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Les méfaits de la colonisation en Afrique : cas de la République Démocratique du Congo

Par La Prospérité
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(Par Crispin KABASELE TSHIMANGA BABANYA KABUDI, Président National de l’UDS, Coordonnateur National de l’Internationale Antifasciste RD Congo)

Parler des méfaits de la colonisation en Afrique c’est remuer    le couteau dans la plaie encore saignante de plus de cinq siècles du calvaire subi par les peuples africains et causé par la domination étrangère. C’est aussi réveiller les démons qui hantent toujours nos populations et éveiller, par ricochet, leur conscience. Car, il est temps de briser totalement les chaînes du colonialisme et du néocolonialisme, ces hideux socles de l’impérialisme.

Le colonialisme a fait des ravages terribles et occasionné d’énormes dégâts un peu partout dans le monde. Qu’il s’agisse de l’Amérique, de l’Asie, de l’Afrique ou de l‘Océanie. A titre d’information, les Européens qui sont allés s’installer                en Amérique du Nord, ont décimé plus de 20 millions d’autochtones de l’Amérique du Nord. Les Espagnols ont laissé, de leur côté, de mauvais souvenirs en Amérique Latine à cause de leur barbarie. Il en est de même des Japonais en Chine ou en Corée.

L’Afrique a profondément été secouée par la cruauté du colonialisme. Elle l’est encore avec le néocolonialisme, prolongement insidieux du colonialisme dans les Etats africains pseudo-indépendants. Du Nord au Sud. De l’Est à l’Ouest, exception faite de l’Ethiopie et du Liberia.

Avant de s’étendre, un tant soit peu, sur les dégâts de la colonisation, il est de notre devoir de faire remarquer que celle-ci est la traduction en actes du colonialisme, une doctrine qui consiste à assujettir, à dominer et à exploiter des territoires étrangers par un Etat qui détient le contrôle politique, militaire, économique et culturel au détriment des autochtones.

L’Etat colonisateur se charge de l’administration souvent calquée sur le modèle de la métropole et impose son autorité pour mieux exploiter les ressources naturelles et humaines des territoires colonisés.

Au service de l’impérialisme, le colonialisme se caractérise par sa propension à accéder aux matières premières, à rechercher des débouchés pour les industries métropolitaines, à contrôler les voies commerciales stratégiques et à imposer sa puissance militaire. Comme le disait le Français Jules Ferry, «les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures».

A l’évidence, il faut reconnaître que la colonisation a été l’un des crimes les plus odieux, violents et structurels de l’histoire moderne. Sous couvert de la ridicule formule de trois «C» de l’Anglais David Livingstone – C comme Commerce, C comme Civilisation, C comme Christianisation, les puissances coloniales ont institué par la force un système fondé sur la domination, l’exploitation et l’humiliation des peuples africains. Elles ont massivement spolié nos terres et nos richesses privant ainsi nos peuples de leurs ressources naturelles au profit de leurs métropoles.

Les systèmes politiques traditionnels africains ont été complètement anéantis, les identités de nos peuples, notre âme, ont été bafouées sans oublier nos cultures qui ont été systématiquement marginalisées. La colonisation n’a pas seulement pillé l’Afrique, elle a aussi brisé son tissu social, semé la division ethnique, tracé             des frontières artificielles et institué un modèle économique    de dépendance. A cela s’ajoutent les travaux forcés, les déportations des populations, les violences physiques et psychologiques infligées à des millions de femmes, d’hommes et d’enfants, les viols, la castration des hommes. Aujourd’hui encore et encore, les séquelles de cette domination sont visibles dans nos sociétés.

Comme on le voit, les marxistes ont raison d’indiquer que « le colonialisme est le fondement du capitalisme » en ce sens qu’il vit de l’exploitation de l’homme, surtout des masses ouvrières, ne se soucie que de l’augmentation toujours croissante du profit, produit des inégalités et secrète des injustices sociales.

Le colonialisme est « la méthode la plus brutale d’accumulation primitive du capital » à travers l’esclavage, le pillage et la guerre en vue d’alimenter les industries en Europe, en Amérique du Nord et ailleurs. Selon les marxistes, le colonialisme constitue un obstacle au développement des forces productives dans les colonies.

