Loin du tumulte de la capitale, dans la province du Kwango, une forêt renaît de ses cendres, et avec elle, l’espoir de milliers de familles. Ce projet, baptisé « N’situ ya Pelende » (« La Forêt de Pelende »), est non seulement une initiative écologique, mais aussi, un modèle de développement intégré qui place l’humain au cœur de la restauration de la nature. Le lundi 21 juillet 2025, son importance a été une nouvelle fois soulignée lors d’une rencontre à Kinshasa entre Eve Bazaïba Masudi, Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable, et M. Jan Schockaert, le président et Directeur Général du projet.
Derrière cette entrevue officielle se dessine une réalité de terrain tangible, une symbiose réussie entre la restauration d’un écosystème et l’autonomisation des populations locales.
A l’origine, N’situ ya Pelende est un ambitieux programme de reboisement soutenu techniquement et financièrement par le groupe belge Colruyt. Sur une concession de 25 ans, le projet a déjà transformé le paysage. Sur un objectif final de 10 000 hectares de terres à restaurer, la moitié, soit 5 000 hectares, a déjà été reboisée avec une diversité de plantations. L’ambition à terme est de peupler cette vaste étendue de millions d’arbres, créant un véritable poumon vert.
Cependant, l’ambition de N’situ ya Pelende dépasse largement la seule restauration du couvert forestier. Le projet a compris qu’une forêt ne peut être durable que si les communautés qui vivent à ses côtés y trouvent un intérêt direct et vital. C’est là que réside sa véritable force : l’intégration d’initiatives agricoles et économiques qui transforment la vie quotidienne.
Le projet a mis en place un volet agricole robuste qui porte déjà ses fruits. Pas moins de 450 hectares sont aujourd’hui dédiés à la culture du manioc par les communautés locales elles-mêmes. Pour garantir le succès de cette démarche, 40 agriculteurs ont été formés aux meilleures pratiques, devenant des relais de savoir-faire au sein de leurs villages.
L’initiative ne s’arrête pas là. Quarante ruches ont été installées, introduisant l’apiculture comme une source de revenus complémentaire et un atout pour la pollinisation. Des cultures prometteuses comme l’ananas et le niébé sont également en phase de test, ouvrant la voie à une diversification agricole qui renforcera la sécurité alimentaire et économique de la région.
Pour boucler la boucle et s’assurer que la valeur ajoutée profite localement, une mini-unité de transformation du manioc a été construite. Capable de traiter jusqu’à 12 tonnes de tubercules par semaine, elle offre un débouché direct aux agriculteurs et préfigure déjà une extension à court terme.
Un modèle centré sur l’humain
Comme l’a souligné Jan Schockaert, cette approche est une philosophie. Le projet place la population, et en particulier les peuples autochtones, au centre absolu de sa stratégie. Une équipe de communication est dédiée à l’écoute des besoins locaux, à la sensibilisation sur les enjeux du projet – y compris les mécanismes complexes de la compensation carbone (CO₂) – et à l’accompagnement d’un développement socio-économique qui émane de la base.
Les retombées de ce modèle sont déjà concrètes et mesurables. En seulement cinq ans, plus de 1 000 personnes ont bénéficié d’un emploi régulier grâce à N’situ ya Pelende. Ces revenus ne sont pas de simples statistiques ; ils se traduisent par des enfants qui peuvent aller à l’école, des familles qui accèdent aux soins médicaux, et des charges quotidiennes qui peuvent enfin être assumées avec dignité.
La Pros.