(Par Kayode Adebayo, PDG de Ckrowd et membre du Conseil d’Administration d’Arts Connect Africa (ACA)
Lors de la Journée mondiale des compétences des jeunes 2025, le débat mondial a tourné autour d’une question familière : comment doter les jeunes des outils nécessaires à un avenir à la fois incertain et prometteur ? Mais pour l’Afrique, la question est plus pressante et plus personnelle. Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans et un écosystème numérique en pleine expansion, l’Afrique ne se contente pas de préparer l’avenir ; elle tente de le construire à partir de zéro.
Pourtant, malgré l’énergie de sa jeunesse et son capital culturel, l’Afrique est toujours confrontée à des lacunes en matière d’infrastructures, de pénuries de compétences et à un modèle de développement qui privilégie souvent l’approbation externe à l’harmonisation interne. L’économie créative offre une voie différente. Une voie où l’imagination africaine n’est pas seulement célébrée, mais systématisée : en compétences, emplois et industries. Et c’est précisément là que des organisations comme Arts Connect Africa (ACA) et Ckrowd prennent les devants.
Du talent au commerce : l’économie créative africaine à un tournant
Selon l’UNESCO, les industries culturelles et créatives africaines génèrent déjà plus de 4,2 milliards de dollars par an et emploient plus de 8 millions de personnes. Les projections suggèrent que le secteur pourrait contribuer à plus de 5 % du PIB africain d’ici 2030. Mais cela ne se fera pas uniquement grâce au potentiel. Cela nécessite une collaboration intentionnelle, une formation stratégique et une conception d’écosystème.
Il est essentiel que des organisations comme l’ACA et Ckrowd mettent en œuvre la manière dont elles réinventent la manière dont l’Afrique forme, développe et autonomise ses jeunes créatifs, non seulement en tant qu’artistes, mais aussi en tant qu’architectes des politiques économiques et culturelles.
Les systèmes avant la célébrité : repenser le développement des compétences créatives
Il est grand temps que les parties prenantes, les organisations et les institutions, qui, malgré leurs efforts dans de nombreux pays africains, reflètent une conviction simple mais puissante : les compétences doivent être développées localement, et non importées. Le continent n’a pas besoin d’emprunter des modèles, il doit les construire. L’initiative de formation pré-événement de l’ACA pour le MASA 2026 en est un parfait exemple. De la danse et du théâtre à la musique et au storytelling, les jeunes créateurs acquièrent des compétences en production, en présentation et en gestion de la propriété intellectuelle, non seulement pour se produire, mais pour s’épanouir.
L’ACA n’attend pas l’intervention des institutions ; elle transforme les festivals en salles de classe, les résidences en pôles de compétences et les rassemblements créatifs informels en espaces d’influence politique. Son approche privilégie la formation par les pairs, la mobilité, l’entrepreneuriat et l’expertise locale, garantissant un développement des compétences adapté au contexte et à l’échelle du continent.
Des plateformes porteuses d’avenir : là où l’ACA construit le vivier, Ckrowd propulse la plateforme
Alors que l’ACA nourrit les talents dès le plus jeune âge, des entités privées comme Ckrowd, une entreprise pionnière dans le domaine des technologies musicales, fournissent l’infrastructure numérique qui relie les professionnels africains aux opportunités mondiales. Il est essentiel de créer un écosystème d’externalisation qui connecte les professionnels africains de la musique aux projets, contrats et employeurs internationaux, offrant des emplois à tous les niveaux, du débutant au cadre. Le succès d’entreprises comme Ckrowd repose sur l’impact qu’elles tirent de leur compréhension de la technologie et de la tradition. L’entreprise reconnaît que l’autonomisation créative ne découle pas de la validation occidentale, mais de la collaboration africaine. Son partenariat avec l’ACA est un modèle d’avenir : il allie formation technique, culture commerciale et maîtrise culturelle, créant ainsi un système holistique de monétisation et de circulation.
Ensemble, elles brisent les barrières qui ont longtemps séparé les talents des opportunités et redéfinissent les règles d’engagement de l’économie créative mondiale.
La jeunesse au pouvoir : intégrer la créativité dans la gouvernance et les politiques
Une véritable transformation exige plus que des outils, elle exige l’inclusion. À l’ère du numérique, la jeunesse africaine ne doit pas se contenter de consommer la culture ; elle doit participer à la création de politiques. Cela implique d’intégrer la pensée créative dans les systèmes éducatifs nationaux, de soutenir les stages transfrontaliers et de financer des incubateurs culturels dans les régions mal desservies.
Il s’agit également de donner la priorité à l’accès à la technologie. Selon l’UIT, seulement 38 % des Africains disposent d’un accès fiable à Internet. Sans connectivité, le rêve d’une révolution créative numérique reste inaccessible pour trop de personnes. Nous devons démocratiser l’accès aux logiciels, à la formation numérique et aux plateformes de revenus qui permettent aux jeunes non seulement de survivre, mais aussi de se développer.
Vue d’ensemble : Des compétences à la souveraineté
La Journée mondiale des compétences des jeunes doit être plus que symbolique. On doit être un appel à l’action pour considérer la créativité comme un capital et la jeunesse africaine comme un investisseur, non pas dans la charité, mais dans la souveraineté, l’histoire et l’échelle. Il ne s’agit pas seulement d’emplois. Il s’agit de voyages. Il ne s’agit pas de rattraper le monde.
Il s’agit de tracer un nouveau monde et un nouveau paradigme.
La mission est claire : l’avenir de l’Afrique est culturel. Il est porté par les jeunes. Et il est résolument africain.
Il est donc essentiel que tous les décideurs politiques, dirigeants du secteur privé, donateurs et acteurs de la diaspora s’associent et transforment les rêves en industries. Car lorsque les jeunes créatifs disposent non seulement de microphones, mais aussi de systèmes et d’infrastructures définies, ils ne changent pas seulement leur vie. Ils changent le continent.