Accueil » Face à ce qui était appelé « grève » au ministère de la santé, le dialogue social structuré prôné par la Première Ministre impliquait la rupture avec les négociations avec des « syndicalistes » sans mandat des agents de l’Etat.

Face à ce qui était appelé « grève » au ministère de la santé, le dialogue social structuré prôné par la Première Ministre impliquait la rupture avec les négociations avec des « syndicalistes » sans mandat des agents de l’Etat.

Par La Prospérité
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« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.

Chères lectrices, chers lecteurs,

  1.  «  La vraie compassion, ce n’est pas jeter une pièce à un mendiant, c’est comprendre la nécessité de restructurer l’édifice même qui produit les mendiants » tel est le postulat de Martin Luther King Jr qui illustre l’importance de rompre avec les négociations avec les « syndicalistes » sans mandat pour mettre fin au déséquilibre entre l’ordre politique légal et  légitime et l’ordre social illégal et illégitime.
  2. En date du 07 juillet 2025 les « syndicats » du ministère de la santé ont signé un document relatif « aux modalités pratiques dans le secteur de la santé. Dans un Etat à la fois démocratique et social, ce document suscite deux questions : la première porte sur la  validité de la qualité des signataires de ce document à engager les agents de carrière des services publics de l’Etat de ce ministre et la seconde porte sur la responsabilité des organisateurs de la grève à prendre en charge la perte salariale des agents en grève.
  3. La première question nous renvoie au pluralisme syndical prescrit au 4ème point de l’expose des motifs et de l’article 38 de la constitution congolaise du 18 février 2006, sur base duquel les agents de carrière des services publics de l’Etat devraient élire leurs représentants au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles au même titre que le pluralisme politique prescrit au point 4 de l’exposé des motifs et à l’article 6 de la Constitution congolaise qui a milité en faveur de la mise en place d’un nouvel ordre politique prescrit au 3ème paragraphe de ce même exposé des motifs de la même constitution congolaise sur base duquel le peuple congolais a élu ses représentants politiques au terme des élections politiques pluralistes et générales  en 2006, 20011, 2018 et 2023. 
  4. Le droit syndical découlant du pluralisme syndical fait partie des droits  de défense qu’on situe au point 5 de l’article 61 de la Constitution congolaise ci-haut citée, des droits de défense auxquels il ne peut être dérogé en aucun cas, même lorsque l’état de siège ou l’état d’urgence aura été  proclamé.
  5. Pour les agents de carrière des services publics de l’Etat, le pluralisme syndical implique l’existence des représentants élus librement par les agents comme le précise le point b de l’article 3 de la Convention n°135 de l’Organisation Internationale du  Travail. C’est donc à travers les élections pluralistes que le concept mandat syndical évoqué à l’article 94 de la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l’Etat trouve  tout son sens. Le mandat d’un délégué syndical est de trois ans renouvelable.
  6. Cependant, depuis que le mandat des délégués syndicaux des agents de carrière des services publics de l’Etat élus en octobre 2013 a expiré en octobre 2016, il n’y a pas eu d’élections sociales (syndicales) jusqu’à présent. Du coup, on est devant les représentants politiques légaux et légitimes du peuple qui traitent avec les gens sans mandat légal ni légitimité sociologique des agents de carrière des services publics de l’Etat. C’est donc un affaiblissement d’un régime démocratique. Parce que la représentation des travailleurs dans l’administration publique est un élément clé de la démocratie sociale pour un dialogue sociale de qualité avec les représentants fiables et crédibles. 
  7. Curieusement, les dirigeants syndicaux ont pris goût à exercer la fonction syndicale sans qu’ils en aient reçu préalablement reçu mandat. Au point 20 de ma 24ème Lettre Sociale Congolaise intitulée « Qui a saisi le Conseil d’Etat d’une requête en annulation contre l’arrêté ministériel n°86/CAB.MIN/ETPS/2023 du 23 février 2023  de Convocation des élections (…)  pour la 8ème Edition », j’ai évoqué la lettre n° CAB/MIN/ETAT/ MT EPS/FBM/RO/399/01/2018 du 21 mai 2018 de Lambert Matuku Memas alors Ministre d’Etat, Ministre du Travail, Emploi et Prévoyance Sociale adressée au Premier Ministre Bruno Tshibala. Fustigeant les comportements des caciques syndicaux congolais, opposés  aux élections syndicales, Matuku Memas montre que « (…) face à la situation des travailleurs laminés, le Gouvernement de la République ne peut apparaitre comme celui qui offre une caution à la situation en confortant cette propension encore pour 3 ans de plus ».
  8. Lumumbiste intrépide, Matuku Memas dénonçait la prise en otage des travailleurs congolais par les dirigeants syndicaux qui refusaient l’organisation des élections sociales alors que l’essence syndicale est essentiellement démocratique.
  9. Vu que le Gouvernement était obligé à garantir et à protéger  les droits fondamentaux de l’homme parmi lesquels figurent les droits syndicaux, les élections ont été organisées, en 2018, permettant ainsi aux salariés régis par le Code du travail d’élire librement et en dignité leurs représentants. Elles ont été aussi organisées en 2023, car, le Conseil d’Etat n’avait pas fait droit à la requête des caciques syndicaux demandant l’annulation de l’arrêté de convocation des élections syndicales.
