(Par Omer Nsongo die Lema)
Qu’a-t-on fait de USD 195 millions perçus des fonds d’indemnisation versés par l’Ouganda et actuellement en consommation sans qu’il y ait des projets d’infrastructures viables et visibles à Kisangani, ni ailleurs ? Et que va-t-on faire des USD 130 millions restants puisque la répartition doit normalement concerner toutes les 11 provinces de la RDC lors de l’agression du 2 août 1998 ?
Le début du conflit le plus mortel depuis la deuxième guerre…
« GENECOST » (Génocide pour des gains économiques) est commémoré depuis 2023 le 2 août en souvenir de l’agression rwandaise via le RCD perpétrée avec le concours de l’Ouganda et du Burundi à cette date en 1998. Sur son site Web, FRIVAO note : « Le 2 Août marque le début de la deuxième Guerre du Congo, aussi mentionnée comme la Guerre mondiale africaine. Ce jour-là en 1998 la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) attaquât la ville de Goma avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda. Ce fut le début du conflit le plus mortel depuis la Deuxième Guerre Mondiale ». La « GUERRE DES SIX JOURS », elle, doit être commémorée aux dates de sa survenance du 5 au 10 juin 2000. Curieusement, on ne le fait pas…
Exigence de transparence
Ces derniers jours, tous les médias congolais sont sollicités par FRIVAO (Fonds Spécial de Réparation et d’Indemnisation des Victimes des Activités armées de l’Ouganda en RDC).
Créé par le décret n°19/20 du 13 décembre 2019, ce fonds un établissement public à caractère social doté de la personnalité juridique.
Appelé, selon l’article 4, à gérer « en toute indépendance, équité et transparence tous les fonds alloués à la République Démocratique du
Congo, à titre de réparation des préjudices dus aux
activités illicites de l’Ouganda sur le territoire congolais », FRIVAO a pour missions de : Percevoir l’intégralité des fonds alloués à l »indemnisation des victimes ; Organiser l’enregistrement de toutes les victimes appelées à obtenir la réparation des, préjudices subis par elles du fait des activités armées de l’Ouganda ; « Collecter toutes les données et informations nécessaires en vue d’assurer la réparation effective de tous les préjudices et permettre à toutes les victimes de rentrer dans leurs droits respectifs; Assurer de manière optimale la communication aux victimes de toutes les procédures et étapes à suivre pour obtenir une réparation effective ; Déterminer et publier les points de perception des fonds par les victimes; Répartir les Fonds aux diverses victimes ou à leurs ayants droit et Veiller à la régularité, à l’efficacité et à la transparence des opérations de réparation des préjudices.
Aux termes de son article 14, « Le Fonds dispose pour son fonctionnement d’un budget propre sous forme de dotation émargeant du
budget de l’Etat. Il peut bénéficier de dons et legs provenant des partenaires extérieurs et, dans ce cas, il en informe le Gouvernement de la
République » et « Les opérations financières du Fonds sont comptabilisées selon les règles de la comptabilité générale ».
A l’article 17, le décret indique : « La mission du Fonds prend fin avec la répartition de l »indemnisation à toutes les victimes enregistrées et déclarées éligibles » tandis que « Sa dissolution est prononcée par Décret du Premier ministre qui fixe également les règles de sa liquidation ».
Quant à l’article 18, il désigne les ministères concernés dans l’exécution du décret : Justice et Garde des Sceaux et Finances.
L’escroquerie commence lorsqu’on confond la guerre du 2 août avec la guerre des six jours
Lorsqu’elle a éclaté en avril 2025, l’affaire Constant Mutamba a révélé que le ministère des Finances n’était pas au courant du financement du projet de construction d’une prison à Kisangani.
La suite des événements va édifier l’opinion sur l’existence des comptes recevant certes des fonds publics mais sans que le Trésor public administré par le ministère des Finances n’en soit au courant.
A ce stade, on peut déjà l’admettre : quelqu’un a décidé d’autorité de violer le décret créant FRIVAO pour éliminer ce portefeuille au seul profit du ministère de la Justice et Garde des Sceaux.
Qui l’a ordonné ? Et pour quels desseins ?
Déjà, l’escroquerie commence lorsqu’on lie le fonds d’indemnisation à la « Guerre des Six Jours » qui, pour rappel, est survenue à Kisangani du 5 au 10 juin 2000 entre, d’une part, l’ armée gouvernementale rwandaise soutenant le groupe armé Rcd » et, d’autre part, l’ armée gouvernementale ougandaise soutenant le groupe armé Mlc.
Or, les fonds d’indemnisation ougandais résultent de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice (CIJ) saisie en février 1999 par la RDC à la suite de la guerre du 2 août 1998, peu après l’annonce, par Laurent-Désiré, de la rupture de la coopération militaire (d’ailleurs informelle) entre Kinshasa et Kigali. La dénomination Rcd (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) avait été entendue quelques jours après le raid mené ce jour-là par le Rwanda sur Kitona à partir de Bukavu. Les Kinois se souviennent de l’interruption de la fourniture du courant électrique à la suite de l’occupation du barrage d’Inga, au Kongo Central. Ils se souviennent de la prise manquée de Kinshasa grâce aux compatriotes du district de Tshangu !
Il sied de révéler que la plainte de la RDC en 1999 visait l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
Ces deux derniers ayant rejeté l’initiative congolaise, seul l’Ouganda s’y était plié moyennant, évidemment, révision à la baisse du montant sollicité. D’où les cinq annuités prévues à raison de 65 millions de dollars américains chacune. Celles de 2022, 2023 et 2024 étant déjà réglées pour le montant de 195 millions, il reste que deux annuités : 2025 et 2026.
Rétablir la vérité des faits
Au stade actuel, les Congolais sont en droit de connaître ce qui a été fait de concret avec les USD 195 millions perçus consommés entièrement dans le cadre de la « Guerre des Six Jours » et ce qui doit être fait pour les USD 130 millions restants, dès lors que les fonds d’indemnisation ougandais dus à la Guerre du 2 août 1998 doivent normalement revenir aux 11 provinces qui constituaient la RDC à l’époque de l’agression rwando-ougando-burundaise.
Si les autres provinces renoncent à leurs parts par solidarité avec leurs compatriotes de l’ex-Orientale, il va bien falloir que cela se fasse dans les règles. Par exemple une déclaration des Assemblées provinciales soutenues par le Sénat.
Faire autrement revient à entériner l’escroquerie historique, politique et financière de la Guerre du 2 août 1998 et de la Guerre des Six Jours à Kisangani du 5 au 10 juin 2000.
C’est accepter de s’enrichir sur le sang et les larmes de toutes les victimes de toutes ces guerres.
Le procès Constant Mutamba doit interpeller la conscience collective pour rétablir la vérité des faits et en payer le prix.
Un pays et un peuple confiés à Dieu ne peuvent pas y trouver leur compte sans que malédiction ne s’en suive…