Ce Doha qui, selon Massad Boulos, est un puzzle important pour le Processus de Washington !
Organisée à Paris les 29 au niveau des experts et 30 octobre 2025 au niveau des chefs d’Etat et de Gouvernement, le forum consacré aux Grands-Lacs avec pour participant pour la sous-région le Chef de l’Etat congolais seul s’est achevé sur trois actes importants : promesse d’un milliard et demi de dollars américains en faveur des déplacés de guerre dans l’espace concerné, utilisation de l’aéroport de Goma pour le pont aérien (Emmanuel Macron) et annonce d’un plan d’investissement de 5 milliards $ pour la reconstruction du Kivu (Félix Tshisekedi). Seulement voilà : la faisabilité du pont aérien est versée dans le cadre du Processus de Doha pour lequel le ministre des Affaires Etrangères du Qatar a annoncé la signature, cette semaine qui commence, entre l’AFC/M23 et Kinshasa, d’un accord-cadre de paix comportant 5 (cinq) grands chapitres devant faire l’objet d’une négociation séparée ; un protocole pour chacun. Fait du hasard ou non, Félix Tshisekedi est à Doha dans le cadre du 2ème sommet mondial pour le développement social organisé du 4 au 6 novembre 2025 par le Qatar, sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Il ne pourra pas ne pas aborder avec la médiation qatarie les questions sécuritaires, politiques et humanitaires se posant à l’Est de la RDC.
Pourquoi tant d’agitation autour de l’aéroport de Goma ?
A propos de la réouverture de l’Aéroport de Goma, les réactions ne se sont pas fait attendre aussitôt les rideaux tombés.
D’abord celle du ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe : « Paris ne peut rouvrir l’aéroport, qui reste sous le contrôle de fait de l’AFC/M23 ».
Ensuite, en réplique, celle du ministre congolais de la Communication et Médias Patrick Muyaya : « La réouverture de l’aéroport de Goma se fera uniquement sur autorisation des autorités congolaises et uniquement pour des vols humanitaires qui seront effectués en journée (…) Ce n’est ni l’agitation du père, le Rwanda encore moins celle du fils, le M23 qui remettra en cause l’engagement de ceux qui, aux côtés du Président Tshisekedi, d’Emmanuel Macron et de FE Gnassingbé se sont mobilisés aujourd’hui à Paris pour des millions de femmes et des enfants qui ploient quotidiennement sous le joug des agresseurs et de leurs supplétifs».
Enfin la réaction du coordonnateur de l’AFC-M23 Corneille Naanga : « L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) exprime son étonnement face à l’annonce, faite à Paris lors de la Conférence humanitaire sur les Grands Lacs, de la réouverture de l’aéroport international de Goma. Cette décision est inopportune, déconnectée de la réalité sur le terrain et prise sans aucune consultation préalable avec l’AFC/M23 ».
Pour le ministre français des Affaires étrangères Jean-Michel Barrot : « Cette conférence internationale a été l’occasion d’accélérer les discussions sur ce sujet, qui vont se poursuivre dans le cadre de la médiation qatari, avec une impulsion nouvelle qui aura été donnée ici ».
Ça y est : la jonction Paris-Qatar-Washinhton est imposée, pardon établie !
Pourquoi l’aéroport de Goma suscite-t-il tant d’agitation ?
Réponse raisonnable : en vérité, c’est sa position géographique.
En effet, à l’exception des avions militaires pouvant voler ou atterir sur des distances courtes, les avions civils ne peuvent manœuvrer que sur des distances moyennes ou longues.
Conséquence : leur décollage ou leur atterrissage s’effectue en survolant la ville rwandaise de Rubavu (ex-Giseny) partageant la même frontière avec la ville congolaise de Goma.
Les événements de février 2025 avec la prise de Goma par les éléments du M23 appuyés par l’armée rwandaise ont amplement démontré comment et combien ce qui se passe côté congolais influe forcément côté rwandais et vice-versa.
C’est une réalité géographique connue des Kivutiens, méconnue malheureusement des « Kinois » !
Oui : 150 francs congolais par année, soit 12,5 FC le mois
Aujourd’hui, il ne sert à rien d’en nier l’évidence : l’aide humanitaire dont la population congolaise a besoin, particulièrement au Kivu et en Ituri, est soumise au Processus de Doha parce que rien ne peut se faire à Goma en matière de sécurité sans impliquer la médiation qatarie reconnue, pour rappel, comme « puzzle important pour le Processus de Washington ».
C’est par Doha que la vérité va devoir éclater sur la sincérité des protagonistes.
C’est ici l’occasion pour « BALISES » de rappeler le Rapport publié en 2024 par l’Odep. Il en est ressorti que la prise en charge du Gouvernement central pour chaque déplacé de guerre a été de 150 FC l’an ! Oui : 150 francs congolais par année, soit 12,5 FC le mois.
C’est aussi l’occasion de rappeler qu’en 2018, la communauté humanitaire internationale et le gouvernement congolais avaient sollicité des bailleurs des fonds 1,68 milliard de dollars USD pour secourir 13 millions de compatriotes affectés notamment par la même crise sécuritaire à l’Est.
Lors de cette conférence tenue en avril 2018 à Genève, les promesses s’étaient limitées à USD 528 millions. Cependant, le Fonds humanitaire RDC (FH RDC) – un mécanisme de financement géré par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) – avait juste alloué _ »67,9 millions de dollars en 2018 pour répondre aux besoins prioritaires, ce qui représentait une partie du financement total reçu », souligne un rapport du système des Nations Unies.
Juste pour dire que le milliard et demi promis à Paris n’est pas encore disponible. Les bailleurs des fonds peuvent se rétracter s’ils constatent des blocages côté RDC, entendez Gouvernement et AFC-M23.
Doha demeure un enjeu déterminant
Pour peu qu’on ait un sens réellement humain en faveur des compatriotes dont on se veut le protecteur, on ne peut pas se montrer intransigeant à l’égard de toute main tendue pour voler à son secours, surtout quand soi-même on ne sait pas le faire.
C’est pour dire aux protagonistes congolais de Doha que la Conférence internationale sur l’aide humanitaire tenue à Paris les met devant le fait accompli: ou ils sont dans le schéma de la paix, ou ils n’y sont pas.
Omer Nsongo die Lema