Le néocolonialisme, la continuité du colonialisme

A la suite des révoltes des forces ouvrières et des revendications indépendantistes des populations des territoires colonisés, l’impérialisme a fait semblant de lâcher du lest en octroyant des indépendances nominales aux anciennes colonies. Autrement dit, ce qui fut accordé par la main droite, fut récupéré par la main gauche. Donc, le statu quo.

Les Congolais en savent quelque chose. Car, le Général belge Emile Janssens, Commandant de l’ex-Force Publique, armée coloniale du Congo Belge, écrivit, quelques jours après l’indépendance, cette phrase devenue célèbre : «Avant l’indépendance égal après l’indépendance». Il avait bien annoncé les couleurs, prévenu les Congolais de l’instauration   du néocolonialisme dans lequel nous vivons de nos jours. La chronique instabilité politique congolaise est causée et entretenue par l’impérialisme avec la complicité de ses agents locaux disséminés au sein de la classe politique nationale pourrie jusqu’à la moelle épinière, corrompue, inconsciente, irresponsable et antipatriotique.

Quand le vent de la décolonisation avait commencé à souffler dans notre pays, l’administration coloniale avait organisé sa relève en accordant des bourses d’études à certains compatriotes pour qu’ils soient formatés en vue de continuer de servir la métropole après l’indépendance. Les guerres récurrentes qui sévissent dans notre pays depuis 1960 comme le tribalisme rébarbatif sont aussi l’œuvre de l’impérialisme qui poursuit son objectif principal qu’est le pillage de nos ressources naturelles sans aucune résistance de notre Peuple. L’affaiblissement de l’Etat congolais fait également partie du funeste plan de déstabilisation de notre pays. Au nom de quel principe moral, un sulfureux capitaliste américain comme George Sorros peut-il injecter des millions de dollars américains en République Démocratique du Congo, lui qui n’a jamais été philanthrope ? A vous de deviner !

La balkanisation de la République Démocratique du Congo dénoncée en son temps par notre Héros National Patrice-Emery Lumumba, s’inscrit dans l’odieux schéma impérialiste    de faire main basse sur les richesses congolaises. L’agression rwandaise qui date de plus de trente ans participe aussi de la politique impérialiste de s’offrir à vil prix d’immenses ressources naturelles nationales.

A la lumière de ce qui précède, le néocolonialisme se conçoit comme la mise en place, dans les anciennes colonies dites indépendantes, des mécanismes de dépendance structurelle au niveau économique à l’aide des organisations telles que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, l’Organisation Mondiale du Commerce, le Bureau International du Travail, la Cour Pénale Internationale, et tant d’autres gadgets du genre. Il se maintient également par son infiltration dans les institutions politiques des anciennes colonies en vue de maintenir son influence directe dans tout le processus décisionnel.

Le néocolonialisme ne s’arrête pas là ! Il s’introduit dans le secteur culturel et dans celui de la communication où la désinformation et le lavage de cerveau sont régulièrement entretenus. Des budgets colossaux sont investis dans les secteurs culturels et de communication pour conditionner les anciens colonisés afin qu’ils soient toujours au service de l’impérialisme.

L’éducation n’est pas épargnée. La dépendance est totale. L’enseignement est orienté dans le sens de perpétuer la domination de l’ancienne métropole afin de mieux réussir l’œuvre d’acculturation.

La présence de milliers de fameux experts et conseillers techniques civils et militaires sans oublier les enseignants venus de l’ancienne puissance coloniale contribue à asseoir sa domination.

Les puissances néocoloniales dictent leur loi, exercent même    de fortes pressions sur le plan diplomatique. Elles vont jusqu’à punir, par ailleurs, des régimes non dociles qu’elles renversent par des coups d’Etat ou empêchent l’opposition non accommodante à accéder au pouvoir. Le néocolonialisme est encore présent dans nos pays africains à travers plusieurs mécanismes, visibles et invisibles.

Quelques méfaits bien connus en RD Congo

En République Démocratique du Congo comme partout ailleurs, le colonialisme a été cruel et féroce. Sous la domination léopoldienne, de 1885 à 1908, plus de 10 millions de Congolais ont péri dans les mines, dans les champs de caco, d’hévéa, de coton, sur les chantiers du chemin de fer, entre autres, à cause des traitements dégradants et inhumains. A cette liste macabre s’ajoute l’amputation des bras, des mains, des jambes et autres mutilations pour enrichir le Roi Léopold II des Belges et sa bande.