  10.  Au-delà de ce qui serait vu comme violation des dispositions constitutionnelle et légale sur l’exercice du droit syndical dans l’administration publique, il demeure fondé de préciser que l’imposture syndicale des dirigeants syndicaux ne leur permet pas de jouer le nouveau rôle  contemporain des représentants des travailleurs tel qu’énoncé par Denis Harrisson et Normand Laplante (2012). Pour ces auteurs, les représentants des travailleurs doivent prendre les objectifs fixés par  l’entreprise, par l’administration publique, par le ministère et les traduire  de façon à les rendre plus acceptables par les employés salariés, ici les agents de carrière des services publics de l’Etat.
  11.  Pourtant c’est dans ce nouveau rôle qu’il faut situer le dialogue social structuré, franc et constant avec les partenaires sociaux qu’a annoncé la Première Cheffe du Gouvernement à la 51ème réunion du Conseil des ministres du 11 juillet 2025. L’on ne peut parler des partenaires sociaux que si ces derniers ont reçu mandat des agents de carrière des services publics de l’Etat pour les représenter auprès des représentants de l’Etat employeur.
  12.  Curieusement ce sont ces gens sans mandat qui minent l’émergence holistique d’un état droit qui ont encore de l’audience et qui se servent de l’ignorance, de la naïveté et de la croyance des congolais en fatalisme afin d’organiser ce qu’ils ont appelé pompeusement « grève » pour leurs intérêts personnels. La participation des « syndicalistes » à la énième mission  de contrôle suivant l’Ordre de mission collectif n°1250/ CAB/MIN/SPHPS/SEM/ODM/DC/OWE/0282/2025 du 1er septembre 2025  est la dividende de la grève  qui a fait l’objet du document du 07 juillet ci-haut cité.
  13.  Par ailleurs, bien que l’exercice du droit de grève soit garanti par l’article 39 de la constitution congolaise du 18 février 2006, il importe de préciser que la grève ne peut pas être imposée aux agents de l’Etat par les syndicats sans que cela soit une atteinte à la liberté syndicale. Par conséquent, les agents adhèrent librement à participer à la grève. Car, l’une des conséquences de la grève pour les salariés est la perte salariale pour l’employé. Jean Daniel Reynaud (2012) montre que cette perte salariale est due au fait que les jours de grève ne sont pas payés par l’employeur.
  14.  Paradoxalement, en RDC, les agents de l’Etat peuvent faire des mois et des mois de grève, mais ils touchent la totalité de leurs rémunérations de la part de leur employeur qui est l’Etat congolais.
  15.  En sus, en produisant un document relatif aux modalités pratiques de grève et qui a été scrupuleusement respecté dans certains services du ministère de la santé, les initiateurs de la grève sont tombés dans le non-respect du principe selon lequel les organisations des employeurs et des travailleurs doivent s’abstenir de tous actes d’ingérence des unes à l’égard des autres  dans leur formation, leur fonctionnement et leur administration.  L’organisation du travail relève de la compétence exclusive de l’Employeur, ici c’est l’Etat. Comment alors les représentants de l’Etat employeurs tolèrent-ils cette aberration fonctionnelle en laissant les « syndicalistes » entravent le fonctionnement des services de l’Etat ?   
  16.  Lors de la 51ème réunion du conseil des ministres ci-haut citée la cheffe du Gouvernement a dit : « Nous avons fait de la redevabilité de l’action publique une marque de notre Gouvernement ». Par cette assertion, la Cheffe du Gouvernement a-t-elle exprimé sa volonté politique de se distinguer de ses prédécesseurs à l’Hôtel du Gouvernent ? Le passage de cette volonté du logos à la praxis donnerait ainsi raison à Valentin Yves Mudimbe qui a défendu la congolaise en affirmant que « L’échec de ce pays est dû aux hommes irresponsables qui n’ont pas su utilisé l’imagination et la créativité des femmes de ce pays ». 
  17.  Les articles de presse intitulés «  Gouvernement Suminwa, à la lumière de réflexions de Valentin Yves Mudimbe. Imagination et créativité de la congolaise à l’épreuve » et « Judith Suminwa, plus ou moins 1 an pour changer les choses » parus au quotidien l’Avenir respectivement du 11 juin 2024 et du 13 août 2025 ont  mis en exergue des raisons  suffisantes pour lesquelles la première des ministres congolais devrait, dans ses actions, s’inspirer constamment de cette assertion de Mudimbe qui est matérialisée par le Président de la République en la nommant Premier Ministre.
  18.  La nomination d’une Première Ministre, 64 ans après l’accession de la République démocratique du Congo à sa souveraineté tant nationale qu’internationale, est non seulement l’honneur fait à la congolaise, mais aussi et surtout l’expression d’un besoin de la révolution de la responsabilité qui exige à la Première Ministre de prendre le risque calculé de rupture rapide et complète avec les méthodes d’action des hommes qui ont gouverné ce pays pendant des décennies sans le moindre souci de redevabilité.
  19.  Négocier avec les personnes qui s’appellent « syndicalistes », alors que le mandat syndical des uns a expiré depuis octobre 2016 et que les autres n’ont jamais reçu mandat des agents de carrière de services publics de l’Etat pour les représenter, fait partie des méthodes d’actions de ces hommes-là. Le temps est venu avec le système Fatshi tel qu’expliqué par le politologue Julien Paluku pour que le Gouvernement Suminwa 2 permette  aux agents de carrière des services publics de l’Etat d’exprimer leur dignité en élisant librement leurs représentants. C’est aussi la démocratie.
  20.  J’ai fait ma part avec ma coupe pleine.

Fait à Kinshasa, le 04 septembre 2025

Jean Joseph NGANDU NKONGOLO

Documentologue, Spécialiste et Expert en Anthropobibliologie du Travail  et  Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail

E-mail : jsphngandu@gmail.com

Tél : +243 994 994 872

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