(Sénateur Prof Faustin Luanga)
1/5. Introduction
Mes chers compatriotes,
Mesdames et Messieurs ami(e)s du Congo,
Chers jeunes du Congo et d’Afrique,
Celles ou ceux qui ont étudié ou côtoyé l’Université Libre de Bruxelles (ULB) peuvent se rappeler de la devise : « La pensée ne peut se soumettre ni à un dogme ni à une doctrine ni à un argument d’autorité. Parce que se soumettre, c’est cesser d’exister » dixit mon aîné Alexis Tambwe Mwamba, ancien Président du Sénat et ancien de l’ULB, une vraie lumière que je salue en pensant.
Cette phrase, simple en apparence, est une détonation dans le silence des consciences endormies. Elle nous rappelle que penser, c’est vivre. Et que renoncer à penser librement, c’est accepter de mourir intérieurement — lentement, mais sûrement.
En République Démocratique du Congo (RDC), cette maxime prend une résonance particulière. Car trop souvent, notre pensée a été corsetée par la peur, par la propagande, par les dogmes imposés d’en haut. Trop souvent, l’intellect congolais a été sommé de se taire, de répéter, de plier. Et pourtant, c’est dans la liberté de penser que réside la clé de notre renaissance.
2/5. Penser librement dans un pays meurtri
La RDC, notre pays, traverse des épreuves immenses : guerre à l’Est, conflits persistants, corruption enracinée, condamnation de l’ancien Président de la République, démission du Président de l’Assemblée Générale, institutions fragilisées, jeunesse désorientée… Mais ce n’est pas seulement notre territoire qui est blessé — c’est aussi notre capacité à penser par nous-mêmes, à interroger le réel, à refuser l’évidence imposée.
Quand la pensée se soumet à la peur, elle devient complice de l’injustice. Quand elle se soumet à l’autorité sans discernement, elle devient le relais de l’oppression. Et quand elle se soumet à la doctrine sans débat, elle devient le tombeau de la vérité.
3/5. Une exigence pour la jeunesse congolaise
Je m’adresse ici à la jeunesse du Congo, et par ricochet à celle d’Afrique, à cette génération qui n’a pas connu la paix durable, mais qui porte en elle les germes de la transformation. Refusez la soumission intellectuelle. Refusez les slogans creux, les dogmes stériles, les vérités toutes faites. Osez penser par vous-mêmes. Osez interroger, critiquer, proposer.
Car penser librement, ce n’est pas désobéir pour désobéir. C’est chercher la justice, c’est construire le sens, c’est refuser l’illusion. C’est être capable de dire non à l’inacceptable, et oui à l’inattendu.
4/5. Une posture de réforme et de dignité
Dans nos institutions, dans nos universités, dans nos partis politiques, dans nos églises, dans nos différents mouvements associatifs, nous avons besoin d’une pensée qui ne se contente pas de réciter, mais qui ose créer. Une pensée qui ne se soumet pas à l’autorité, mais qui l’interroge. Une pensée qui ne fuit pas le conflit, mais qui le transforme en dialogue.
C’est ainsi que nous pourrons bâtir une République véritable — non pas celle des apparences, mais celle de la substance. Une République où le mérite supplante le clientélisme, où la vérité l’emporte sur la peur, où la jeunesse devient actrice et non spectatrice.
5/5. Penser, c’est résister. Penser, c’est construire.
Mes chers compatriotes et ami(e)s de la RDC. Dans ce Congo blessé mais debout, penser librement est un acte de résistance. Mais c’est aussi un acte de foi. Foi en notre capacité à nous relever. Foi en notre dignité. Foi en notre avenir. Ne vous soumettez pas. Ni aux dogmes, ni aux doctrines, ni à ceux ou celles qui veulent vous faire taire. Car se soumettre, c’est cesser d’exister. Et notre peuple, malgré les blessures, existe encore. Il pense encore. Il espère encore. Alors pensons. Pensons librement. Pensons courageusement. Pensons ensemble. Changeons le paradigme. Et que cette pensée soit le levier de notre réforme, le socle de notre unité, et le souffle de notre résurrection. La RDC vaincra.
Salut chez vous.
Mwalimu, Faustin Luanga
Sénateur de la République.