La Commission électorale indépendante a publié le 27 octobre les résultats provisoires, donnant le président sortant vainqueur. Jean-Louis Billon obtient la deuxième place de ce scrutin boudé par une partie de l’électorat.
Après une journée de vote qui s’est déroulée dans le calme le 25 octobre, malgré des tensions signalées dans l’ouest du pays notamment, la Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé les résultats provisoires le 27 octobre dans l’après-midi. Le président sortant Alassane Ouattara arrive en tête avec 89,77 % des voix.
Si ces résultats sont confirmés par le Conseil constitutionnel, « ADO », fort d’un parti majoritaire très implanté dans le pays, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), remportera le scrutin haut la main, crédité de la majorité absolue des suffrages. À 83 ans, le chef de l’État rempilera ainsi pour un quatrième mandat à la tête du pays. Le dernier, si l’on en croit la Constitution ivoirienne qui limite à deux le nombre de mandats consécutifs – les compteurs ont été remis à zéro par la nouvelle Constitution de 2016. En 2020, il l’avait emporté avec 94,27 % des voix.
Grand favori du scrutin, Alassane Ouattara était en lice face à une opposition morcelée. Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo inéligibles, quatre candidats étaient partis en ordre dispersé. En deuxième position, avec 3,09 % des suffrages, Jean-Louis Billon.
Simone Ehivet Gbagbo obtient la troisième place avec 2,42 % des suffrages, suivi par Ahoua Don Mello qui cumule 1,97 % des voix. L’ancienne ministre Henriette Lagou, présidente du Groupement des partenaires politiques pour la paix (GP-Paix) arrive dernière avec 1,15 %.
Pas de consigne de vote de Gbagbo et Thiam
Avant même que les résultats provisoires compilés n’aient été proclamés, le candidat du Congrès démocratique (CODE) et député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) en rupture de ban, Jean-Louis Billon, avait déjà « adressé ses félicitations » à Alassane Ouattara.
Le véritable enjeu de cette élection sans réel suspense était le taux de participation. Selon la CEI, il atteint 50,10 %. En 2020, lors de la dernière élection présidentielle, il était de 53,90 %. Comme attendu, la mobilisation a été particulièrement forte dans le nord du pays, traditionnellement acquis au RHDP, puisqu’il s’agit de la région d’origine d’Alassane Ouattara.
De nombreux électeurs ont toutefois boudé les bureaux de vote, ce 25 octobre. Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo n’avaient pas donné de consigne de vote, ni appelé leurs partisans à manifester après deux semaines de campagne sous tension, dont le bilan s’élève à quatre morts et de plus de 700 arrestations. Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a de nouveau dénoncé, dans un communiqué daté du 26 octobre, « un coup d’État civil » et une « opération de confiscation du pouvoir par la force et la violence », avant d’exiger l’organisation de nouvelles élections et l’abandon des poursuites envers les militants interpellés. Le parti de Laurent Gbagbo en a également appelé à la communauté internationale.
Tensions dans l’Ouest
Les observateurs internationaux ont relevé des tensions, en particulier dans l’ouest du pays, traditionnellement acquis à Laurent Gbagbo. Dans son fief, Mama, le vote a d’ailleurs été empêché. Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), institution nationale ivoirienne et principale mission d’observation de ce scrutin avec 2 300 personnes déployées, a relevé des incidents dans la région du Haut-Sassandra, notamment à Daloa, Vavoua et Issia. Mais aussi dans le Gôh à Gagnoa et le Bas-Sassandra, à Grand-Zattry, dans le Guémon et à Facobly, ou encore dans la région de la Mé.
Le PPA-CI évoque 8 morts lors du scrutin, à Grand-Nahio et à Niamayo dans le Haut-Sassandra notamment. Selon l’AFP, une personne est décédée et vingt-deux blessées à Gadouan. Tandis qu’une information, confirmée par l’AFP et selon laquelle un décès est survenu lors de tensions à Gregbeu dans le Haut-Sassandra, circule notamment sur les réseaux sociaux et dans l’opposition, le CNDH, joint par Jeune Afrique, a plutôt évoqué la mort d’un enfant lors d’un accident de la route, sans lien avec les élections. Les autorités n’ont pas encore publié de communiqué officiel.
En 2020, une partie de l’opposition avait appelé au boycott et à la désobéissance civile contre un troisième mandat du président Alassane Ouattara. Durant de violents affrontements, notamment intercommunautaires, au moins 85 personnes avaient perdu la vie, et 485 avaient été blessées. Cette année, l’exécutif avait déployé un dispositif sécuritaire XXL, avec 44 000 membres des forces de défense et de sécurité déployés sur l’ensemble du territoire.
Jeune Afrique