(Par Prof Félix Wata)
Le 30 août est désormais inscrit en lettres capitales dans l’histoire du Gabon : date du « coup de libération », il symbolise l’ouverture d’une nouvelle ère politique et démocratique. En ce jour de commémoration célébrée à Tchibanga, chef-lieu de la Nyanga, le souvenir des sacrifices se mêle à l’espérance d’un avenir meilleur. C’est dans ce haut lieu de mémoire que l’ambassadeur François Luambo Siongo, doyen du corps diplomatique, a été élevé au rang de compagnon de la Libération, une distinction qui honore à la fois l’homme, son engagement pour la paix et son soutien constant au processus de transition gabonaise.
Au Gabon, la diplomatie n’est pas qu’un exercice de protocole ou de courtoisie. Elle devient parfois une force silencieuse, un levier essentiel pour accompagner des tournants majeurs de l’histoire. À ce titre, le rôle de François Luambo Siongo, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République démocratique du Congo au Gabon, illustre parfaitement la puissance de l’art diplomatique. Doyen du corps diplomatique accrédité au Gabon, il s’est imposé comme une voix respectée, un relais de confiance et un acteur clé du dialogue entre nations dans une période marquée par une transition politique sensible.
Un diplomate de conviction au cœur de la transition
Depuis la prise de pouvoir des militaires regroupés au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) le 30 août 2023, le Gabon vit une phase charnière de son histoire politique. La communauté internationale, attentive à l’évolution du processus, n’a cessé de scruter les actes posés par les nouvelles autorités. Dans ce contexte, François Luambo Siongo s’est distingué par une posture faite de prudence, de soutien et d’encouragement.
Lors de la cérémonie de présentation des vœux en janvier 2024 au président de la Transition en son temps, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, l’ambassadeur a prononcé des paroles fortes : il a réaffirmé la disponibilité du corps diplomatique à accompagner le Gabon vers la fin de sa transition. Ces mots, empreints de gravité et d’engagement, ont marqué les esprits. Ils reflètent à la fois l’expérience de l’homme, sa compréhension des enjeux et son attachement aux valeurs de stabilité et de dialogue.
La voix de la coopération régionale
Diplomate de carrière, François Luambo Siongo n’a cessé de rappeler l’importance du cadre régional dans la résolution des crises politiques. En mettant en avant la coopération entre le Gabon et la RDC, mais aussi au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), il a souligné combien l’intégration sous-régionale restait un gage de stabilité collective.
Ainsi, lorsqu’il a salué la levée des sanctions imposées par la CEEAC au Gabon, il n’a pas seulement exprimé une satisfaction protocolaire : il a envoyé un signal fort de confiance, témoignant d’un travail patient d’écoute, de plaidoyer et de concertation entre acteurs régionaux. Cette capacité à inscrire la relation bilatérale dans une logique communautaire est l’une des marques distinctives de son style diplomatique.
L’homme derrière le diplomate
François Luambo Siongo ne se limite pas à l’exercice technique de la diplomatie. Son action révèle une philosophie profonde : celle d’une diplomatie de proximité, tournée vers les peuples et non uniquement vers les institutions. Souvent consulté par les autorités gabonaises, il a su bâtir une relation de confiance avec le président Oligui Nguema, devenant une référence en matière de sagesse et de conseil.
Cette reconnaissance a trouvé un écho particulier lors de la commémoration du « coup de libération » à Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga, sud-ouest du Gabon. À cette occasion, le Gabon lui a décerné la prestigieuse distinction de Commandeur de la Libération nationale, l’élevant au rang de Compagnon de la Libération. Ce geste symbolique consacre non seulement son rôle durant la transition, mais aussi son attachement à la paix et à la fraternité entre les peuples.
Un artisan de la paix et de l’avenir démocratique
Au-delà des distinctions et des honneurs, c’est dans les résultats concrets que s’évalue le travail d’un diplomate. Le Gabon, sous la transition, a connu une stabilisation progressive, l’organisation réussie d’élections et l’adoption d’une nouvelle constitution. Ces avancées, largement saluées, portent aussi la marque du soutien discret mais constant de partenaires extérieurs tels que François Luambo Siongo.
En se tenant aux côtés des autorités, sans complaisance mais avec bienveillance, il a incarné le rôle de « pont » entre la communauté internationale et le processus national. Dans un contexte africain souvent marqué par la méfiance et la fragmentation, il a montré qu’une diplomatie fondée sur la confiance, la loyauté et le respect mutuel pouvait contribuer à écrire une nouvelle page de l’histoire.
Conclusion : un héritage diplomatique vivant
La figure de François Luambo Siongo dépasse le cadre strict de la diplomatie congolaise. Son apport à la transition gabonaise témoigne de ce que peut être un diplomate africain : un médiateur, un bâtisseur de ponts, un acteur de paix. En plaçant l’intérêt des peuples et la stabilité régionale au cœur de son action, il incarne une diplomatie humanisée, enracinée dans les réalités africaines.
Au moment où le Gabon avance ses pions vers la consolidation de la Vème République avec une élection législative et locale post-transition, le nom de François Luambo Siongo restera associé à cette période comme celui d’un homme qui, par sa sagesse et sa fidélité à l’idéal de paix, a su faire rayonner son pays accréditant la RDC, le pays accréditaire le Gabon et servir son continent, l’Afrique.