Accueil » Yo-yo sur les marchés des changes, RDC : qui a causé l’instabilité monétaire ?

Yo-yo sur les marchés des changes, RDC : qui a causé l’instabilité monétaire ?

Par La Prospérité
0 commentaire

Les consommateurs kinois et congolais ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont déboussolés par l’appréciation excessive et rapide du franc congolais face au dollar américain. A chacun son taux : un yo-yo dans sur les marchés des changes qui porte un coup fatal au pouvoir d’achat.

Certains pointent un doigt accusateur sur les cambistes, autrement dit, cette catégorie de personnes qui brassent la plus importante masse monétaire ici en République Démocratique du Congo. Alors que la Banque Centrale du Congo (BCC) impose le taux des changes à 2.300 FC pour 1 USD, avec un taux directeur de 17,5℅, les cambistes continuent de faire la loi. Tantôt 10$ s’échangent contre 20.000 FC, tantôt 18.000 FC, voire 16.000 FC.

Instabilité monétaire à imputer aux cambistes ?

Des observateurs avertis estiment que c’est la BCC qui causé ce yo-yo dans sur les marchés des changes. Celle-ci a, dès l’arrivée de l’actuel Gouverneur, cherché à créer la rareté du franc congolais.

Aussi, la BCC a-t-elle injecté la somme faramineuse de 50 millions de dollars dans le circuit bancaire et au marché parallèle. Cette institution monétaire ne s’est pas limitée là. Elle a, en outre, ponctionné la somme astronomique de 400 milliards de francs congolais. C’est à-dire que la BCC a donc quasiment vidé tous les billets de francs congolais sur le marché. Une stratégie pour créer la rareté et, ipso facto, une appréciation artificielle de la monnaie nationale ou simple feu de paille.

Malheureusement, plus personne ne contrôle la situation sur terrain. Les conséquences à court, moyen et long terme sont dévastatrices. Le Sénateur Jean-Paul Boketshu Bofili tire cette sonnette d’alarme :

 « Le projet de budget qui a été déposé au Parlement est en franc congolais. Lorsque nous allons l’analyser, durant cette session budgétaire, avec un taux de change qui connaît une fluctuation de plus de 20%, ça nous obligera de regarder toutes les recettes qui viennent des devises et les recalculer en francs congolais. Cela veut dire que l’Etat aura moins de recettes. Ainsi, les salaires et les frais de fonctionnement qui représentent plus de 75% des dépenses de l’Etat ne vont pas bouger. Parce que les salaires des agents sont payés en francs congolais. Ça va mettre l’Etat en difficulté. La baisse du budget qui va suivre par l’ajustement du taux de change sera de 1/3 (un tiers). On pourra baisser le projet de budget 2026 qui a été soumis par le gouvernement d’un tiers (de 20,3 milliards USD à 13,6 milliards USD). Ça sera catastrophique ! »

Dans certaines banques commerciales, les fonctionnaires ne sont pas en mesure de percevoir leurs salaires en francs congolais. On leur proposerait de toucher leur argent en dollars américains mais à un taux dérisoire, loin de 2.850 FC initial. D’où, le blocage et la clameur publique. Et pour ceux et celles qui perçoivent leurs émoluments ou salaires en devises étrangères, notamment les parlementaires, les membres des cabinets, les travailleurs dans les chancelleries et organismes internationaux, c’est une véritable catastrophe.

Le lanceur d’alerte et journaliste d’investigation Israël Mutombo a dit redouter un soulèvement populaire en raison de ces fluctuations monétaires. Sous d’autres cieux, la rue s’est prise en charge dans pareilles circonstances : l’effondrement du pouvoir d’achat de la population. Ce qui n’est pas à souhaiter en ces temps difficiles que traverse le pays. Certes, les prix de certains biens et services ont légèrement baissé. C’est le cas du pain, du sac de ciment, du carburant, du sac de riz et autres. Une baisse insignifiante.

Par contre, les prix de la majorité des biens et services restent inchangés. C’est le cas des factures d’eau et d’électricité, du go-pass de la RVA, des crédits et mégas pour l’accès à l’Internet auprès des opérateurs de téléphonie mobile, des abonnements Canal + et Easy TV, de la grille tarifaire du transport en commun, des vivres frais, des produits laitiers, des produits pharmaceutiques, des frais médicaux, scolaires, académiques, etc. Les consommateurs ont perdu quasiment la moitié de leur pouvoir d’achat.

Par ailleurs, il s’observe le manque de synergie entre la Banque Centrale du Congo, les ministères de l’Economie, des Finances et du Budget. Pourtant, ce sont des têtes bien faites qui pilotent ces différents secteurs, à savoir : André Wameso (BCC), Mukoko Samba (Économie), Doudou Fwamba (Finances) et Adolphe Muzito (Budget). Pourquoi chacun semble vouloir travailler dans son petit coin pour « prétendument plaire au chef » ? Ne peuvent-ils pas s’inspirer de la Troïka stratégique instaurée, autrefois, par le Premier ministre honoraire Matata Ponyo Mapon et dont Modeste Bahati fut le porte-parole ?

Aussi longtemps que le gouvernement de la République ne fera pas de la production son cheval de bataille, toute appréciation du franc congolais ne sera qu’artificielle. Qu’est-ce que la RDC exporte concrètement ? Simplement des minerais à l’état brut sans aucune transformation en interne. Cela ne rapportera au pays que des miettes et non pas la richesse ou l’émergence tant espérée.

Il sied de marteler, enfin, que la valeur de la monnaie est effectivement et impérativement tributaire de la production. Cette notion élémentaire fait partie des abc de l’économie.  Des spécialistes expliquent, en effet, que la valeur d’une monnaie dépend de plusieurs facteurs, dont la production est l’un des piliers. Une économique qui produit des biens et services de valeur, et qui est stable, renforce la confiance dans sa monnaie, lui donnant plus de valeur. Il n’existe pas un autre miracle. D’autres facteurs importants sont la stabilité politique et économique, les taux d’intérêt, l’inflation, et l’offre et la demande sur les marchés des changes.

Pour arrêter cette spirale monétaire, surtout à Kinshasa, le ministère de l’Economie est appelé à vite déployer ses inspecteurs partout et la BCC doit avoir la main mise sur les cambistes ambulants et les bureaux des changes agréés. Autrement, c’est la jungle. Perdant en compétitivité suite à ces fluctuations, la plupart d’industries basées en RDC risquent de fermer ou d’être délocalisées dans les pays voisins, prévient le Sénateur Boketshu. Selon lui, l’appréciation excessive et rapide du franc congolais face au dollar fait perdre aux Congolais la confiance en leur monnaie. Le dollar, quant à lui, conserve sa valeur initiale aux USA et partout ailleurs. Aussi, les parlementaires doivent-ils, en urgence, se pencher sur cette épineuse question. Car, l’heure est grave, et même, très grave. Vivement la stabilité monétaire.

James Mpunga Yende

You may also like

Laissez un commentaire

Quotidien d'Actions pour la Démocratie et le Développement

Editeur - Directeur Général

 +243818135157

 +243999915179

ngoyimarcel@ymail.com

@2022 – All Right Reserved. La Prospérité | Site developpé par wetuKONNECT