(Par Professeur Florent Gabati)
Nombreux sont des congolais qui demeurent dans l’expectative et beaucoup d’appréhensions négatives tournent ainsi autour de ce deal. On voit dans cette fresque sociétale des gens dont les méfiances augmentent dans un pays où l’élite dirigeante vampirise les richesses sans réduire l’extrême pauvreté. Il y a aussi une majorité de congolais de la diaspora qui par pragmatisme ne s’extasie pas devant ce show médiatique et ballets diplomatiques auxquels nous assistons ces derniers jours et estime que les congolais pourraient bien être les dupes de cet accord de paix contre minerais.
Il est donc impératif de se faire une réflexion en amont sur le contexte de la classe politique du pays pour s’en apercevoir si les besoins fondamentaux des citoyens seront les enjeux de cet accord. Préalablement il s’avère important de comprendre aujourd’hui que le projet reposant sur MAGA (Make America Great Again) n’est pas une clownerie, mais une idéologie bien articulée et robuste mettant en exergue la défense des intérêts des américains. La politique économique sous le régime MAGA est instrumentalisée pour créer une ligne de démarcation claire entre vassaux et ennemis. D’où l’approche de la stratégie de la carotte et du bâton. C’est dans cette optique, le document de Stephen Miran (qui préside le Conseil des conseillers économiques du président Trump) soutient parfaitement cette vision impérialiste du monde.
En cherchant à faire payer les pays pour toute couverture et garantie de sécurité, le monde se divise entre des vassaux des Etats-Unis qui paient pour leur sécurité et ceux qui suivent d’autres valeurs et deviennent des ennemis. Mais comment concilier cette approche américaine et notre vision de souveraineté ? Toute réflexion sur la responsabilité qui découle de la force et du statut de puissance mondiale disparaît dans cet univers de la conformité de l’ordre international, du respect de la souveraineté de chaque Etat. Les responsables congolais doivent choisir entre rester vassaux des Usa ou demeurer Doit debout pour échapper au piège. Nous devons renforcer notre résilience, défendre notre souveraineté et nos valeurs démocratiques. Dommage le processus en cours n’est pas une fin en soi. La plus importante tâche reste à faire sur le plan intérieur de la nation congolaise.
Cependant nous devons reconnaître que cette approche américaine d’imposer la paix à l’est du pays est amplement positive. Grâce au principe américain caractérisant la politique de l’hyperpuissance mondiale, le seul pays qui a les moyens de pression et de conviction. Le président Trump est plus pragmatique que ses prédécesseurs. Mais des profondes inquiétudes surgissent davantage quant à cette classe politique au pouvoir. Les congolais ont du mal à faire confiance au président Tshisekedi qui a beaucoup promis. Rien que la douche écossaise ! Le problème c’est sa volatilité et sa politique d’enfumage politique. Dans cet accord paix contre minerais, les patriotes congolais ne doivent pas être pris pour des truffes. Nul n’ignore que dans son discours programme d’urgence lors de son premier mandat, Tshisekedi appelait au changement de mentalité et à l’assainissement du climat d’affaires. Aujourd’hui nous sommes revenus à des pratiques surannées d’opacité des marchés sans appel d’offre ou de détournements de deniers publics au profit des entreprises montées de toutes pièces. Le cas l’ex ministre de la justice monsieur Constant Mutamba reste éloquent en la matière.
Beaucoup de ministres dans ce gouvernement sont des voleurs et restent impunis. Il y a quelques jours, une plainte a été déposée auprès de la justice belge contre 9 membres de la famille de Felix Tshisekedi poursuivis en Belgique pour des actes de pillage des minerais en RDC pendant des milliers de jeunes congolais sont au chômage. Dans l’Ituri des proches du président, affectés pour de hautes fonctions militaires se livrent au trafic des minerais de connivence avec les responsables militaires ougandais et cela demeure une omerta. Dans ces conditions, congolais et congolaises réveillez-vous face au pouvoir des pilleurs, ne permettez pas à une famille et à une élite dirigeante corrompue de faire main basse sur les ressources minières du pays.
Devenir président de la République ne s’improvise pas, c’est évidemment le couronnement d’une politique assumée. Nous n’avons pas la prétention de dresser un portrait typique du chef de l’État. Il faut être préparé, or quand on arrive dans cette fonction par fraude ou manipulation des résultats du scrutin, et quand on n’a pas aussi l’expérience de la vie de l’État, on ne sait pas creuser le sillon. On ne s’improvise pas président de la République, il y a un cursus et ce n’est nullement une chose se faisant au débotté.
Aujourd’hui un président qui navigue à vue, affaibli par la guerre est capable de toute vassalité pourvu que son régime soit sauvé.
In fine nous n’accepterons pas de brader notre souveraineté pour un deal où les congolais deviendront le dindon de la farce. Nous devons camper sur la conception « westphalienne » des relations diplomatiques, économiques fondées sur la souveraineté des Etats et de leurs intérêts. L’important, c’est le bilatéralisme entre nations souveraines fondé sur la réciprocité, bref un « realpolitik » du donnant-donnant. L’accord de paix contre nos minerais doit se fonder sur les principes fondamentaux d’indépendance, d’équidistance. Les dirigeants actuels n’auront aucune excuse en bradant notre souveraineté et troquant nos ressources minières en « fonds de commerce ». Il y a l’appel à la réalité et surtout aux demandes sociales.