tshisekedi d’encourager ce débat, pourvu que les règles de bienséance soient respectées…
Au final la potence est réservée au chef de l’Etat seul !
Qu’est-ce qui n’a pas été dit sur la Constitution actuelle et les accords politiques de ces 30 dernières années ? Pour rappel, il y a eu le Dialogue inter congolais entre 2001 et 2003 ; l’Accord de Goma en 2009, les Déclarations de Nairobi en 2013, les Concertations nationales en 2014, le Dialogue de la Cité de l’Union africaine et les Négociations du Centre interdiocésain catholique en 2016, la Consultation présidentielle en 2020 et, tout récemment, les Consultations présidentielles en 2025.
Qu’est-ce qui n’a pas été dit des Accords diplomatiques conclus avec le Rwanda et l’Ouganda en 2002 ainsi que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba en 2014 ?
Qu’est-ce qui n’a pas été dit autour des Accords économiques, entre autres le contrat sino-congolais de 2008 revisité en 2023 et les accords commerciaux et industriels avec le Rwanda en 2021 ?
Tout a été dit et en plus dans tous les sens, et même sur fond de manipulation, d’intoxication, de désinformation impliquant parfois des scientifiques que sont des professeurs d’université. On a d’ailleurs entendu des acteurs politiques majeurs se dédire pour seulement se maintenir en poste.
Au final, la potence est réservée au chef de l’Etat seul ! En 65 ans d’Indépendance, Joseph Kasa-Vubu et Mobutu Sese Seko avant-hier, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila hier, Félix Tshisekedi aujourd’hui en savent quelque chose. Preuve qu’à la fin de son second et dernier mandat en 2028 – n’en déplaise au scientifique Paul Tshimbulu – le chef de l’Etat en fonction verra la même pratique de remise en cause en sa défaveur se répéter. Moralité : il y a lieu de laisser ouvert le débat en cours sur l’Accord de Washington, ce au nom de la transparence.
Mobiliser des têtes pensantes…
A propos justement de ce document, les officiels doivent s’en tenir à sa dénomination originelle. Dans les documents engageant l’Etat, ils n’ont pas à emprunter le langage des médias. Le texte signé à Washington le 27 juin 2025 a pour titre «ACCORD DE PAIX ENTRE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LA REPUBLIQUE DU RWANDA» » et non « Accord de Washington comme évoqué dans un communiqué officiel du Gouvernement.
C’est déjà bon que la Première ministre ait désigné la ministre d’État des Affaires étrangères, le ministre de la Communication et la Cellule de Communication du Cabinet du Président de la République pour communiquer « officiellement sur le processus de médiation en cours à Doha, au Qatar, ainsi qu’au récent Accord conclu aux Etats-Unis d’Amérique», encore qu’au sujet de la Cellule de Communication, l’instruction doit venir plutôt de la de la Présidence de la République et non de la Primature.
Réaction réfléchie d’un compatriote sur X.com : «La Première Ministre a simplement constaté que plusieurs cadres de l’Union sacrée, bien que de bonne foi, s’expriment sur des dossiers dont ils ne maîtrisent ni les enjeux, ni les subtilités diplomatiques. D’où la nécessité de centraliser la parole publique autour des entités officiellement mandatées».
En d’autres mots, la parole est retirée à tous les autres membres du Gouvernement et à toutes les structures qui relèvent de l’Exécutif national.
L’idéal serait cependant de laisser les forces politiques et sociales privées de l’Union sacrée de la nation, Udps en tête, la liberté de débattre de la question avec toute personnalité morale ou physique qui soit de l’Opposition et/ou de la Société civile à condition, pour le camp présidentiel, de mobiliser des têtes pensantes. Celles qui sachent réagir avec un langage scientifique qu’avec un langage plutôt politiste (et finalement polémiste) que politique. Des têtes capables de tenir un débat public dans un média, et non celles qui se réfugient dans des meetings à pensée unique et inique rappelant l’époque « Tata Boh ? Mokonzi Boh ? Ekolo Boh ! »
L’opinion populaire sera prise en compte dans tous les calculs
Déjà, la parole ne peut pas être retirée à la population, alias peuple ! Non seulement parce que la liberté d’expression et le droit à l’information sont garantis par la Constitution à l’article 23 pour la première et à l’article 24 pour le second, mais surtout parce que la population a besoin de «transparence». Concept consacré par l’Udps pendant ses 37 ans d’opposition comme arme combat politique mais visiblement oublié depuis la découverte des ors et des lustres du Pouvoir.
