Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo entend redynamiser le partenariat entre l’Africaine d’Explosifs (AFRIDEX) et la Société Sino-Congolaise d’Explosifs (SICODEX), fruit de la coopération entre Kinshasa et Pékin. Dans cette perspective, après délibérations, le Conseil des Ministres a recommandé à Me Guy Muadiamvita Kabombo, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, de se recueillir auprès du Ministre des Finances pour un examen approfondi du plaidoyer dont il a été porteur, vendredi dernier, lors de la 57ème réunion du Conseil des Ministres.
Depuis 2018, ce projet bénéficie du financement de la firme chinoise Auxin Holding Limited et de l’AFRIDEX. Il prévoit la construction de deux usines de production d’explosifs à usage civil : l’une à Likasi, dans le Haut-Katanga, et l’autre à Kolwezi, dans le Lualaba, pour un investissement évalué à 90 millions USD. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la création de la SICODEX, société mixte constituée grâce à l’appui des gouvernements congolais et chinois.
« Le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et anciens combattants, a soumis au Conseil le dossier portant exonération de la Société Sino-Congolaise d’Explosifs (SICODEX SA). Il a rappelé que ce projet s’inscrit dans un partenariat public-privé initié par l’État congolais, et a souligné l’urgence d’accorder cette exonération. La relance de la SICODEX permettra, entre autres, de remettre en marche les activités de l’AFRIDEX, qui est un service public de l’Etat », rapporte le compte rendu officiel.
A l’issue des échanges, le Conseil a recommandé au Vice-Premier ministre de travailler en étroite concertation avec le ministre des Finances pour la mise en œuvre de cette mesure.
AFRIDEX, un service public stratégique
L’histoire de la production et de la gestion des explosifs en RDC remonte à 1948, avec les Poudrières Réunies de Belgique, devenues par la suite l’Africaine d’Explosifs (AFRIDEX). En vertu de la loi n°11/012 du 11 août 2011 relative à l’organisation et au fonctionnement des FARDC, AFRIDEX est rattachée au ministère de la Défense nationale. L’ordonnance n°16/051 du 3 mai 2016 l’a organisée en service public de l’État, avec des missions précises.
AFRIDEX détient, de manière exclusive, le monopole sur tout le territoire national pour la production d’explosifs, de munitions civiles et militaires, d’armes et produits assimilés. Elle supervise également leur importation, exportation, stockage, transport et utilisation. Cette exclusivité met fin au libéralisme autrefois pratiqué dans ce secteur sensible, afin de garantir la régulation et la traçabilité de produits à haut risque, tout en prévenant leur usage à des fins criminelles ou terroristes.
Dans ce cadre, toute production, importation, détention ou utilisation d’explosifs en RDC requiert une autorisation formelle délivrée par AFRIDEX. L’entreprise peut, par ailleurs, conclure des contrats de partenariat ou de concession pour améliorer ses services, moyennant rémunération perçue auprès des usagers.
Garantir la sécurité nationale
En imposant un contrôle strict de bout en bout, allant de la production à l’utilisation finale, AFRIDEX assure un suivi rigoureux de la qualité, des quantités et des flux des explosifs. Elle demeure ainsi l’unique porte d’entrée officielle pour l’acquisition et l’usage de ces produits stratégiques, contribuant à la fois à la sécurité nationale et à l’approvisionnement régulier du pays en explosifs.
Avec l’appui du Gouvernement, la relance de la SICODEX et la synergie avec AFRIDEX visent à renforcer cette mission de souveraineté nationale.
John Ngoyi