La session inaugurale de septembre à l’Assemblée provinciale du Kongo Central s’est ouverte ce mardi 30 septembre dans une atmosphère lourde de tensions politiques. Alors que le président de l’Assemblée, Papy Mantezolo, venait à peine de prononcer son discours d’ouverture appelant à « travailler dans l’intérêt supérieur de la population », plusieurs pétitions ont été déposées contre lui et les membres de son bureau, plongeant l’hémicycle dans une véritable crise institutionnelle.
Trois pétitions contre les membres du bureau
Dès les premières minutes, le Député Jelson Sisi Vimbi, s’exprimant au nom d’un collectif de Députés, a annoncé le dépôt de trois pétitions visant respectivement le président, le vice-président et le rapporteur de l’Assemblée provinciale. Selon lui, les membres du bureau en place se seraient écartés de leur mission au profit «d’intérêts privés».
«Nous avons remarqué que plusieurs membres du bureau se contentent de poursuivre des intérêts privés, ce qui dérange notre institution. (…) Nous avons décidé de révoquer tous les membres du bureau afin de repartir de zéro», a-t-il déclaré.
Deux pétitions supplémentaires contre le président et le vice-président
A peine la session ouverte, un autre groupe de 22 Députés provinciaux, constitué en majorité, a déposé deux nouvelles pétitions, cette fois spécifiquement contre Papy Mantezolo et son vice-président. Ces initiatives sont portées par le Député Jérôme Muntu Lezi (UDPS/Tshisekedi, élu de Boma), qui évoque l’article 30 du règlement intérieur de l’Assemblée provinciale pour justifier cette procédure.
Les accusations retenues contre Papy Mantezolo
Les griefs à l’encontre du président et de son bureau sont nombreux et détaillés :
1. Absence de contrôle parlementaire : absence persistante de rapports parlementaires et refus d’exiger du gouvernement provincial des comptes sur la gestion des finances.
2. Blocage des initiatives parlementaires : entrave répétée aux motions et questions orales avec débat, notamment celles de l’honorable Cerlain Gonda sur l’évolution des finances provinciales et d’un autre député sur l’insécurité dans la province.
3. Protection de l’exécutif provincial : complicité supposée avec le gouverneur Grâce Bilolo, accusé d’être « protégé » par le président de l’Assemblée, empêchant tout contrôle sur les membres du gouvernement.
4. Mauvaise gestion et soupçons de détournement :
Acquisition du terrain de Nkala Nkala, destiné au nouveau siège de l’Assemblée, pour un montant d’un million de dollars américains, un prix jugé « irréaliste » par plusieurs élus.
Achat de véhicules pour les députés à 78 000 dollars l’unité, dénoncé comme une surfacturation.
Absence de justification sur plus de 200 millions de FC lors de la Conférence des présidents des Assemblées provinciales.
Violations répétées des règles de passation des marchés publics.
5. Gestion par camaraderie : reproches d’avoir transformé la présidence de l’Assemblée en instrument politique pour servir ses alliés et protéger certains intérêts.
Conformément au règlement intérieur, une plénière devra se réunir dans les 72 heures pour examiner ces différentes pétitions. Étant donné que l’ensemble du bureau est mis en cause, c’est le bureau d’âge – composé du doyen d’âge et des deux plus jeunes députés – qui assurera la convocation et la gestion provisoire de l’Assemblée jusqu’à l’élection d’un nouveau bureau.
Cette rentrée parlementaire, qui devait être consacrée principalement à l’examen du budget provincial, s’ouvre finalement sur une crise politique majeure. Le discours d’apaisement du président Mantezolo, appelant ses collègues à « redoubler d’efforts pour mériter la confiance du peuple », n’a pas suffi à calmer la fronde.
Entre accusations de mauvaise gestion, blocage du contrôle parlementaire et soupçons de collusion politique, l’Assemblée provinciale du Kongo Central s’apprête à vivre des jours décisifs qui pourraient profondément redéfinir son paysage institutionnel et politique.
Bosco Kiaka