Prenant la parole au nom de la famille, Frida Okende, fille de Feu Chérubin Okende, Député Nationale et porte-parole du parti de l’opposition ‘’Ensemble pour la République’’ retrouvé mort, ceinture attachée dans sa jeep stationnée sur l’avenue des Poids-Lourds, dans la commune de la Gombe depuis le 13 juillet 2023, a adressé une lettre ouverte au Président de la République dans laquelle elle exprime sa douleur et son incompréhension face à la conclusion judiciaire. Elle plaide pour une « justice, même tardive », en mémoire de son père. Elle dit s’en remettre aux valeurs de vérité et de justice que le Président incarne, selon elle, afin que ce dossier puisse faire l’objet « d’un regard nouveau, impartial et humain ».
Ci-dessous l’intégralité de la lettre.
A Son Excellence Monsieur Tshisekedi Tshilombo Félix-Antoine
Président de la République
Palais de la Nation
Kinshasa, le 12 juillet 2025
Objet : Appel à la mémoire et à la justice pour Feu OKENDE SENGA Chérubin
Excellence Monsieur le Président de la République,
C’est avec tout le respect que je vous adresse cette lettre, mue par une profonde douleur familiale mais aussi par un attachement sincère aux valeurs de justice, de vérité et de mémoire que vous incarnez au sommet de notre République.
Il y a maintenant deux ans, le 13 juillet 2023, mon père, Feu OKENDE SENGA Chérubin, ancien Ministre des Transports et Député National au moment de son décès, a été tragiquement arraché à la vie à Kinshasa dans des circonstances particulièrement troublantes. Sa mort, bien qu’officiellement qualifiée de suicide, demeure, pour notre famille comme pour des nombreux citoyens, entourée de zones d’ombre et d’incohérences majeures.
Nous avons accueilli cette conclusion avec une profonde consternation. Aucun élément tangible ne permettait de confirmer cette hypothèse avec certitude. Bien au contraire, les faits, les témoignages et le contexte laissaient entrevoir d’autres pistes, qui, à notre grand regret, n’ont pas été suffisamment explorées.
Excellence, si je vous écris aujourd’hui, c’est d’abord en tant que fille d’un homme d’Etat qui a servi la Nation avec dignité. Mais c’est aussi en tant que citoyenne ébranlée par ce sentiment d’abandon, ce silence de l’Etat face à la disparition d’un serviteur de la République. Je suis convaincue que la mémoire des hommes d’engagement mérite d’être protégée, et que la justice, même tardive, demeure un devoir fondamental de l’Etat.
Je sollicite humblement votre haute autorité pour que ce dossier puisse faire l’objet d’un regard nouveau, impartial et humain. Non pour rouvrir des blessures, mais pour qu’une lumière sincère soit enfin faite, et que la dignité de mon père, comme celle de notre justice, soit rétablie.
Je reste persuadée, Excellence, que vous avez à cœur d’agir pour la vérité, dans le respect de notre Constitution et des valeurs qui fondent notre vivre-ensemble.
En espérant que ma voix écho auprès de la vôtre, je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.