(Par Zack Mudimbi)
Depuis quelques semaines, le franc congolais (CDF) enregistre une légère appréciation face aux principales devises, notamment le dollar américain (USD). Ce mouvement positif traduit l’efficacité des mesures monétaires prises par la Banque Centrale du Congo (BCC).
Cette embellie résulte d’une combinaison d’actions cohérentes :
- Taux d’intérêt directeur réel positif (~18 points) : attire les investisseurs vers les bons BCC et favorise le franc congolais plutôt que le dollar.
- Réserve obligatoire actualisée par les banques : réduction de la liquidité excédentaire en circulation.
- Intervention ponctuelle de la BCC sur le marché de change (50 millions USD) : lissage des fluctuations du taux de change.
- Échéance fiscale : forte demande de CDF par les opérateurs économiques pour s’acquitter de leurs impôts.
- Coordination des politiques conjoncturelles encore limitée, le déficit budgétaire persistant réduisant son efficacité.
Le contexte international a également joué un rôle favorable, avec la baisse du taux directeur de la FED de 25 points, qui a renforcé la préférence pour le franc congolais.
La dominance budgétaire reste une menace réelle. Le ministre des Finances a confirmé un déficit budgétaire de 1 000,6 milliards CDF, ce qui pourrait rendre à néant les efforts consentis par la Banque Centrale et provoquer une réversibilité des acquis actuels.
Cette information a été confirmée lors de son intervention sur Top Congo, soulignant l’importance d’une coordination stricte entre politique monétaire et discipline budgétaire pour préserver la stabilité macroéconomique.
L’appréciation d’environ 10 % du franc congolais face au dollar américain est un signal fort de la crédibilité retrouvée de la politique monétaire.
Pour préserver et consolider ces acquis, il convient d’agir à court, moyen et long terme :
- Maintenir une gestion prudente de la liquidité.
- Veiller aux sorties frauduleuses de devises via les licences d’importation.
- Suivre rigoureusement les entrées de devises issues du secteur minier.
- Encadrer strictement les opérations de change pour réduire les dérives et renforcer la traçabilité.
- Sur le plan budgétaire : renforcer la discipline dans la gestion des dépenses publiques, améliorer la coordination entre le ministère des Finances et la BCC, et accroître la transparence budgétaire pour réduire le besoin de financement du Trésor.
- Diversification de l’activité économique pour ne pas dépendre uniquement du secteur extractif, ce qui permettra également de diversifier les sources de devises.
- Suivi rigoureux de la structure des prix des opérateurs économiques afin de préserver le pouvoir d’achat et éviter les abus.
- Réorganisation progressive du marché de change, visant à limiter les abus spéculatifs et instaurer un système plus transparent et efficace.
La stabilité du franc congolais est un bien collectif qui se préserve par rigueur, coordination et transparence. La discipline budgétaire, une gestion saine du marché de change et des réformes structurelles à long terme sont indispensables pour éviter toute réversibilité.