A quelques jours de la rentrée parlementaire, l’ambiance est loin d’être sereine à l’Assemblée Nationale. A la base, une motion de défiance initiée par un groupe de Députés à l’encontre de Vital Kamerhe, Honorable Président de la Chambre basse du Parlement, et des autres membres du Bureau. Grief à leur charge : gestion opaque. Selon l’un des Députés à la manœuvre de cette manigance, Crispin Mbindule, la motion contre le Speaker Kamerhe a déjà été signée par plus de 130 Députés Nationaux. « Ce qui dépasse largement le nombre minimum requis pour sa révocation », a-t-il dit dans un entretien avec Jeune Afrique.
Motivations obscures
Entre la sortie médiatique de Mbindule et les échos captés depuis le Palais du peuple, une nette différence. En vrai, a appris un média local, les députés pétitionnaires reprochent à Kamerhe d’avoir manqué à deux engagements : augmenter les émoluments des députés nationaux notamment pour ce qui est des « invisibles » et offrir à chaque élu un véhicule neuf.
« La promesse est une dette », aurait lancé, lors d’une réunion de préparation de la fronde, un des auteurs de la motion, remonté contre VK pour n’avoir pas tenu à ces deux promesses.
Indignation dans le chef des habitués du Palais du peuple. Se confiant à ce même média, ils ont critiqué Mbindule et ses collègues d’exiger des avantages indus au détriment de la population et en ignorant le contexte socio-sécuritaire actuel qui conditionne des dépenses colossales et impose une réduction du train de vie des institutions.
En effet, porté à la tête du perchoir en juin 2024, Vital Kamerhe n’avait à peine commencé à travailler que la situation s’est empirée dans l’Est du pays avec la prise des villes de Goma et Bukavu début 2025, la mort du Gouverneur militaire du Nord-Kivu, etc.
Dans la foulée de ces événements tragiques, ponctués par la mort des milliers des Congolais, le Président de la République a ordonné la réduction du train de vie des institutions, manifestée à travers la diminution des salaires des membres des cabinets politiques, la suspension des missions non essentielles à l’étranger, etc.
Dans un autre sens, cette mesure a permis au Gouvernement de doubler la solde des militaires afin de les motiver à défendre davantage le territoire national face aux agresseurs.
« Comment, dans cet état des choses, Kamerhe pourrait-il aller à l’encontre de la décision du Chef de l’Etat en offrant jeeps et émoluments costauds aux députés nationaux ? », s’est interrogé un habitué des travées du Palais du peuple, non sans déplorer la mascarade orchestrée par ces députés dont la plupart sont réputés « véreux et trouble-fêtes ».
« Si leur démarche est pour la bonne cause, pourquoi corrompre les députés en achetant leur signature au prix fort de 2.000 dollars américains ? », s’est-il encore interrogé.
Le jeu de l’ennemi
Sur le plan politique, renverser Kamerhe, alors que la crise sécuritaire couve dans l’Est du pays, c’est prêter le flanc aux rebelles, estime, de son côté, un analyste politique approché par Opinion-info.
« En plus de Kamerhe, Sama Lukonde est aussi visé par une motion similaire au Sénat. Les deux sont des leaders de l’espace swahiliphone. Kamerhe dans le Kivu et Sama dans le Katanga. Les faire tomber donnera du crédit à la thèse des rebelles selon laquelle le régime Tshisekedi fait la chasse aux swahiliphones », a-t-il avancé.
Dans les faits, Vital Kamerhe, demeuré fidèle au Président Félix Tshisekedi, a fait fi d’une des clauses majeures de l’Accord de Nairobi qui faisait de lui candidat naturel du CACH à la présidentielle de décembre 2023. Il a fait taire ses ambitions présidentielles, considérant que le fils du Sphinx de Limete est l’homme de la situation pour sortir la RDC de cette crise sécuritaire, longue de plus de 3 décennies, racontent certains de ses soutiens.
Guerrier de la diplomatie parlementaire
Aussi, le Speaker de la Chambre basse a été l’un des premiers à dénoncer le Rwanda et très actif dans la diplomatie parlementaire afin d’accompagner la vision du Chef de l’Etat pour résoudre durablement et définitivement l’épineuse équation de l’insécurité dans l’Est du pays.
« Aujourd’hui, ces députés veulent ignorer tous les efforts fournis par Kamerhe et tenter de les séparer du Président de la République en l’évinçant du perchoir. Agir de la sorte, ce sera renforcer les rangs de l’Opposition alors que des enjeux politiques colossaux et cruciaux pointent déjà à l’horizon », a fait remarquer un autre analyste.
Faut-il s’attendre au départ de VK de la tête de l’Assemblée Nationale ? La question taraude les esprits. En attendant la réponse, les esprits les plus lucides remettent en question les chiffres avancés tambour battant par Crispin Mbindule, un ancien protégé de Kamerhe.
Ils attendent des preuves matérielles irréfutables des signatures déjà récoltées avant d’accorder le moindre crédit à ce qu’ils qualifient de « motion alimentaire ».
La Pros.