Les États-Unis, la Chine et la Russie ne s’accordent pas sur de nombreux points. Mais ils sont tous d’accord sur un point : ils sont tous favorables à ce que l’Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
Alors, pourquoi cela n’a-t-il pas eu lieu ?
Le Conseil de sécurité de l’ONU compte cinq membres permanents : la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ce groupe forme le P5.
Ce sont les seuls membres de l’ONU disposant d’un droit de veto, ce qui signifie qu’ils ont le droit de bloquer une résolution par un seul vote négatif et donc d’empêcher son adoption.
D’autres pays membres de l’ONU se voient attribuer des sièges non permanents tournants au Conseil de sécurité sans ce droit de veto.
Bien que les pays africains représentent plus d’un quart des États membres de l’ONU, le continent n’est pas représenté au P5.
« Pas de sécurité mondiale sans sécurité africaine »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, estime qu’un changement s’impose depuis longtemps.
« Il ne peut y avoir de sécurité mondiale sans sécurité africaine », affirme-t-il.
« Nous ne pouvons accepter que l’instance mondiale de paix et de sécurité, la plus importante au monde, soit dépourvue d’une voix permanente pour un continent de plus d’un milliard d’habitants – une population jeune et en croissance rapide – qui représente 28 % des membres des Nations Unies », déclare-t-il.
« Nous ne pouvons pas non plus accepter que les points de vue de l’Afrique soient sous-estimés sur les questions de paix et de sécurité, tant sur le continent que dans le monde. »
L’Union africaine a demandé « pas moins de deux sièges permanents » avec droit de veto au Conseil, ainsi que cinq sièges non permanents supplémentaires.
Mais si la plupart des membres de l’ONU s’accordent à dire que l’Afrique mérite une meilleure représentation, Richard Gowan, expert en diplomatie onusienne, affirme qu’ils ne sont pas prêts à partager ce privilège.
« La Russie et la Chine ont exprimé des arguments positifs en faveur d’une plus grande représentation africaine », dit-il. « Mais je ne pense pas qu’elles se soient engagées à accorder un nombre précis de sièges au groupe africain. »
Gowan affirme que la précédente administration Biden aux États-Unis s’était engagée à soutenir l’obtention de deux sièges pour l’Afrique, sans droit de veto. Mais il précise que l’administration Trump a indiqué ne pas se sentir liée par cette promesse.
« L’administration Trump apprécie le Conseil de sécurité tel qu’il est, et elle apprécie de faire partie du petit nombre de pays disposant d’un droit de veto », ajoute-t-il.
« Elle craint également que la réouverture de la Charte des Nations Unies ne donne l’occasion à d’autres pays de s’engager à obtenir leur propre siège, ce qui diluerait encore davantage son influence. »
Quels pays ?
Un autre obstacle majeur à la représentation permanente est de déterminer quels pays africains occuperaient un ou deux sièges au Conseil.
Certains pays ont été mentionnés, notamment l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya, l’Éthiopie, l’Algérie et l’Égypte, mais aucun candidat n’a encore été clairement désigné.
L’Union africaine, composée de 55 États membres, a également été suggérée comme représentante potentielle. Cependant, Richard Gowan souligne qu’elle a parfois du mal à faire preuve d’efficacité diplomatique.
« Lorsqu’il s’agit de prises de décision parallèles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, il existe souvent un décalage sur des questions spécifiques, comme la Somalie par exemple », explique-t-il.
« Les diplomates africains à New York estiment devoir adopter des positions différentes de celles de l’UA, car ils sont conscients que la Chine ou les États-Unis ne soutiendront pas exactement les souhaits de l’UA. »
Alors que les États membres se réunissent à New York pour l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies, la question de la représentation africaine au Conseil de sécurité continuera probablement d’être un sujet de débat.
De BBC Afrique