De 1908 à 1960, la situation de notre Peuple n’a pas été reluisante sous la colonisation. Elle a été, d’ailleurs, mieux décrite par le Premier Ministre Patrice-Emery Lumumba dans son discours historique du jeudi 30 Juin 1960 dans lequel         il rappela « le travail forcé, les insultes, les coups, les exécutions et les salaires de misère ».

Un petit extrait dudit discours en dit long : « Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devrions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des « nègres »… La nature de notre économie extravertie renseigne que tout était orienté vers la métropole. Les voies de communication avaient été tracées en suivant cette logique qui perdure encore après l’indépendance sous la dictée des institutions de Bretton Woods. La configuration du plan colonial du Congo Belge était conçue en fonction des intérêts belges. La politique du logement et de l’habitat suivait également cette logique. Entre les cités résidentielles réservées aux Blancs et celles construites pour les indigènes, la différence était révoltante. Le plus grand scandale enregistré par notre pays est la spoliation, la veille de l’indépendance nominale, de plus de 600 entreprises congolaises régies jadis par le statut des sociétés à charte et la privation d’importants moyens financiers estimés à Quatre Mille Milliards de dollars américains de l’époque au titre d’évasion fiscale, d’évasion du patrimoine, de fuites de capitaux et de ventes illicites diverses.

Un autre scandale de pillage. L’Etat congolais qui disposait  de 55,7% des actions de l’Union Minière du Haut-Katanga, ancêtre de la Gécamines, n’avait jamais perçu même un sous en tant qu’actionnaire majoritaire. La liste est longue. Notre pays avait aussi perdu 13 filiales installées en Belgique parmi lesquelles la Métallurgie de Hoboken-Overpalt, Sept et Demi Milliards de Francs Belges de l’époque au titre des stocks des métaux entreposés en Belgique. Cela avait donné lieu au litige dénommé « Contentieux belgo-congolais » dont personne ne parle plus aujourd’hui. Au nom de la fausse christianisation des indigènes congolais, notre patrimoine culturel et artistique a été aussi pillé et se trouve exposé actuellement dans les musées belges, officiels et privés.

L’heure de la lutte nationale anti-imperialiste

L’impérialisme est un véritable poison. Il nous faut un antidote pour le combattre. Cet antidote c’est l’anti-impérialisme. La lutte anti-impérialiste dans notre pays constitue un important et véritable chantier. Le devoir de mémoire oblige notre peuple à ne pas oublier son passé ni à se taire face à la falsification de son histoire par des négationnistes de tous poils. Car, « ceux qui ignorent leur histoire sont obligés de la recommencer », comme le disait un auteur. Notre action anti-impérialiste consiste à restituer la vérité historique, à redorer la gloire de notre peuple et à libérer totalement notre pays de l’emprise du néocolonialisme, du fascisme et de toutes expressions similaires.

Cette lutte passe par la dénonciation permanente de l’exploitation de nos populations, la sensibilisation de notre peuple et de notre jeunesse face aux méfaits de l’impérialisme. Ce travail de réhabilitation de la mémoire nationale et de notre dignité jadis bafouée concerne tout notre Peuple. La finalité de la lutte anti-impérialiste c’est le recouvrement de la totalité de notre souveraineté. Qu’on se le dise : une souveraineté ne se partage jamais. Car, seule une Nation réellement libre et souveraine détient tous les atouts pour décider de son destin en toute indépendance. Donc, aucune ingérence étrangère n’est nullement tolérée. Mais, qu’on se comprenne ! L’anti-impérialisme ne se conjugue jamais avec la xénophobie. Enfin, le Sage Hampâte Ba nous a enseigné cette leçon : « Un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre d’une manière pire encore ».

Je vous remercie.

Fait à Kinshasa, le 31 octobre 2025.-

Crispin KABASELE TSHIMANGA BABANYA KABUDI

Président National de l’UDS

Coordonnateur National de l’Internationale Antifasciste RD Congo

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