Sa campagne menée jusqu’à ce jour par rapport aux Accords conclus par le passé en est la preuve.
L’avantage avec le débat ouvert est que tous les protagonistes congolais, étrangers et internationaux finiront par admettre que la population congolaise fait désormais sienne l’exigence de transparence. L’expression utilisée autrefois était «appropriation par le souverain primaire».
L’avantage avec le débat ouvert est que pour les partenariats extérieurs à venir, l’opinion de la population congolaise sera prise en compte dans tous les calculs diplomatiques visant la coopération structurelle (tous domaines confondus) et surtout les affaires.
Une telle communication à tout du suicide diplomatique, mais aussi politique
Il est inutile de se croire toujours capable de manipuler l’opinion. Au-delà du débat classique, l’opinion a aujourd’hui accès à Internet. Mieux à l’Informatique. Davantage mieux à l’Intelligence Artificielle.
Ce n’est pas – juste un exemple – parce qu’on peut utiliser cet outil qu’on doit se croire capable de l’emporter par le jeu de la manipulation, de l’intoxication, de la désinformation.
Exemple édifiant : le dernier Rapport des Experts des Nations Unies.
La Communication présente le Rwanda en responsable n°1 de la guerre à l’Est de la RDC sur fond du pillage des ressources minières. Ce qui est vrai sur toute la ligne.
Ce qui ne se dit pas cependant, c’est qu’avec son Budget annuel (autour de 5 milliards de dollars américains pour l’exercice 2025) le Rwanda n’a pas la capacité financière de soutenir un effort de guerre en terre congolaise depuis une trentaine d’années, bien qu’il s’agisse des guerres par intermittence.
Le Rapport parle certes de multinationales comme marché de rachat des minerais extraits du sous-sol congolais*. Il soutient qu’une fois mélangées avec les petites quantités du sous-sol rwandais, les grosses quantités extraites du sous-sol congolais perdent toute traçabilité.
Ainsi, les experts des Nations Unies prennent les Congolais pour une masse imbécile incapable de savoir que ceux qui arment le Rwanda sont justement les mêmes qui rachètent les minerais du pillage !
Ils nous prennent pour une masse stupide au point de nous faire croire que ces multinationales n’ont pas de visage d’un gouvernement !
A ce qu’on sache, une multinationale comme appel est reconnue comme une société de droit américain.
Partant, le gouvernement américain ne peut prétendre tout ignorer des activités illégales et illicites de sa multinationale en RDC ! D’où la plainte à sa charge en décembre 2024 mais vite oubliée parce qu’en plus d’être jugée » insuffisamment caractérisée » par la justice française le 18 février 2025, elle ne peut pas être relancée pour faire gagner à la RDC le retour à la paix via l’Accord de Washington !
Par voie de conséquence, la Communication qu’on nous balance via les médias au sujet du Rapport des Experts des Nations Unies est visiblement orientée de façon à attribuer tous les malheurs du Congo au Rwanda et à ses « pantins ». Une communication à la fois corruptive et corruptrice.
En toute logique, Kinshasa n’a pas à se prêter à ce jeu malsain.
Si les Occidentaux et leurs multinationales veulent en découdre avec le Rwanda et ses supplétifs, c’est leur affaire ! Et s’ils ne veulent pas apparaître aux côtés du Rwanda comme étant leur « parrain » direct ou indirect, c’est aussi leur affaire.
C’est, du reste, la seule explication à donner à ce qui s’apparente à une bravade de la part Paul Kagame lorsqu’il s’en prend à ses «sponsors».
Que Kinshasa en vienne à « parrainer » à son tour une communication aussi suicidaire au plan diplomatique que politique pour le Rwanda, c’est au finish suicidaire aussi pour la RDC à tous les plans. Tant que Washington continue de materner Kigali.
Les morts, les déplacés et les exilés par millions, de même que les victimes des pillages du fait des guerres de l’Est, ce n’est ni au Rwanda, ni en Ouganda, ni au Burundi.
C’est en RDC.
PROCHAINEMENT : «Le mythe Kagame est une création de l’Opposition et de la Société civile autrefois sponsorisées par l’Occident»